Bonjour,
Merci pour l'annonce de cette triste nouvelle.
Il y a quelques années, Jean Biancamaria avait fait le récit des circonstances de sa blessure :
"15 avril 1945 : le ciel bleu clair est bien dégagé, le soleil brille et il fait même chaud, bref un vrai printemps de "vacances". Après midi, la 1e section de la 13/1 est engagée avec des blindés français flanqués d'une compagnie d'infanterie du 4e Zouaves dans le secteur de Pouillau et Pousseau. Il s'agit de neutraliser les blockhaus qui protègent Royan où les Allemands résistent.
Sous les tirs d'artillerie, de Panzerfaust et de mortiers, nos Tanks-Destroyers sont immobilisés devant les champs de mines denses qui protègent les fortifications ennemies. Devant les blindés, le lieutenant Legrand, le sous-lieutenant Blaize, le sergent Thoumazeau et le sapeur Grison déminent à la baïonnette, jardinage inconfortable !
Une rafale de mitrailleuse fauche le sous-lieutenant Blaize et Grison.
A l'abri derrière une maison, les sapeurs-mineurs de la 1e escouade que je commande attendent, en réserve, assis dans notre half-track : Dufour le parisien, Delaunay, André Michel et Armand Letard les normands, Volkoff et d'autres. Il faut deux volontaires nous dit-on ! Avant que j'ouvre la bouche, Michel me dit en bondissant "On y va !" son regard bleu droit dans mes yeux.
Très vite à découvert sur un terrain désespérément plat, nous crapahutons, la tête sertie profond entre les épaules, le long d'une route étroite. Autour de nous, les mortiers pètent sec et les fantassins du 4e Zouaves qui progressent dans les prés et à travers les champs sur leurs chenillettes basses dérouillent dur ! Michel avance à droite et moi à gauche, quand nous sommes pris en enfilade par des mortiers.
Il est 16h30 quand je suis touché dans le dos, puis de face, violemment plaqué au sol et "sonné" quelques minutes. J'ai le temps de voir Michel avancer vers les chars, tout tourne ! En rampant, je cherche à tâtons sur mon visage la blessure qui saigne. De la sorte, en rebroussant chemin, je me barbouille généreusement, si bien que de retour au half-track, le regard de Dufour traduit sans ambigüité, son pessimisme quant à mon avenir !...
Du poste médical avancé, je suis conduit à Saintes puis à Biarritz où l'Hôtel Continental est converti en hôpital militaire. Mais avant mon évacuation, j'apprends la mort de Michel, tué par une rafale de mitrailleuse, près des Tanks-Destroyers, quelques minutes après ma blessure. Le lieutenant Legrand et l'aspirant Durand-Chastel sont blessés aussi dans cette opération."
Silence et respect
Je ne dispose que d'une mauvaise copie d'une photo de Jean Biancamaria. Tout autre cliché de meilleure qualité est la bienvenue...
Cordialement
LGD-501