Le texte de Maillot écrit pour le bulletin de la 1ère Compagnie en 2007
Le 3 mai 1945 la 1ère Compagnie reçoit l’ordre d’attaquer le Tegernsee. Le «KSAR HILANE» de Jean Meyrieux est désigné comme char de tête.
La compagnie du Régiment de Marche du Tchad ayant quelques difficultés à faire démarrer ses Halftracks nous partons en avant pensant qu’ils nous rejoindront rapidement.
Sentant le déclenchement des hostilités proche et toujours sans le R .M.T, Jean Meyrieux demande au 2ème mécano du char, Maurice Lucas, de se mettre sur la plage arrière du char pour le protéger.
Nous repartons et quelques instants plus tard nous sommes accueillis par un tir de mitrailleuses lourdes.
Après la 1ère rafale, Meyrieux se retournant, aperçoit Lucas couché sur la plage arrière, la figure en sang, il a reçu une balle qui a ricoché sur la tourelle et l’a atteint à l’œil, Meyrieux fait stopper le char et le fait reculer pour permettre à Lucas de se mettre à l’abri dans un fossé en attendant d’être évacué et pris en charge par l’ambulance.
Entre temps, le R.M.T nous ayant rejoint, nous repartons à l’attaque qui dure une partie de la journée. Nous faisons de nombreux prisonniers, mais il me semble qu’il n’y a pas de SS parmi eux.
Recevant l’ordre de foncer sur Salzbourg et Berchtesgaden, nous nous arrêtons et Meyrieux
s’aperçoit alors que son périscope et la mitrailleuse fixée sur la tourelle ont été atteints par les balles et sont dans un piteux état , c’est un miracle s’il n’a pas été touché. Le 3ème char de la section le «MEDENINE» de Sarcelet, l’ «EL ALAMEIN» de Sarradet et le « KSAR HILANE » quittent la région en direction de Salzbourg.
Nous nous arrêtons pour la nuit dans un petit village. Le 4 mai nous repartons, la route est dégagée, mais aux environs de Salzbourg l’ «EL ALAMEIN» tombe en panne et nous lâche. Devant nous rendre le plus vite possible à Berchtesgaden, nous roulons toute la journée et la nuit sur l’autostrade. Ce n’est que vers 5 heures du matin que nous arrivons à l’Obersalzberg que nous devons occuper, voyage sans problème en dehors d’une petite alerte.
Au milieu de la nuit sur l’autostrade Meyrieux apercevant des phares et des bruits de moteurs, nous fait stopper le char et fait mettre la tourelle arrière, en direction des phares et des bruits de moteurs, nous attendons de voir qui est derrière nous, nous sommes prêts à intervenir.
Après quelques minutes d’attente, nous sommes rejoints par les Halftracks du R.M.T, nous reprenons la route ensemble.
L’Obersalzberg est un plateau à une dizaine de kilomètres de Berchtesgaden sur lequel est construit une caserne de SS et trois maisons appartenant à Hitler, Goering et à un haut dignitaire du 3ème Reich.
C’est de ce plateau que l’on peut atteindre le nid d’aigle soit par l’ascenseur, soit par un petit chemin.
Après un petit repos, Meyrieux décide de faire une reconnaissance du coin.
Nous commençons par la maison d’Hitler en partie détruite et les gars du R M T ont déployé un drapeau.
Poursuivant notre visite nous arrivons à l’entrée d’un souterrain, nous y pénétrons et après avoir fait une vingtaine de mètres, nous sommes à l’intersection de deux galeries, Meyrieux décide d’aller voir ce qu’il y a à droite et qu’on le couvre en cas de mauvaise rencontre. Tout est éclairé, après une dizaine de minutes, il revient, car au fond de cette galerie il se trouve plusieurs groupes électrogènes qui fournissent la lumière dans les souterrains, tout tourne normalement, les surveillants ont dû quitter le coin peu avant notre arrivée, sans doute des SS.
En continuant notre visite dans l’autre galerie, nous trouvons deux bureaux et une série de petits studios comprenant une chambre et une salle d’eau. Nous découvrons surtout beaucoup de bouteilles de vin et de champagne français.
Une partie de l’équipage du «MEDENINE» et quelques gars du R.M.T nous ont rejoints, nous découvrons une pièce dans laquelle sont entassées des valises appartenant à des officiers allemands dont une portant des scellés, c’est celle du Général Schmundt tué lors de l’attentat contre Hitler en juillet 1944 (victime de l’attentat mais pas conspirateur)
Notre récupération est interrompue par l’arrivée de Sarcelet qui nous demande de regagner notre char car nous devons quitter ce lieu et rejoindre Bischofswiesen où se trouve la Compagnie.
Nous quittons l’Obersalzberg avec regret mais avec l’intention d’y revenir si cela est possible car il y a encore beaucoup de choses entre autres vin et champagne.
En descendant vers Berchtesgaden, nous attachons comme nous pouvons toute notre récupération qui est sur la plage arrière du char en souhaitant de ne pas avoir à tourner la tourelle car nous perdrions tout !
En arrivant à Bischofswiesen nous nous embourbons jusqu’à la tourelle. Dans un petit bois le «MEDENINE» qui est derrière nous en fait autant et nous devons attendre le 19 mai pour être dépannés par le service matériel de la DB.
En attendant le dépannage nous remettons en état un command car allemand et Meyrieux décide de remonter à l’Obersalzberg. Nous partons à quatre, malheureusement, les américains qui nous ont remplacés ne nous laissent pas entrer.
Le 20 Mai nous quittons Bischofswiesen pour rejoindre la Compagnie à Pocking.
En roulant à pleine vitesse sur l’autostrade les chenilles du char chauffent et un patin prend feu, nous obligeant à nous arrêter dans un parc où du matériel américain plus ou moins en panne est stocké.
Nous remarquons un Sherman avec ses chenilles en bon état, nous en prenons une. Nous arrivons à Pocking le 22 mai et quittons l’Allemagne pour la France.
Le 28 Mai la Compagnie stationne à Michery, petit village près de Pont-sur-Yonne.
Après le défilé du 18 Juin à Paris, c’est le départ d’une grande partie des Anciens dans la vie civile.
Il ne reste plus que d’inoubliables souvenirs.
