Borne du serment de Koufra: CHEVREUSE (78)

Madame le Ministre,
Monsieur le Conseiller Général,
Mesdames et Messieurs les Maires,
Mesdames et Messieurs les Adjoints,
Mesdames et Messieurs les élus,
Messieurs les Généraux de l’Armée de Terre et de l’Air,
Messieurs les Officiers supérieurs,
Messieurs les représentants des Sapeurs-Pompiers et de la Gendarmerie de Chevreuse,
Messieurs les porte-drapeaux,
Messieurs les Présidents d’Associations d’Anciens Combattants de Saint Rémy les Chevreuse et de Chevreuse,
Mesdames et Messieurs les Présidents d’Associations,
Monsieur le Principal du Collège,
Mesdames les Directrices et professeurs des écoles,
Monsieur le Curé,
Mesdames et Messieurs, Chers Amis,
Chers enfants des écoles de Chevreuse,


Aujourd’hui l’émotion devant notre monument aux morts reste intacte, votre présence le prouve.

Commémorer l’anniversaire de la victoire des forces alliées contre le nazisme et la barbarie nous rassemble «pour ne pas oublier».
Comment oublier cet épisode horrible de notre histoire? Comment oublier ces hommes et ces femmes qui ont fait le sacrifice de leur vie pour notre liberté?
Rappelons-nous. Au printemps 1940 le lourd tribut payé par la France défaite militairement par les armées du 3ème Reich.
Quatre ans d’occupation, plus d’un million et demi de prisonniers, de privations de toutes natures, d’oppression politique et de persécutions de toutes sortes.

Pourtant dès le 18 juin 1940, un homme a voulu redonner à la France son honneur. Le Général de Gaulle traçait les conditions de la victoire qu’il estimait certaine.
S’est alors dressé le peuple de France. Au courage des étudiants parisiens le 11 novembre 1940, répondait l’engagement des français libres, la mondialisation du conflit depuis les terres africaines, à Koufra en Libye, en Russie avec le groupe de Chasse Normandie-Niemen, du Pacifique à l’Afrique du Nord, sur terre comme en mer et dans les airs, les combattants de la Liberté furent sans cesse plus nombreux.


«Ne pas subir» était le mot d’ordre de la 1ère armée française. Et que dire de ces hommes et de ces femmes qui, dans l’ombre, ont intégré la Résistance organisée et fédérée par l’ancien préfet Jean Moulin? C’est à cette France que nous rendons aujourd’hui hommage, à tous ces passeurs de frontières, les sauveteurs des Juifs, les Justes, les combattants du Vercors, des Glières. Notre pays n’a pas perdu son honneur.

Ce sont ces français, gens ordinaires qui ont fait des choses extraordinaires, résistants sur le territoire national, qui ont permis d’être présents lors de la reddition allemande à Reims. Ce sont ceux-là même qui aujourd’hui donnent tout son sens à la commémoration de ce 8 mai 1945, jour de la capitulation définitive de l’Allemagne nazie au terme de près de 5 années de conflit.
C’est aussi la fin du cauchemar, du génocide, de la défaite du racisme, du totalitarisme le plus immonde, de la haine aveugle et barbare.
Après cette victoire, après la chute de Berlin, nous pensions avoir relégué à tout jamais ces tristes moments de notre histoire et pourtant aujourd’hui combien de conflits viennent encore assombrir une paix bien fragile.
Plus que jamais il nous appartient d’éclairer les générations nouvelles et qu’enfin l’on bannisse définitivement la haine, le fanatisme, l’obscurantisme et l’extrémisme, causes de tant de souffrances.

Redisons, martelons aux générations futures, que la paix, la démocratie, les valeurs républicaines, le respect de l’autre, la tolérance sont des combats quotidiens et qu’à aucun moment nous ne devons baisser notre garde, ni relâcher notre vigilance.
N’oublions jamais les paroles du prix Nobel de la Paix Elie Wiesel:
«Que ceux qui ne connaissent pas leur histoire s’exposent à ce qu’elle recommence».

Alors formulons le vœu que les nouvelles générations ne vivent jamais les horreurs de la guerre mais surtout, surtout, souvenons-nous de ce que signifie le 8 mai 1945, souvenons-nous et n’oublions jamais les valeurs essentielles de la République:
Liberté – Egalité – Fraternité.
Y renoncer pourrait à nouveau nous conduire au pire.
Aujourd’hui est un jour qui symbolise le souvenir, les valeurs de respect et de dignité.

Vive la République! Vive la France!

Madame le Ministre, Députée des Yvelines,
Monsieur le Maire de Chevreuse,
Mesdames et Messieurs les Maires des Communes voisines,
Monsieur le Conseiller départemental,
Mesdames et Messieurs les Conseillers départementaux,
Mesdames et Messieurs les élus,
Messieurs les Anciens Combattants et porte drapeaux,
Messieurs les Généraux et Officiers supérieurs,
Chers enfants des écoles de Chevreuse et chers professeurs,
Chers amis,

8 mai 1945, 8 mai 2015: 70 ans. C'est à la fois peu comparé à l'histoire des hommes ou à celle de notre pays, mais c'est beaucoup pour les quelques jeunes qui nous observent et pour certains qui nous écoutent aujourd'hui.

Pour le Général LECLERC et ses hommes, l'extraordinaire épopée qui les conduira jusqu'au repère d'Hitler à Berchtesgaden en mai 1945 prend racine 5 années plus tôt en Afrique Équatoriale avec le ralliement du Congo à la France. C'est dans le désert lybien au printemps 1941 que sera prononcé ce serment de Koufra prémonitoire et ancré dans la mémoire collective sinon dans la légende:
«Jurez de ne déposer les armes
que lorsque nos couleurs, nos belles couleurs,
flotteront sur la cathédrale de Strasbourg».

Prophétie, inconscience, rêve ou folie? La suite nous le dira, et nous conduira ici même à Chevreuse 3 ans plus tard sur le chemin de la victoire.

En effet, le 1er août 1944, la 2ème Division Blindée, plus connue sous le vocable de 2ème DB, débarque enfin sur le sol de France, précisément à St Marin de Varreville, en Normandie, sur la plage d'Utah-Beach. Ceci marque le début d'une fantastique chevauchée métropolitaine qui verra Alençon libérée dès le 12 août, première ville de France libérée par des français. Mais le Général LECLERC, englué dans la bataille de Normandie, trépigne. Il s'impatient. Il harcèle ses chefs, car il sait qu'une autre destinée, celle-là nationale, l'appelle: libérer Paris pour donner une capitale au chef de la France Libre. Il obtient enfin gain de cause avec l'appui déterminant du Général de Gaulle le 22 août. Sans plus attendre, il se rue sur Paris dont le peuple s'est déjà soulevé depuis plusieurs jours. C'est sur le chemin de cet assaut que Chevreuse est libérée, comme tant d'autres Communes de la petite ou de la grande couronne et des Yvelines.

Mais, pour la 2ème DB, la route et l'aventure continuent. Successivement les départements de l'Aube, de la Côte d'Or, de la Haute-Marne, des Vosges et de la Meurthe & Moselle sont libérés avant que le serment de Koufra soit tenu et que les trois couleurs flottent au sommet de la fléche de la cathédrale de Strabourg le 23 novembre 1944. Puis, jusqu'au 8 mai et à la victoire finale, la 2ème DB participera à la bataille d'Alsace dans le rigoureux hiver 1944-1945, à la libération de la poche de Royan en avril 1945, avant de conquérir le repère de Hitler au Berghof dominant Berchtesgaden. Magnifique symbole et belle revanche sur la débacle de 1940!

Monsieur le Maire, il est particulièrement émouvant de se retrouver en ces lieux 70 ans plus tard et de constater la fidélité de votre Commune à ceux qui ont combattu ou sacrifié leur vie pour une juste et noble cause: la liberté et la grandeur retrouvée de la France. Je ne peux donc que vous féliciter d'inaugurer aujourd'hui une borne de la Voie de la 2ème DB, cette voie qui emprunte rigoureusement le chemin suivi par la 2ème DB depuis la Normandie jusqu'à l'Alsace en passant par Chevreuse. Votre Commune appartient désormais à la grande famille des gars de LECLERC, elle en constitue le soixantième maillon.

Je laisserai la conclusion au Général de Gaulle qui, évocant les 5 années de guerre, honorait ainsi les Morts pour la France, je le cite:
«Soldats tombés dans les déserts, les montagnes ou les plaines,
marins noyés que bercent pour toujours les vagues de l'océan,
aviateurs précipités du ciel pour être brisés sur la terre,
combattants de la Résistance tués au maquis ou au poteau d'exécution,
vous avez pris la tête de l'immense et magnifique cohorte des filles et fils de France
qui ont, dans les épreuves, attesté sa grandeur.
Votre pensée fut naguère la douceur de nos deuils,
votre exemple est aujourd'hui la raison de notre fierté,
votre gloire sera pour toujours la compagne de notre espérance».

Vive la 2ème DB!
Vive Chevreuse!
Vive la France!

En ce jour de commémoration de la Victoire du 8 mai 1945, Chevreuse se devait de se souvenir que le 24 août 1944 à 11h00, notre village fut libéré par la 2ème Division Blindée, commandée par le Général Philippe Leclerc de Hauteclocque.

C’est pourquoi aujourd’hui, nous allons procéder à l’inauguration de la borne de Koufra qui symbolise le parcours de cette unité, la 2ème DB, commandée par le Général Philippe Leclerc de Hauteclocque. Débarquée sur la plage d’UTAH-BEACH en août 1944, elle a tracé une voie de la victoire au fur et à mesure de ses combats, de la Normandie à Strasbourg en Alsace.

Cette borne est là pour rappeler à notre mémoire le trajet de la liberté. Ce fut pour Chevreuse et la France la longue route de la libération et de l’espoir.

Le 21 décembre 1940, la colonne Leclerc composée de 400 hommes et 56 automobiles, lance une action vers la Libye. Il est décidé de s’emparer de l’oasis de Koufra au milieu du désert. C’est un fort modeste tenu par une garnison italienne mais le poste le plus avancé au sud de l’alliance germano-italienne.
Le 16 février 1941, les français arrivent aux abords de Koufra.
Harcelé par 10 jours de combat et après avoir mis en déroute les Italiens, Leclerc parlemente avec l’ennemi et leur promet un traitement honorable en cas de reddition en imposant ses conditions.
A l’issue de la bataille, le 2 mars 1941, le Colonel Philippe Leclerc prête avec ses hommes le serment de Koufra. Trois cents hommes au garde à vous dans cet oasis cernée de palmiers, écoutent leur chef :
«Jurez de ne déposer les armes
que lorsque nos couleurs, nos belles couleurs,
flotteront sur la cathédrale de Strasbourg».

Le Général de Gaulle ne s’y trompe pas.
Il télégraphie à Leclerc un message de félicitations, avec ces mots inhabituels :
«Les glorieuses troupes du Tchad et leur chef sont sur la route de la victoire. Je vous embrasse».
Je vous embrasse, déroutant de la part de De Gaulle.
Plus tard, Leclerc à la tête de la 2ème DB, entrera le premier à Paris puis dans Strasbourg.
Le serment est tenu en libérant Strasbourg et en faisant flotter le drapeau français en haut de la flèche de la cathédrale.

Cette bataille de Koufra eut un impact symbolique pour les forces françaises en lutte contre l’occupant. En effet ce fut le premier succès militaire des français libres.

Aujourd’hui en inaugurant la borne illustrant la libération de notre commune et le chemin accompli par Leclerc et ses hommes pour que la France retrouve son honneur, ce geste nous rappelle tout ce que nous leur devons: la Liberté et la Paix.