LE 11 SEPTEMBRE A CHÂTILLON-SUR-SEINE ...
1ère rencontre 1ère D.F.L. et 2ème D.B.
par l'E.V. Bertrand CHÂTEL,
Commandeur de la Légion d‘Honneur Bir Hakim l'Authion n° 154, octobre 1994
« Le 10 septembre 1944, le Lieutenant de Vaisseau Alain SAVARY, Commandant le 2ème Escadron du 1er Régiment de Fusiliers Marins, avait reçu mission de faire la jonction avec la 2ème D.B., venant de Normandie et de Paris.
Cette marche en avant était devenue possible, malgré la pénurie de carburant, car une réserve d'essence avait été découverte après la prise d'Autun, provenant d'un stock détourné et caché par les résistants, en provenance d'une usine d'essence synthétique allemande.
Un groupe de quatre scout-cars est formé, composé de la voiture de commandement (Enseigne de Vaisseau Bertrand CHÂTEL, Marcel VELCHE, Jacques BECDELIEVRE, Raymond GRAS, et Maurice MARTIN) et des véhicules de la patrouille du Maître André MOREL (Scout-cars et jeeps).
Ce groupe quitte SOMBERNON le matin du 11 septembre 1944 et fonce à toute allure sur la route en prenant soin de conserver les distances entre les voitures et de rester en liaison constante entre véhicules et avec le L.V. Savary.
Car notre force est la vitesse, la dispersion et les communications.
Nous traversons ainsi Pouilly-en-Auxois et arrivons à 10h à SAULIEU.
« Dans un des patelins traversés, raconte Raymond Gras, les Allemands avaient tué le facteur et l'avaient déshabillé pour se camoufler avec son uniforme ».
A la lisière du bourg de Saulieu, nous trouvons des éléments avancés de la 2ème D.B. qui font partie du 1er Régiment de Spahis.
Les deux groupes de reconnaissance fraternisent tout de suite car ils appartiennent tous les deux à la France Libre.
« Par un heureux hasard, raconte Marcel VELCHE, le 1er Régiment de Spahis avait été le Régiment de reconnaissance de la 1ère Division Française Libre en Libye en 1943.
Puis, en juillet 1943, ce Régiment, avec le 501ème Chars, quitta la 1ère D.F.L. pour constituer le noyau de la 2ème D.B., avec le 1er Régiment du Tchad.
Avant de partir, le 1er Spahis avait donné tous ses véhicules de reconnaissance et automitrailleuses britanniques au 1er Régiment de Fusiliers Marins en nous enseignant les rudiments de la reconnaissance à Zouara (Tripolitaine).
Les deux Régiments Français Libres se retrouvaient donc quatorze mois après s'être quittés ».
Nous déjeunons dans un restaurant sur la place de SAULIEU, mais Raymond GRAS reste dans le scout-car pour réparer le poste radio qui est tombé en panne.
Poursuivant sa progression, le groupe du 3ème peloton se rend alors à CHÂTILLON-SUR-SEINE où se trouve le poste de commandement (P.C.) et le gros des forces du 1er Spahis.
Il parvient, vers 15h, au centre de CHÂTILLON, où s'effectue la véritable jonction entre les deux unités.
Juchés sur les capots des voitures, entourés d'une foule énorme, nous échangeons les calots rouges des Spahis contre les pompons rouges des Marins ou les casquettes des officiers mariniers.
On trinque, on est heureux.
Nous nous rendons compte que nous participons à un événement historique.
Après les joies des retrouvailles entre les deux divisions à Croix de Lorraine, les Marins repartent, par le même chemin, jusqu'à SOMBERNON, où Ils arrivent en fin d'après-midi, après une randonnée de 100 kilomètres.
Je rends compte au L.V. SAVARY de la jonction et du dispositif du 1er Spahis dans la région.
Cette jonction des deux armées sera aussitôt commentée dans la presse et à la radio.
Le lendemain de l'événement - soit le 12 septembre - le Service Cinéma de l'Armée viendra à SOMBERNON pour demander la reconstitution de la Jonction.
L'Officier des Equipages Constant COLMAY enverra le Premier Maître A. MOREL sur les lieux pour refaire la jonction avec le 1er Spahis "pour le cinéma".
Il fallait qu'un ancien de la France Libre en ait la gloire.
Plus tard, un monument sera érigé à Nod-sur-Seine pour commémorer la Jonction.
On s'apercevra alors que de nombreuses personnes revendiquent le titre de « jonctionneur » bien qu'aucun coup de feu n'y fut jamais tiré...
Nous disposons de la bande d'actualités tournée le 12 septembre 1944 intitulée « La jonction Dragoon- Overlord ».
Après notre jonction entre Fusiliers Marins et Spahis le 11 septembre à Saulieu puis à Châtillon-sur-Seine, il y eut d'autres jonctions en raison de la dispersion des unités des deux divisions.
Ainsi Mme Eve Curie, officier de liaison de l'Armée B auprès de la 1ère D.F.L., relate ses souvenirs de la jonction dans son Carnet de route le 12 septembre 1944, soit le lendemain, sous le titre « Liaison avec la 2ème D.B. ».
Elle situe aussi la Jonction à Châtillonsur-Seine et mentionne Nod-sur-Seine comme un village près duquel le Général BROSSET, qu'elle accompagnait, s'arrêta pour visiter sa belle-famille à Saint-Marc ».
source
Bertrand