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Sujet: 18 février 1945 Mer 18 Fév 2015 - 8:01
Dimanche 18 février 1945
Le dimanche 18 février, une courte permission me donnera l'occasion d'être à midi en famille, en passant par METZ et PONT-À-MOUSSON!! À MAILLY, près de NOMENY, à peine distant d'une douzaine de kilomètres, je retrouve une cousine, seule rescapée de la famille. Le père faisait passer et évader les prisonniers. Dénoncé, il s'est retrouvé à la prison Charles III à NANCY, pour mourir peu après. La maman décédait le 15 novembre 1941 et sa sœur était tuée au cours du bombardement de MAILLY-SUR-SEILLE le 20 octobre 1944. La ferme était démolie et tout le bétail perdu.
Occupations peu fatigantes: gardes "traditionnelles", entretien du matériel, exercices. Nous trouvons avec PEDRO une belle bibliothèque malheureusement en grande partie pillée par les Américains qui avaient séjourné avant nous. J'ai pu rendre, après la guerre, quelques volumes à son propriétaire, un prêtre du diocèse de METZ, professeur à l'Université de STRASBOURG.
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Sujet: 1er mars 1945 Dim 1 Mar 2015 - 15:46
Jeudi 1er mars 1945
Après un séjour de deux semaines, à TRAGNY, le jeudi 1er mars 1945, à 03h00 du matin, direction SAINT-EPVRE (P.C. du 3ème Escadron), CHÂTEAU-SALINS, NANCY, où je laisse une certaine Opel en réparation. À NANCY, je reprends l'A.M. … et la RN 74 jusque NEUFCHÂTEAU. La RN 65 nous mène à CHAUMONT que nous traversons, pour continuer toujours sur la RN 65. Avant CHÂTILLON-SUR-SEINE, nous prenons la direction de MASSINGY (5 km au Nord). Étape pour la nuit. À l'échelon, Robert DURET me donne un joint de culasse. À 19h00, je me mets au travail. Le plus dur a été de retirer, sans treuil, les volets de blindage du moteur, et les remettre! À 01h30, réparation terminée. Je peux enfin aller me coucher.
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Sujet: 2 mars 1945 Lun 2 Mar 2015 - 8:39
Vendredi 2 mars 1945
Étape bien sympathique: de MASSINGY, nous rejoignons CHÂTILLON-SUR-SEINE. La RN 65 nous fait traverser TONNERRE, CHABLIS, AUXERRE, TOUCY pour nous amener à BONNY-SUR-LOIRE. La RN 7 nous fait remonter la vallée de la LOIRE par COSNE, POUILLY et nous cantonnons à LA CHARITÉ-SUR-LOIRE.
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Sujet: 3 mars 1945 Mer 4 Mar 2015 - 20:26
Samedi 3 mars 1945
De LA CHARITÉ, nous allons à BOURGES, par NEVERS. BOURGES — ISSOUDUN. Par la N 760, direction de VATAN. Nous poursuivons encore vers le Nord, à une quinzaine de km pour nous arrêter à SAINT-CHRISTOPHE-EN-BAZELLE. Nous y restons jusqu'au mardi 6 mars. Quatorze heures de sommeil me remettent en forme aussitôt notre arrivée. Pour avoir noté celà, je pense que celà ne devait pas arriver souvent.
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Sujet: 6 mars 1945 Ven 6 Mar 2015 - 23:39
Mardi 6 mars 1945
Départ de SAINT-CHRISTOPHE-EN-BAZELLE. CHATEAUROUX. ARGENTON-SUR-CREUSE. À BADECON, notre équipage est très bien reçu chez Monsieur LEROUX. Commence alors une période agréable avec la perspective d'une permission. Entretien et réparation du matériel. Exercices pour les renforts qui remplacent les pertes et petites ballades dans les environs: GARGILESSE, et sa belle vallée qui rappelle George SAND, le barrage d'EGUZON; et Monsieur LEROUX connait de bonnes auberges, malgré cartes de ravitaillement que les civils connaissent toujours.
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Sujet: 16 mars 1945 Mar 24 Mar 2015 - 7:39
Du vendredi 16 mars au mardi 3 avril 1945
Je suis en permission.
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Sujet: 3 avril 1945 Ven 3 Avr 2015 - 13:52
Mardi 3 avril 1945
Le 3 avril 1945, c'était le mardi de Pâques. À 7h15, je débarque de la Gare de l'Est (à cette époque, il fallait 9 heures pour venir de NANCY). En principe, je dois retrouver LAMBOLEZ chez nos amis CHEVALLEY au 7 boulevard Raspail. Pas de Roland, mais au 9, maison voisine, il y a Roger DANET, avoué (dans le civil) qui s'était engagé au 3ème Escadron à la Libération de PARIS.
Bonne aubaine: l'escadron est venu pour la remise de la Croix de la Libération à la Ville de PARIS. La cérémonie a eu lieu hier. Le Docteur CHEVALLEY nous conduit à SCEAUX: nos A.M. dans la cour du lycée (Lakanal peut-être?).
Rentrant de permission, je me présente au Chef de peloton qui trouve un peu exagérés les délais de route. LAMBOLEZ s'en fera moins et ne rejoint que le jeudi suivant. Tout s'arrange.
Départ à 10h00. ORLÉANS à 12h30 et BADECON à 16h00. Pour passer le temps, j'entreprends un graissage complet des roulements de l'A.M. avec démontage des rotules roues-avant, ce qui occasionnera une aventure avec François JARDEL, lequel s'est retrouvé le visage rouge… de graisse, et le nez en piteux état. (Voir son ouvrage: "Mon cœur à bout de bras" page 106, mais version rectifiée)
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Sujet: 13 avril 1945 Lun 13 Avr 2015 - 13:11
Vendredi 13 avril 1945
Le 13, nous apprenons que Franklin ROOSEVELT est mort… la veille.
Vidéo INA.
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Sujet: 17 avril 1945 Ven 17 Avr 2015 - 8:01
Mardi 17 avril 1945
Le mardi 17 avril, nous quittons BADECON (et la famille LEROUX) pour PAUDY (12 km au nord-ouest d'ISSOUDUN). Excellent accueil. Oeufs et vin à volonté. Le soleil est de la partie. Nous avons le temps de nous faire dorer.
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Sujet: 26 avril 1945 Mar 28 Avr 2015 - 11:49
Jeudi 26 avril 1945
Le jeudi 26 avril, nous apprenons le retour de PÉTAIN en FRANCE, mais aussi notre départ pour demain. Il y a peu de temps, le commandant GLENAT (qui avait facilité ma rencontre avec le commandant CLERC, à CASABLANCA, pour mon engagement au 1er R.M.S.M. alors que je venais d'être affecté au 31ème Génie à PORT-LYAUTEY), donc le commandant GLENAT de passage à PAUDY, sans pouvoir me donner précisions m'avait dit que le G.T.V. aurait une meilleure part que la poche de ROYAN où le reste de la D.B. venait d'être envoyé. Et nous partons pour l'Allemagne.
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Sujet: 27 avril 1945 Mar 28 Avr 2015 - 11:51
Vendredi 27 avril 1945
Nous ne sommes restés que dix jours à PAUDY, et pourtant les gens chez qui nous étions ont les larmes aux yeux quand nous les quittons. ISSOUDUN, BOURGES, NEVERS, COSNE. Cantonnement à COURS-LES-COSNE, un peu au-dessus de COSNE. Sur la place de l'église, nos A.M. attendent, et nous aussi, pour faire les pleins d'essence. Tout à coup, une A.M. commence à descendre la pente, prend de la vitesse et achève son parcours dans une espèce d'atelier, y faisant une deuxième porte de 2,20 m de large. Dans une lettre écrite le lendemain à mes parents, j'indique: "Le capitaine a trinqué quinze cents balles. Il ne m'a rien dit. Il a eu raison. Ce n'était pas ma faute." Nous avons été très bien reçus à COURS. Même accueil plusieurs années après la guerre.
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Sujet: 28 avril 1945 Mar 28 Avr 2015 - 11:56
Samedi 28 avril 1945
Samedi 28 avril 1945 toujours en route pour l'Allemagne. Depuis lundi dernier, le 23 avril, nos chenillés (dont half-track de Pierre JAMIN) sont acheminés par voie ferrée.
Les notes de Pierre JAMIN indiquent: - 23 avril 1945. 15h00: départ pour CHATEAUROUX. - 24 avril. 04h00 Départ de CHATEAUROUX. 16h00: Halte à MONTEREAU. - 26 avril, depuis la gare de BRUMATH, 05h15: départ pour l'Allemagne par BISCHWILLER, DRUSENHEIM, puis la N68 jusque BEINHEIM. Traversée du RHIN entre SELTZ et PLITTERSDORF — RASTATT. Puis vers le nord: DURLACH, à l'est de KARLSRUHE. Et toujours vers l'est: BRETTEN, STERNENFELS. Arrivée à 12h30 à NIEDERHOFEN, petit village, environ à 15 km à l'ouest d'HEILBRONN. - 27 avril, à 7h00: départ de NIEDERHOFEN. Pierre JAMIN indique les localités traversées: SCHWAIGERN, NEIPPERG, NORDHEIM, BÖCKINGEN raté par l'aviation (au sud de HEILBRONN), BITZFELD, WESTERNACH. À 14h00 SCHWEBISCH HALL. C'est le vendredi 27 avril. Nos amis nous attendront jusqu'au mardi 1er mai.
Le samedi 28 avril, le soleil est remplacé par pluie et grêle. De COURS-LES-COSNE, nous descendons la Loire jusque BRIARE. Nous quittons la N7 pour récupérer la N65 avant TOUCY. AUXERRE, CHABLIS, TONNERRE. Un arrêt quelque part à un passage à niveau nous a donné l'occasion de déguster le bon vin de la région. Hélas, nous avons oublié de noter le nom de ce cru. CHÂTILLON-SUR-SEINE. À CHATEAUVILLAIN, nous prenons une petite route vers le nord pour passer la nuit à PONT-LA-VILLE, moins accueillant que COURS-LES-COSNE. Nous avons besoin de nous sécher, alors que la semaine dernière, nous prenions des bains de soleil à PAUDY: j'ai réussi à recevoir moins d'eau dans ma "cage-avant", ayant fabriqué un cadre garni d'un verre, ensemble pare-brise, et je ferme le couvercle blindage du dessus. Ce n'est pas très hermétique. Des gouttières sur les genoux et dans le dos sont plus supportables que la flotte qui s'engouffre normalement. Nous savons que demain nous traverserons NANCY. Je prépare un paquet et une lettre que je "larguerai" demain, au passage. Mes parents ont bien reçu ce paquet et cette lettre qui me permet, plus de 40 ans après, de raconter avec précision ce que j'ai fait depuis le lundi de Pâques 1945, mon dernier jour de permission à PAGNY-SUR-MOSELLE.
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Sujet: 29 avril 1945 Mer 29 Avr 2015 - 20:18
Dimanche 29 avril 1945
Il pleut toujours. De PONT-LA-VILLE, nous rattrapons la N65. CHAUMONT que nous traversons pour prendre la N74. NEUFCHATEAU.
À midi moins vingt, je griffonne quelques mots sur la lettre préparée hier: nous sommes à COLOMBEY-LES-BELLES (à ne pas confondre avec "les 2 Églises" où nous étions passés le 11 septembre 1944). À 13 heures, nous sommes à NANCY. Je ralentis au carrefour Rue du Montet (devenue Avenue Général Leclerc) — Boulevard Clémenceau, pour faire remettre mon paquet destiné aux parents. Les bras ne manquent pas pour l'accueillir.
Il est 13h30 quand l'escadron arrive à la fin de l'étape prévue pour aujourd'hui. Nous sommes à SORNÉVILLE, à une vingtaine de kilomètres de NANCY, sur la route qui mène à CHÂTEAU-SALINS.
J'y connais des amis, mais je préfère m'occuper de la boite de vitesse qui donne des signes de fatigue. Elle n'a pas résisté à la maladresse des apprentis-chauffeurs qui ont fait école de conduite sur cette A.M. pendant le séjour en INDRE. Depuis CHAUMONT, je ne peux plus passer ni la 1ère, ni la 4ème vitesse.
J'en rends compte au capitaine. "Vous connaissez NANCY. Vous y trouverez sans doute un atelier américain pour blindés. Tâchez de vous faire réparer le plus vite possible. Voici l'itinéraire pour demain et mardi. Si vous ne pouvez rejoindre qu'après, vous suivrez alors les pancartes du D.C.R. (Détachement Circulaton Routière)." Le Chef SEGAL, de l'échelon, m'accompagne avec sa Jeep.
Aux Abattoirs de NANCY, un poste M.P. nous indique l'usine Als-Thom à JARVILLE. Bien que nous soyons un dimanche en fin d'après-midi, les Américains nous reçoivent très bien, on les croirait heureux de dépanner des gars de la Division LECLERC dont ils ont conservé un bon souvenir de Normandie. Nous étions rattachés à ce moment à la IIIème Armée de PATTON, dont ils font partie.
Nous laissons l'A.M. à l'Als-Thom. Couvert et gîte pour la nuit chez des amis, la famille SEITZ, qui habite tout près d'ici, à l'entrée de NANCY.
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Sujet: 30 avril 1945 Jeu 30 Avr 2015 - 6:34
[Lundi 30 avril 1945]
Le lendemain, après bien des recherches dans les secteurs de TOUL, LUNÉVILLE et CHÂTEAU-SALINS, les meccanos américains ont réussi à trouver une boite de vitesses en excellent état sur une A.M. qui s'était fait démolir. Comme le rendez-vous est fixé à demain pour reprendre l'A.M. réparée, c'est chez mes parents, à PAGNY-SUR-MOSELLE, que nous passons la soirée et la nuit. Ils n'avaient pas encore reçu le paquet et la lettre que j'avais "largués" à leur intention, dimanche, au carrefour de la Rue du Montet*, et ils ne m'attendaient pas! ————— Note: * Actuelle Avenue du Général Leclerc —————
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Sujet: 1er mai 1945 ? Sam 2 Mai 2015 - 6:56
Mardi 1er mai 1945
Départ de PAGNY à 8h00. À 10h00, l'A.M. est prête à reprendre la route. Précédé par SEGAL en Jeep, en route pour l'Allemagne. Dès CHÂTEAU-SALINS, des gars de la 2ème D.B. font du stop pour rejoindre leurs unités. Ils seront une bonne demi-douzaine répartis dans la tourelle et sur la plage arrière! À midi, la pancarte SAARGEMUND rappelle l'occupation allemande de la Moselle avec l'Alsace. C'est SARREGUEMINES que nous traversons lentement. Enfin, nous arrivons à la frontière qui a retrouvé sa place.
ALLEMAGNE
13h15: entrée en ALLEMAGNE. ZWEIBRÜCKEN, KAISERSLAUTERN. Les flèches DCR nous dirigent vers l'autoroute. À 120 km/h, nous pourrons rattraper le temps perdu. FRANKENTHAL. Traversée du RHIN à MANHEIM. 30 km après HEILBRONN, nous retrouvons l'escadron 8 km au nord de SCHWÄBISCH HALL, au village de WESTERNACH.
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Sujet: 2 mai 1945 Sam 2 Mai 2015 - 6:59
Mercredi 2 mai 1945
06h00: Départ de WESTERNACH. SCHWÄBISCH HALL. Traversée du DANUBE à DILLINGEN. Déception pour tous: le DANUBE n'est pas bleu! Traversée du LECH, affluent du DANUBE et qui arrose AUGSBURG. Nous voici en BAVIÈRE. La population ne semble pas hostile. Les villages sont pavoisés de blanc, draps, serviettes, etc… pendant aux fenêtres. À un certain endroit, je ne saurais plus préciser, nous croisons au bord de la route des squelettes habillés de pyjamas rayés. Nous arrêtons. Impossible de se comprendre. Pas de Français parmi ce que nous découvrons être des déportés d'un camp de concentration qui vient d'être libéré.
Est-ce vers le VORARLBERG que nous allons nous diriger? Au sud de MUNICH, nous reprenons la direction de l'est, vers BAD TÖLZ. La nuit ne va plus tarder. Il tombe une neige fondante. La route est glissante. Pour éviter un camion américain qui vient en face de moi, je me retrouve dans un terrain marécageux, ce que n'apprécie pas le chef de peloton. Et le char du 501 qui veut m'en sortir se retrouve dans le fossé, une chenille en l'air, l'autre dans la boue. Et il fait nuit.
Dernière édition par Jean PFLIEGER le Dim 3 Mai 2015 - 10:00, édité 1 fois
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Sujet: 3 mai 1945 Dim 3 Mai 2015 - 10:00
Jeudi 3 mai 1945
Au petit matin, un autre char du 501 vient nous sorir de nos terrains marécageux. Traversée de l'ISAR, de BAD TÖLZ. L'escadron a quitté WAAKIRCHEN. Notre A.M. retrouve le peloton qui, lui aussi, s'est enlisé! L'ordre arrive au P.C. de l'Escadron: "Direction: BERCHTESGADEN." Nous rattrapons l'autoroute MUNICH-SALZBOURG. Le compteur de l'A.M. atteint le 80 (miles), ce qui fait du 130 km/h. Nous dépassons des convois américains qui semblent aller eux aussi vers BERCHTESGADEN. Au passage, nous admirons le lac CHIEMSEE que nous longeons. À SIEGSDORF, nous quittons l'autoroute quelques 30 km avant SALZBOURG, pour nous diriger vers cette partie des ALPES BAVAROISES où se trouve le "sanctuaire"' d'HITLER. Dans l'après-midi, nous arrêtons à INZELL, charmante localité où nous sommes bien accueillis. BERCHTESGADEN n'est plus qu'à 35 km. Je ne sais ce que font les amis du peloton. Je vais récupérer la fatigue de ces quelques centaines de kilomètres parcourus en 3 jours, assez souvent à une vitesse folle. Le soir, des bruits courent que la voiture de von KESSELRING a filé devant l'A.M. de notre capitaine. Est-ce vrai?
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Sujet: 4 mai 1945 Lun 4 Mai 2015 - 7:44
Vendredi 4 mai 1945
INZELL. La population est plutôt sympathique. Journée d'attente. Dans un dépôt, nous nous réapprovisionnons en outillage, que nous casons dans de solides coffres en bois (prévus au départ pour… des balances ménagères). Il me semble que c'est à INZELL que Papa WION devient le chauffeur d'un très beau camion de 20 tonnes qui nous rendra grands services. [Note ajoutée: J'ai dû confondre avec le camion récupéré le lendemain à SCHWARZECK, sur lequel le peloton est entré à BERCHTESGADEN]. Certains ont conservé le souvenir d'un lac proche d'INZELL, le ZWINGSEE, où auraient été faits prisionniers plusieurs Allemands. Personnellement, je ne m'en souviens pas. En fin de journée, nous apprenons que le départ pour BERCHTESGADEN est fixé à demain de très bonne heure, à pied. Les conducteurs resteront à INZELL et rejoindront plus tard. En principe, je dois donc rester avec l'A.M.. P'tit Louis est mal en point: forte fièvre. Je lui propose de le remplacer et il se chargera de nous remettre l'A.M. une fois rétabli.
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Sujet: 5 mai 1945 Mar 5 Mai 2015 - 8:36
Samedi 5 mai 1945
Marche sur BERCHTESGADEN.
Départ d'INZELL à 05h00, avec les biffins de la "Nueve" et des parachutistes américains de la 101ème Airborne.
La première partie du trajet, assez courte, se fait sur les plages arrières des chars du 501, qui ne peuvent aller au-delà du premier pont sauté. Bernard, le Chef de peloton, dispose sa vingtaine de spahis le long de la petite rivière que nous venons de traverser à pied. Je me retrouve en dernière position avec Jacques FOUSSÉ, brigadier. Je me sens mal à l'aise, ayant l'habitude d'être A.M. de pointe. Rapidement, je quitte FOUSSÉ pour monter vers la 1ère position. Au passage, je récupère Jiji JANICOT (DUFOSSÉ) et René WEBER. À Bernard qui me demande où nous allons, je réponds: chez Adolf! La consigne tombe: "Ne faites pas les cons!" Nous voici allègrement sur la route. Il ne fait pas très chaud.
Peu de temps après, à quelques centaines de mètres devant nous, un pont saute. Vacarme qui se répercute dans les montagnes qui nous entourent. Il est possible de traverser à pied ce petit torrent. Et nous poursuivons. Un peu plus loin, encore un pont et qui n'est pas sauté. Sautera? Sautera pas? Nous le franchissons en courant le plus vite possible. Le pont saute derrière nous. Et peu après, nous sommes pris à partie par des armes automatiques, situées bien au-dessus de nous, de part et d'autre dans la montagne qui fait caisse de résonance. Épouvantable! La prudence nous invite à nous camoufler derrière des rochers en attendant que ces MM arrêtent leur plaisanterie qui pourrait devenir macabre. Une balle seulement vient traverser le talon d'une chaussure de Jiji. Le tir enfin s'arrête. En route! Nous laissons SCHNEIZLREUTH sur notre droite. La route continue dans un cadre qui serait merveilleux si nous étions de simples touristes. Une forte détonation se fait entendre et se prolonge comme un roulement de tonnerre. Au loin, nous voyons un petit nuage de poussière. Ce doit être encore un pont qui saute. En effet, nous arrivons à ce qui reste du pont qui franchit la SAALACH. La vallée est un peu plus large. Le courant est très fort. La traversée ne sera pas facile. Dans les remous, nous voyons, sur une partie du tablier du pont, des morceaux de bicyclette et, semble-t'il, de ce qui a pu être le cycliste. Un peu en aval du pont, nous retrouvons ce cycliste, ou plutôt ce qu'il en reste. Le 7 août 1969, refaisant cet itinéraire pour la première fois après 24 ans, à l'entrée du pont bien reconstruit, une plaque de marbre m'a fait connaître l'identité de la victime: "Diese Brücke vor Zerstörung zu bewahren starb hier der Bürgermeister der Gemeinde SCHNEIZLREUTH Franz SCHWAIGER am 5.5.1945." C'était le bourgmestre de la localité que nous avions traversée 2 km avant. Je suis allé me recueillir sur sa tombe.
Pour le moment, nous sommes bloqués dans notre progression. Pas question de traverser ce pont dans l'état où il est. Ceux civils viennent à nous, bras en l'air. Civils? Certainement pas d'après leurs papiers. Et voici l'arrivée des premiers éléments du peloton, dont Bernard. Dans un premier temps, le Chef de peloton me demande de m'occuper de ces prisonniers. Ils vont nous servir pour expérimenter la traversée de la SAALACH, en amont du pont. Le premier échoue. Le deuxième, un solide gaillard, se retrouve de l'autre côté. Dangereux pour nous. Par gestes et en hurlant, je lui demande de revenir… Marqué par une certaine discipline ou pris de peur, il plonge à nouveau et revient vers nous! Malgré la performance de ce nageur, il ne nous semble pas prudent de risquer cet exploit. Il faut trouver une solution: trouver des barques ou "bricoler" un passage sur les restes du pont dans lequel l'eau s'engouffre avec force. Bernard m'envoie avec René et Jiji sur le petit chemin qui longe la SAALACH pour essayer de trouver quelque chose. Laissant encore le reste des éléments du peloton, nous voici tous trois, empruntant au passage les moyens de locomotion qui se présentent: bicyclettes, puis une moto, et finalement un camion planqué dans une grange avec une dizaine de soldats allemands transformés en prisonniers sans aucune difficulté. Et c'est le chauffeur allemand qui prend le volant pour nous conduire en aval jusqu'à un petit barrage, en travers du chemin. Pas très loin, une sorte de petite auberge où les bavarrois sont surpris d'entendre René baratiner dans leur jargon et heureux de voir des Français plutôt que des Russes. Il n'y a pas de barque à proximité, mais nous rejoignons le camion et nos prisonniers après un bon casse-croûte.
Retour au pont. Le peloton a traversé la SAALACH avec des moyens du bord: poutres, échelles, etc… prenant notre relève dans cette course vers BERCHTESGADEN où nous aurions aimé arriver les premiers.
Arrivent seulement de SCHNEIZLREUTH quelques éléments de l'escadron ainsi que des biffins de la "Nueve" et même des parachutistes américains de la 101ème Airborne. Nous leur laissons le camion et les prisonniers et nous traversons la SAALACH pour rejoindre les amis qui doivent avoir une belle avance sur nous.
Les quelques maisons d'UNTERJETTENBERG sont pavoisées de blanc: comme partout, des draps, des serviettes… La route monte, elle semble interminable. De part et d'autre les montagnes sont impressionnantes. Jiji a soif et s'arrête pour se rafraîchir à l'eau qui coule entre les rochers.
Un lieutenant de l'escadron (GILLETTE, je crois, que nous ne connaissons guère) arrive à cheval. L'un de nous le salue d'un coup de révolver: le cheval s'enfuit, laissant son cavalier sur la route. En récupérant le cheval, le lieutenant avait aussi récupéré une petite "musette". Nous le laissons, sachant qu'il ne risque rien et que les éléments que nous avons laissés de l'autre côté de la SAALACH se décideront à poursuivre la route ouverte par le 3ème peloton.
Après plusieurs kilomètres de marche sur cette route qui monte toujours, nous rejoignons enfin les éléments du peloton, arrêtés à la crête appelée SCHWARZBACHWACHTSATTEL, ou peut-être à SCHWARZECK, qui regroupe quelques maisons.
Roland LAMBOLEZ était arrivé bon premier, avec Jacques BOZO. Un groupe important de S.S. s'étaient rendus à eux.
Peu après mon arrivée, Bernard m'envoie: "Prends cette bicyclette et va faire la jonction avec des éléments du G.T.V. qui doivent se trouver dans la vallée." J'enfourche la bicyclette. "Prends au moins ta mitraillette!" Je m'en étais débarassé car mon sac de chargeurs, bien rempli, m'avait arraché la peau de la hanche.
Je mets la mitraillette en bandoulière… sans le sac. Et je descends. Pas un coup de pédale à donner. La route descend très fort, encore du 12%, mais dans le bon sens. Ça et là, des Allemands se rendent, dont des S.S. plutôt dégonflés, des isolés, des groupes de 2 ou 3, et même d'une demi-douzaine. Je les invite à remonter la côte, les bras en l'air, après avoir balancé leurs armes dans la nature.
Et voici que j'aperçois des Sherman dans le bas de la vallée. J'agite mon calot rouge tout en roulant. Arrivé au premier char, je m'entends dire: "Qu'est-ce que tu fous sur cette route? Si tu n'avais pas fait signe avec ton calot, on te descendait comme un lapin." J'apprends que ces chars étaient arrivés à BERCHTESGADEN par un axe différent du nôtre et qu'ils étaient envoyés sur cette partie de l'Alpenstaße pour réduire une compagnie de S.S. "Ne vous dérangez pas. Le peloton de La MOTTE s'en est chargé".
Et je poursuis ma route pour arriver à BERCHTESGADEN… à bicyclette. Pour un conducteur d'A.M.! C'était au début de l'après-midi de ce 5 mai 1945. Le peloton rejoint en camion et me double peu avant l'entrée de BERCHTESGADEN.
Les uns et les autres ont sans doute des souvenirs de ce qu'ils ont pu faire cet après-midi. Je remplace la bicyclette par une moto. L'escadron doit se retrouver le soir à RAMSAU, une dizaine de kilomètres à l'ouest de BERCHTESGADEN, en reprenant l'Alpenstaße par laquelle nous étions arrivés.
En fin de journée, au hasard d'une rue, je récupère le fameux lieutenant que nous avions laissé après UNTERJETTENBERG. Avec peine, je le hisse sur le tan-sad. Il venait de perdre son calot… qu'un civil allemand vient lui rendre. J'ai l'impression qu'en France, le calot d'un occupant aurait été conservé en souvenir!
En route pour RAMSAU. Mais j'abandonne une deuxième fois le lieutenant, car je viens d'apercevoir mon bon René TROËL. Même si nous n'avons plus d'A.M., c'est mon chef de voiture. René, comme beaucoup d'autres, a bien célébré l'arrivée à BERCHTESGADEN. À mi-chemin, une charmante villa sur notre droite nous plaît. Halte. Nous entrons. Un couple d'un certain âge panique en nous voyant. Je les rassure. Nous ne leur voulons aucun mal. La table est prête… Nous nous installons. Je ne me souviens plus du menu, mais quand nous partons, nous avons l'impression que nos hôtes parraissent soulagés de s'en être tirés à si bon compte. Ils ne garderont pas un mauvais souvenir de notre invitation forcée. Quelques centaines de mètres plus loin, René a dû flairer quelque chose de louche dans une auberge proche de la route. Les civils s'affolent en nous voyant descendre de moto, ce qui nous pousse à pénètrer dans la maison. Plusieurs soldats allemands, presque aussi verts que leur uniforme, lèvent les bras. Nous les invitons à se mettre en route vers BERCHTESGADEN, en gardant leurs bras toujours en l'air.
Nous continuons sur RAMSAU, ayant eu soin d'emporter une valise remplie de quelques bonnes bouteilles.
L'escadron s'installe un peu partout dans ce village accueillant. Notre équipage loge dans une famille, pas très loin de la magnifique petite église dont le bulbe typiquement bavarois se retrouve… assez souvent comme illustration de calendriers, avec le pont au premier plan.
Jean PFLIEGER Rang: Administrateur
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Sujet: 6 mai 1945 Mer 6 Mai 2015 - 6:58
Dimanche 6 mai 1945
La moto est bien pratique pour faire du tourisme dont un petit tour au lac HINTERSEE, proche de RAMSAU. En fin de journée, nos A.M. nous rejoignent par un itinéraire différent de celui que nous avions emprunté.
À un contrôle américain dans BERCHTESGADEN, nos spahis ont fait connaissance d'un jeune français qui voulait regagner NANCY et même ont pu lui obtenir un laisser-passer puisqu'au cours de la conversation les amis de peloton découvrent que ce Roger MATHIEU était un ancien séminariste, condisciple de LAMBOLEZ et MARION. En effet, Roger avait même été mon second de patrouille scoute avant la guerre. Il nous avait quittés en 1940. Au début de l'occupation, il avait opté pour la collaboration. Nous nous étions quittés. Étant parti de NANCY en 1943, je n'avais plus entendu parler de lui. Le roman raconté aux amis de peloton me paraît invraisemblable. Et la carte de visite qu'il vient de leur donner pour Roland et moi est plutôt rocambolesque. "Vous pensez qu'arrêté il y a un an, évadé deux fois, cet individu pouvait avoir encore sur lui des cartes de visite? — Merde, on n'y avait pas pensé tellement il nous a donné des précisions sur vous deux. — Et comment était-il habillé? — C'est vrai, il avait un pantalon S.S. qu'il nous a dit avoir fauché. — Mais pourquoi n'est-il pas venu avec vous pour nous retrouver? — Il voulait remercier des amis qui l'avaient aidé. Il vous met les coordonnées sur la carte." Je n'ai jamais trouvé la localité indiquée qui, d'après ce qu'il en avait dit, se situait à une dizaine de kilomètres.
L'Éclair de l'Est (quotidien de NANCY) du 20 août 1945 nous a appris la vérité sur ce sinistre individu: la tragédie de LA BRESSE évoquée à la Cour de Justice de NANCY. MATHIEU est condamné à mort.
La Croix de l'Est du 26 août 1945: «Roger MATHIEU, 22 ans, étudiant en droit à NANCY, chef milicien, a dénoncé et fait fusiller 6 maquisards de CIREY-SUR-VEZOUZE; grâce à lui, des patriotes sont fusillée à LA BRESSE, 480 habitants sont déportés, le village entièrement détruit. MATHIEU est condamné à mort par la Cour de Justice.»
Mais l'Éclair de l'Est nous raconte ce que MATHIEU a fait après avoir quitté mes amis de peloton ce 6 mai 1945: «On le retrouve à BERCHTESGADEN où, dès l'arrivée des troupes françaises, il met ses talents d'espion de basse police à la disposition du 2ème Bureau et participe à l'arrestation de Julius STREICHER et de la propre sœur d'HITLER.»
…/… [il manque une ligne dans la photocopie]
Condamné à mort, Roger MATHIEU n'a pas été exécuté. Emprisonné d'abord au Camp de la Vierge à ÉPINAL, en avril 1949, il était au STRUTHOF avec des internés de son espèce. Je ne sais où il se trouve maintenant et je souhaite ne jamais le rencontrer.
Jean PFLIEGER Rang: Administrateur
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Sujet: 7 mai 1945 Jeu 7 Mai 2015 - 10:11
Lundi 7 mai 1945
Avec le camion allemand conduit par Papa WION, nous retournons à l'OBERSALZBERG dans le domaine d'HITLER, où les Américains semblent, plutôt voudraient oublier que ce sont des gars de la 2ème D.B. qui y sont arrivés les premiers, dont le capitaine TOUYERAS au Nid d'Aigle.
L'aviation alliée était passée par là quelques jours avant notre arrivée. Les bâtiments sont en piteux état: villas de HITLER, BORMAN, GOERING, casernes S.S., hôtel du PLATTERHOF…
Heureusement les caves du PLATTERHOF ont résisté aux bombes et nous offrent en abondance ce qu'il faut pour arroser la victoire et la fin de cette guerre. La plate-forme du 20 tonnes redescend à RAMSAU, bien garnie de vins et de liqueurs de toutes sortes. Des boites de cigares viendront s'ajouter, en provenance de wagons bloqués en gare de BERCHTESGADEN. Le peloton se contente de cette petite récupération, bien légitime en somme, et qui n'a rien de la sauvagerie de certains pillards.
Jean PFLIEGER Rang: Administrateur
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Sujet: 8 mai 1945 Ven 8 Mai 2015 - 16:13
Mardi 8 mai 1945
Toujours à RAMSAU, nous apprenons que l'Armistice a été signé hier après-midi à REIMS. Notre présence à BERCHTESGADEN irrite les Américains. À 11 heures, nous quittons RAMSAU où nous aurions volontiers prolongé nos "vacances". Au hasard d'un tournant, en bas d'une forte descente dans les Alpes bavaroises, un équipage du 64ème R.A.D.B. attend au bord de la route que l'on ressorte leur char qui, lui, … a quitté la route! Avec joie, je retrouve un ami d'enfance qui, évadé à deux reprises du S.T.O. s'était engagé dès la libération de PAGNY-SUR-MOSELLE. Contre son gré, André UMMENHOVER avait été bloqué au B.R. et n'avait pu rejoindre le 64 que pour la course vers l'ALLEMAGNE. Nous reprenons l'autoroute déjà suivie le 3 mai, mais dans le sens SALZBURG-MUNICH. Une fois encore, les A.M. battent leur record de vitesse. En fin de journée, nous arrivons sur les bords du lac STARNBERGERSEE, au sud-ouest de MUNICH. Un détachement précurseur a préparé le cantonnement pour l'escadron à BERNRIED. Avec René TROËL, P'tit Louis, notre nouveau radio Hugues CHATEL, nous logeons chez un couple d'une bonne soixantaine d'années. Lui, assis dans un fauteuil, une jambe coupée, ne desserre pas les dents. Elle, craintive, après nous avoir servi le repas qu'elle avait préparé, nous indique chacun notre lit dans leurs deux autres pièces et part chez ses voisins pour y passer la nuit. Mes trois "complices" n'ont pas envie de dormir tout de suite. Fatigué par l'étape d'aujourd'hui, je les les laisse dans leurs chambres et je m'installe sur le divan de la cuisine. Le pépére est toujours sur son fauteuil. Par précaution, on ne sait jamais, je garde mon P38 sur moi. Réveillé à plusieurs reprises au cours de la nuit, je vois que le pépère dort mieux que moi.
Jean PFLIEGER Rang: Administrateur
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Sujet: 9 mai 1945 Sam 9 Mai 2015 - 12:47
[Mercredi 9 mai 1945]
Le lendemain matin, peiné de voir cet infirme et son épouse nous avoir laissé toute la place, j'essaye de les apprivoiser. "C'est normal. Vous êtes les vainqueurs. — Oui, mais nous ne sommes pas des sauvages." Finalement, ce bavarois nous apprend qu'il avait perdu sa jambe au cours de la bataille de la SOMME en novembre 1916. Nous comprenons alors son attitude. Un courant de sympathie se crée. Nos hôtes acceptent de prendre maintenant leurs repas avec nous, et lui de se coucher sur le divan de la cuisine.
Le soir, je vais chercher dans l'A.M. ce qu'il faut pour arroser cela et j'annonce: "Offert par HITLER". L'ancien rétorque: "HITLER, c'est comme votre NAPOLÉON: deux orgueilleux qui ont entraîné la perte de leur patrie." Et il ajoute: "Je suis bavarois. Je n'aime pas la FRANCE, mais je peux aimer des français comme vous." Il était certainement sincère. Il a trinqué avec nous.
Et quand nous sommes partis cinq jours plus tard, les deux bons vieux nous ont offert du miel de leur fabrication: "Un petit pot pour chacun que vous donnerez à vos parents quand vous rentrerez chez vous, de la part d'un bavarois qui s'est battu contre la FRANCE et qui y a laissé une jambe. En voici un grand pour vous quatre. Si, un jour, vous revenez par ici, votre visite nous fera grand plaisir. Je vous répète: je n'aime pas la FRANCE, mais j'aime des français comme vous." Et il nous ont embrassés les larmes aux yeux.
Le temps passe vite à BERNRIED et le lac rend le séjour agréable. Il y a cependant l'entretien des véhicules. En graissant l'avant de mon A.M., je m'aperçois que la lame maîtresse du ressort gauche est cassée depuis un certain temps: ce qui se voit d'après le frottement des deux parties. Je me souviens alors du craquement quand les deux Sherman m'ont sorti du terrain marécageux avant BAD TÖLZ. Une peur rétrospective me saisit. À deux reprises, sur l'autoroute, j'ai roulé à plus de 80 miles! Je ne pensais pas utiliser le ressort de rechange fixé sur l'avant du blindage.
Dernière édition par Jean PFLIEGER le Mer 13 Mai 2015 - 10:06, édité 1 fois
Jean PFLIEGER Rang: Administrateur
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Sujet: 13 mai 1945 Mer 13 Mai 2015 - 10:07
[Dimanche 13 mai 1945]
Le lac invite à la baignade, à des promenades en barque et … à certaine facétie.
Le dimanche après-midi (13 mai), Robert DURET et moi voyons un gars de l'échelon sur une barque, en galante compagnie. Nous ne pouvons pas résister à l'envie de retourner l'embarcation et ses occupants. Les deux pépées reviennent à la nage, furieuses à l'arrivée de voir leurs robes légères devenues transparentes à la suite de ce bain forcé. Il paraît que l'une était la fille du bourgmestre!
BERNRIED, c'est aussi le souvenir d'une opération récupération de quelques postes de T.S.F., opération menée par les différents pelotons, mais que seul, le troisième a payé lourdement. Le capitaine DA a profité de cette occasion pour nous retirer notre chef de peloton, oubliant, ou peut-être jaloux de tout ce que le peloton de LA MOTTE avait réalisé depuis ÉCOUCHÉ, et tout dernièrement encore en arrivant à BERCHTESGADEN une heure et demie avant les fantassins de l'ancienne compagnie de DRONNE et les parachutistes américains de la 101ème Division Airborne, épisode rappelé dans "La 2ème D.B. Combats et combattants en FRANCE." (imprimé au 2ème trimestre 1945 et remis aux anciens dès sa parution) page 150: "Les spahis de LA MOTTE sauvaient au dernier moment leur honneur de motorisés en réquisitionnant un camion de la Wehrmacht sur lequel ils faisaient leur entrée." Ce camion avait été récupéré à SCHWARZECK et m'avait doublé peu avant BERCHTESGADEN où j'arrivais à bicyclette.
Quelques jours après cette opération "postes de T.S.F.", Bernard sera remplacé par Paul WILLING. Avant de quitter BERNRIED, nous nous répartissons ce qui reste des bouteilles du BERGHOF. Pour chacun, quelques bouteilles que nous pourrons remporter avec nous quand nous serons rendus à la vie civile. Il en reste encore assez pour les jours à venir. Le 3 avril 1949, à l'occasion de ma première messe à PAGNY-SUR-MOSELLE, René TROËL, P'tit Louis, Guy CONUS et tous mes amis ont dégusté les dernières bouteilles de Cognac de BERCHTESGADEN.
Jean PFLIEGER Rang: Administrateur
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Sujet: 14 mai 1945 Jeu 14 Mai 2015 - 20:37
Lundi 14 mai 1945
À 17h00, nous quittons le STARNBERGERSEE, BERNRIED et ce couple de bons vieux bavarois. Nouveau cantonnement à LENGENFELD, petit village moins touristique que BERNRIED, au sud de LANDSBERG. Pas de lac pour nous baigner. Nous prenons des bains de soleil.