Ce 25 septembre 2015, les derniers Anciens de la 2ème DB de la région lyonnaise se sont réunis au cercle de garnison, au quartier Général Frère. En effet, l'un des leurs, Manuel LOPEZ, ancien du 501ème RCC, a reçu les insignes de Chevalier de la Légion d'Honneur des mains du Général de Corps d'Armée Pierre CHAVANCY, Gouverneur militaire de Lyon, officier général de zone de défense et de sécurité Sud-Est et commandant la zone terre Sud-Est. Ce dernier avait commandé la 13ème DBLE, unité de la France-Libre qui s'était illustrée à Bir-Hakeim: tout un symbole!
© Hélène BOURDEL
Manuel LOPEZ a tenu à préciser que cette Légion d'Honneur, bien au-delà de sa personne, rendait hommage aussi à ses compagnons morts au combat.
© Hélène BOURDEL
Photo souvenir, de gauche à droite:
Assis:
Mr Manuel LOPEZ et son épouse,
Mr Clément DEBONNEL (QG)
Debout:
Mr Jean-Félix DUPONT (CMT 97/84)
Mr Robert LOUIS (XI/64 RADB)
© Hélène BOURDEL
Son fils, Claude, nous présente en quelques mots son parcours:
Manuel LOPEZ naît le 28 janvier 1923, dans la province de Murcie, en Espagne. Il a un an, lorsque sa famille vient s’installer dans la région lyonnaise. Dès lors, même s’il ne sera naturalisé français qu’en 1946, son pays, c’est la France.
En 1940, il est profondément meurtri par le spectacle de la débâcle, puis par la défaite.
En 1942, il a 19 ans, il décide de partir pour Londres via l’Espagne et le Portugal ; il suit la filière qui le conduit d’un consulat britannique à un autre: Barcelone, Valence, Alicante, Séville. Sur une partie du trajet, pour limiter les risques, il marche pendant la nuit et aux heures les plus chaudes du jour, tandis qu’il reste caché le reste de la journée.
Après maintes péripéties, il atteint enfin Lisbonne: il arrive devant l’ambassade britannique un peu avant l’ouverture des portes; il n’a pas fière allure (sa traversée de l’Espagne a mis ses vêtements dans un triste état), la police portugaise le repère et l’appréhende. Après 18 jours de prison, il est discrètement remis aux autorités britanniques, embarqué pour Gibraltar, puis pour le Royaume-Uni.
Le 4 septembre 1942, au numéro 4 de Carlton Gardens à Londres, il signe son engagement dans la France libre. Il rejoint l’escadron mixte que le capitaine Branet vient de constituer. A Camberley où elle est cantonnée, la nouvelle unité reçoit plusieurs fois la visite du général de Gaulle.
En mars 1943, l’escadron est envoyé en Afrique: 50 jours de mer, avec 3 escales à Freetown, Le Cap (la seule avec descente à terre) et Aden. Et pour Manuel LOPEZ, 50 jours de mal de mer!
Début mai, arrivée à Suez; à la mi-juin 1943, l’escadron rejoint la «colonne Leclerc» en Tripolitaine; devenu la 3ème compagnie du 501ème régiment de chars de combat, il quitte ensuite la Libye pour le Maroc où se constitue la 2ème DB. Fin mai 1944, la 2ème DB arrive en Angleterre.
Le 2 août 1944, Manuel LOPEZ, conducteur du char
YSER, débarque avec sa compagnie sur la plage d’Utah Beach, à Saint-Martin-de-Varreville: enfin la France!
Une semaine plus tard, alors que la nuit est tombée, la 3ème compagnie essuie une attaque aérienne allemande: un mort et plus d’une vingtaine de blessés, Manuel LOPEZ est grièvement blessé aux pieds, il est évacué vers un hôpital de campagne, puis vers l’hôpital américain de Cherbourg.
Sans attendre d’être complètement remis de ses blessures, il quitte l’hôpital pour rejoindre son unité: il arrive à Paris au lendemain de la libération, le 26 août.
Il est aux commandes du char
LA MARNE II, lorsque la compagnie, début septembre, fait mouvement vers les Vosges. Vittel est libérée, la Moselle franchie, la tête de pont de Châtel subit alors l’attaque d’une brigade de chars Panther, l’engagement est violent et meurtrier, mais les «Leclerc» tiennent bon.
Après les combats de Châtel, ses blessures se sont rouvertes, Manuel LOPEZ est évacué vers la région parisienne. Une fois soigné, il demande à rejoindre sa compagnie. A Maisons-Laffitte, le commandant du bataillon de renfort lui dit qu’il en a assez fait et que la 2ème DB peut compter désormais sur de nombreuses recrues.
Durant les derniers mois de la guerre, il effectuera des missions de ravitaillement et emmènera un groupe d’officiers en reconnaissance en Allemagne du sud et au Tyrol.
Le 30 juin 1945, il est démobilisé et retourne à la vie civile.