Suite à une demande insistante, je mets en ligne dès maintenant ce reportage bien qu'incomplet. En effet, j'attends quelques photos complémentaires qui m'ont été promises. Elles seront les bienvenues pour illustrer par l'image la richesse des allocutions prononcées et la ferveur de l'assistance.Une foule de passionnés s'est réunie ce matin à
Flinpour célébrer le 70ème anniversaire de la libération,
autour des personnalités parmi lesquelles nous remarquons:
- Mr Jean-Paul FRANÇOIS, Maire de la commune, et ses Conseillers municipaux,
- Mr Jacques LAMBLIN, Député,
- Mme Rose-Marie FALQUE, Conseillère Générale
et Présidente de l'Association des Maires de Meurthe-et-Moselle,
- de nombreux Maires de la Communauté de Communes des Vallées du Cristal ou leurs représentants,
- le Commandant de la gendarmerie de Baccarat
venus entourer:
- Mr Alain RAPHAËL, Ancien de la 2ème DB (501ème RCC)
représentant la Fondation Maréchal Leclerc,
- Mr Albert DUCHESNES, dernier Ancien de la 2ème DB (R.M.T.) du lunévillois,
qui porte toujours fièrement le drapeau de l'amicale,
- Mr Claude MESSIN, fils d'Abel MESSIN, F.F.I. puis soldat de la 2ème DB,
- Le Sergent-chef Astrid HATTON, petite-fille d'Abel MESSIN
sans oublier:
- Mr Gilbert SCHAEFFER, Président de l'amicale des Anciens et amis de la 2ème DB du secteur,
- Les portes-drapeaux
- Le Président des Anciens combattants de
Flin- L'Harmonie Municipale de Baccarat
Les cérémonies débutent par l'arrivée d'une colonne
d'une trentaine de véhicules de collection:
Photo en attenteMme Dominique MESSIN,
Conseillère municipale & Présidente du Foyer Rural de
Flinà qui nous devons l'organisation minutieuse de cette journée,
adresse la bienvenue à tous ceux qui ont répondu à l'invitation:
Photo en attenteLa Municipalité et le Foyer Rural de
Flin sont fidéles à la mémoire
de la Division Leclerc qui combattit et séjourna dans ce secteur.
Une plaquette avait été éditée pour le 50ème anniversaire,
les festivités du 60ème avaient été l'occasion d'un spectacle mémorable,
maintenant, en ce 70ème anniversaire,
une borne voudrait rappeler aux générations futures
que la liberté dont nous jouissons aujourd'hui paisiblement
a été acquise au prix de nombreux sacrifices.
Écoutons Mme Dominique MESSIN nous évoquer ces journées historiques:• Depuis 1936, la guerre couve…
Au son du bruit des bottes, le mal se répand…
L’envahisseur étend son ombre sur l’Europe!
1939: nous sommes à
Flin, au mois de septembre:
la guerre, encore la guerre: le bruit, la mort et l’Occupation.
1944: cinq longues années, tristes, dures sont passées…
Cinq longues années faites de souffrances, de sacrifices.
• Le bruit des chenilles des blindés a beaucoup retenti
sur nos routes et chemins de campagne:
le 8 septembre 1939,
le 28° bataillon de chars installe son cantonnement à
Flin,
bien accueilli par la population.
Il partira vers les Ardennes le 10 décembre de la même année.
Dans un calme relatif, la «drôle de guerre» va durer jusqu’en mai 1940.
• Les 19 et 20 juin 1940, la commune échappe à la destruction
grâce au sang-froid du
Commandant PÂTÉ, un enfant du pays
(La Pointerie, tréfilerie porte toujours son nom!)
Il mène des combats de retardement avec sa 41° demi-brigade de chasseurs à pied,
en affrontant l’ennemi non dans les rues du village
mais au cœur de la forêt de Chèvremont
Un haut fait d’armes qui, déjà, fait entrer
Flin dans l’histoire de ce conflit.
• Eté 1940:
que l’on parte ou non, la débâcle touche tout le monde
et après l’Armistice, il faut bien vivre avec l’Occupant:
4 longues années de difficultés, de craintes, de réquisitions, …
bref, tout ce qui fait en France la vie sous la botte.
On pensait alors avec angoisse et tristesse aux 25 villageois prisonniers.
Mais, dans le plus grand secret, à
Flin comme ailleurs,
la Résistance s’organise…
«Le charcutier aime le salami»…
Par ce message, Radio-Londres annonce à la douzaine de F.F.I. locaux,
les différents parachutages au «Parc d’Aviation».
Après chaque largage, les armes (même des petits canons de 37) et les munitions
sont acheminées par voitures attelées à des bœufs
vers l’important maquis de la forêt de Charmes.
• Le 20 juillet 1944,
l’armée allemande s’installe dans «l’Ecole Missionnaire» de Ménil-
Flin.
Le 30 août, on entend le canon tonner au loin.
Le 1° septembre, les réquisitions se multiplient:
35 chevaux et leurs attelages partent en direction d’Offenbourg.
La vingtaine de Flinois réquisitionnés pour les conduire réussira à s’échapper
et les derniers rentrent au village le 6.
Dans la nuit du 13 au 14 septembre,
de formidables explosions assez proches:
le pont de Chenevières saute
tout comme la papèterie et son dépôt de munitions allemand,
féerie inquiétante.
• Jeudi 14 septembre 1944: Jour « J »…
A 13h, c’est au tour du pont de
Flin de sauter (comme en 1914 et 1940).
Retraite précipitée des Allemands sous le feu des F.F.I.
Et les Américains?
Ils arrivent par Vathiménil tout d’abord, par la nationale 59 ensuite.
Ce jour-là, à 13h15, un grand cri de joie retentit dans les rues,
les cloches des 2 édifices religieux sonnent.
En vérité, il s’agit de simples éléments de reconnaissance.
Les F.F.I. sont là, assurant la liaison.
Malgré les allers et venues des «fantômes de Patton» dans le village,
les Allemands effectuent eux-aussi des reconnaissances dans le no man’s land.
On se rassure le dimanche 17:
les drapeaux fleurissent aux fenêtres,
les Ménilois vont à la grand’messe à
Flinen franchissant comme ils peuvent le pont démoli.
C’était trop beau. Mais la joie aura tout de même duré… 3 jours!
• Et arrive le lundi 18…
A partir de 8h, venant de Baccarat,
une importante colonne de blindés allemands traverse Ménil;
Les drapeaux sont remballés, on se réfugie dans les caves.
Dans la matinée, des Allemands traversent le pont détruit au moyen d’échelles et vont à
Flin(apparemment, ils ne savaient pas que Ménil
Flin est un hameau de la même commune!).
Tous les jeunes hommes se sauvent, les F.F.I. surtout:
Oradour est dans tous les esprits.
Une dizaine d’hommes âgés seront alignés devant l’église et tenus «au mur» pendant une heure.
Miracle, ils ne seront pas fusillés:
l’unité semble avoir surtout pour but d’incendier le village.
C’est par le presbytère que commence la mise à feu,
la Gestapo étant informée que le père Blondeau, curé de la paroisse, est un chef du maquis.
Des drames surviennent:
chez Magron, le feu est mis à un berceau, le bébé fort heureusement enlevé à temps
(et je ne peux pas m’empêcher de vous signaler que ce bébé, André,
qui vit maintenant dans le Sud-Ouest
est le premier à s’être inscrit pour participer à cette journée commémorative!);
au Café du Pont, la propriétaire, Marie-Claire Simon
est contrainte, sous la menace d’une mitraillette, de mettre elle-même le feu!
Chacun quitte sa demeure en toute hâte!
Les Allemands empêchant tout retour,
rien de ce qui aura fait la vie de ces familles ne pourra être sauvé:
69 maisons, les ¾ du village vont brûler pendant 3 jours
(je viens d’apprendre que les cendres et les escarbilles arrivaient jusqu’à Vathiménil).
• Le drame est consommé. Le front se stabilise.
Le mercredi 20, la 2° DB du Général Leclerc aborde
Flin, ruines encore fumantes,
et les Allemands se replient sur Ménil.
Un nouveau calvaire commence, cette fois pour Ménil,
sous le sifflement des balles et l’éclatement des obus.
Mal informés, les «gars de Leclerc» ne parviennent pas à franchir
dans un premier temps l’obstacle de la Meurthe.
Renseignés par
Abel MESSIN,
un des F.F.I. locaux engagé le matin même dans leur unité,
c’est seulement le 22 septembre à 17h, sortants de la forêt de Chèvremont,
que les chars du 1° régiment de marche du Tchad franchissent l’obstacle,
à la suite de l’infanterie qui a délimité le gué à environ 200m en aval du pont détruit.
Un quart d’heure plus tard passe la Jeep du Général lui-même,
képi sur la tête, canne à la main!
Les libérateurs sont enfin là!...
Mais Abel Messin ne verra pas ce jour tant attendu:
blessé par éclats d’obus lors du passage de la Meurthe,
il sera évacué vers l’Angleterre le jour même
et ne rejoindra ses compagnons que pour la campagne d’Allemagne!
Mr Jean-Paul FRANÇOIS, Maire de Flinpoursuit le récit de la campagne de la Division Leclerc.
Photo en attenteIl explique pourquoi cette borne est située là, face à l'École missionnaire:
le Général LECLERC y a passé la nuit avec ses hommes,
et c'est de là qu'il a donné l'ordre du départ pour libérer BACCARAT.
Mr Alain RAPHAEL, Ancien de la 2° DB (501ème RCC)qui assurait la garde rapprochée du Général,
représentant la Fondation Maréchal Leclerc et la Maison des Anciens de la 2° DB,
prononce alors cette allocution:
Photo en attenteMonsieur le Maire
Monsieur le Député
Monsieur le Conseiller Général
Madame Dominique MESSIN,
Conseillère Municipale et initiatrice de ces cérémonies du souvenir
Chers Amis de
FLIN, MENIL-
FLINMon AMI, le Colonel COURDESSES,
Président National de l’Association des Anciens de la 2° DB,
Président de la Fondation Maréchal LECLERC
ainsi que le Général d’Armée CUCHE, vice-Président,
m’ont demandé de vous présenter leurs regrets de ne pouvoir être parmi nous en ce jour.
Me considérant comme un peu le régional de l’étape, ils m’ont demandé de les représenter.
En effet, en étant parmi vous aujourd’hui,
j’ai le sentiment, oh combien émouvant, de me retrouver 70 ans en arrière,
pénétrant dans votre village totalement détruit
venant de MOYEN, après avoir traversé VATHIMENIL.
Nous traversions la Meurthe à gué grâce aux indications d'Abel MESSIN,
enfant du pays qui venait de s’engager à la DB.
Ensuite j’ai passé de longues semaines dans la forêt de MONDON tout près de vous
puisque, entre deux tours de garde et quelques rafales d’obus,
je venais quérir quelques vivres frais dont vous vous priviez
et qui amélioraient l’ordinaire de l’équipage de mon char.
Mais passons sur ces souvenirs…
Aujourd’hui en inaugurant cette borne du souvenir,
vous avez voulu être un maillon de la longue chaîne des villages, des bourgs, des villes
libérés par la 2° DB du Général LECLERC.
Par ce geste émouvant vous remplissez une MISSION sacrée,
excusez mon outrecuidance,
mais je préfère ce terme de mission au terme officiel de devoir de mémoire,
celle du souvenir, de la reconnaissance
et la perpétuation dans l’avenir de l’ESPRIT LECLERC,
cet esprit qui nous animait, il y a 70 ans
et qui, grâce à l’allant et au courage exemplaire de notre chef,
nous a permis de remplir la mission que nous avait confié le Général de GAULLE
d’être un élément actif de la libération de notre PAYS.
Déjà Monsieur Claude MESSIN qui est parmi nous avait montré l’exemple suivant celui de son père
ce qui lui valut, en 1975, de remporter le 1er prix de la Fondation Maréchal LECLERC.
La 2ème Division Blindée c’est avant tout des hommes de toutes origines,
sociales, politiques, ethniques, religieuses
et même des étrangers-français de cœur
qui, ne pouvant pas souffrir une France asservie,
s’étaient engagés sous le Drapeau de la France Libre du Général de Gaulle.
Mais ils avaient tous en commun la défense de la liberté et l’amour de leur Pays.
C’est cet amour qui les unifiait.
Mais la 2ème DB c’est aussi un chef, le Général LECLERC.
UN chef charismatique, emblématique et exigeant qui aimait ses hommes;
ceux-ci le lui rendaient bien.
Ce militaire de grand talent a été de tous les combats contre le nazisme.
Depuis son origine, dès Juillet 1940,
les hommes qui en furent le noyau combattirent dans les sables de Libye, en Tunisie.
Ses effectifs largement complétés et réarmés au Maroc, à Témara
avec du matériel américain neuf de dernière génération.
Débarquée en août 44, elle prend donc part à la libération de Paris
avant de s’illustrer dans d’autres combats libérateurs.
En particulier, c’est d’ici même, devant cette École Missionnaire,
que le Général LECLERC donna, après de longues semaines d’immobilisation,
le top départ de sa Division à l’assaut qui mena à la libération de BACCARAT
en une seule journée de combats
grâce à une préparation minutieuse des opérations.
La 2ème Division Blindée, c’est tout cela, mais c’est aussi bien plus,
puisqu’elle est encore vivante aujourd’hui grâce à ces commémorations,
aux derniers compagnons qui sont encore ici devant vous
et plus encore à travers la Fondation hommage au Général LECLERC et à ses Hommes
qui perpétuera son esprit.
Merci cher Amis de
FLIN, MENIL-
FLIN,
de m’avoir invité à partager ces moments
qui doivent être aussi un message de courage pour affronter l’avenir.
Mr Jacques LAMBLIN, Députéa salué le courage et la détermination des gars de Leclerc pour libérer leur pays
et fait un parallèle avec nos militaires actuels
qui participent dans d’autres pays au combat pour la liberté contre la barbarie.
Photo en attenteDévoilement de la borne:Le sergent-chef Astrid HATTON, petite-fille d'Abel MESSIN, dévoile la borne:
© Foyer rural de
FLINUne minute de silence est observée:
© Foyer rural de
FLINPuis une gerbe est déposée par Mr Alain RAPHAEL au nom de la 2ème DB
et Mr Jean-Paul FRANÇOIS, Maire de
Flin:
Photo en attenteUne photo souvenir (de gauche à droite):
- Mr Alain RAPHAËL
- Mr Albert DUCHESNES
- Mr Gilbert SCHAEFFER
- Sergent-chef Astrid HATTON
© Foyer rural de
FLINAu cimetière de Flin:L'assistance se rend ensuite en cortège au cimetière de
Flin,
qui en véhicule d'époque, qui en minibus, qui à pieds…
Photo en attenteNous voici réunis devant le monument aux Morts:
Photo en attenteMr le Maire dépose une gerbe en hommage à ceux qui sont tombés
au cours du dernier conflit mondial:
Photo en attenteDes enfants fleurissent les tombes du carré militaire,
Denis RENAUD dépose une gerbe sur la tombe de son grand-oncle,
le Commandant Eugène PATÉ,
et Claude MESSIN sur celle de son père, Abel MESSIN.
Photo en attenteAu village:Retour au village où un vin d'honneur est offert par la Municipalité
sous les chapiteaux dressés près de la Salle des Fêtes:
Photo en attenteUn repas offert par le Foyer Rural réunit les invités dans une ambiance chaleureuse:
Photo en attenteÀ partir de 16h, des animations sont proposées:
un campement est établi par les collectionneurs de véhicules anciens
qui proposent des circuits en forêt de Chèvremont
sur les traces des F.F.I. et des gars de Leclerc.
© Foyer rural de
FLINLa soirée se poursuit sous l'égide du Foyer Rural qui a fait les choses en grand:
- un repas traditionnel, avec quiche, potée lorraine, salade, fromage et dessert
- un spectacle pyrotechnique illustrant la libération de
FlinPhoto en attenteTEXTE PARU DANS LE BULLETIN MUNICIPAL:70 ans après la libération
Grand rassemblement le 25 septembre sur la place de Ménil. Véhicules militaires anciens présentés par des passionnés, fanfare de Baccarat, anciens combattants, autorités militaires et civiles, invités… et de nombreux habitants étaient présents pour l’inauguration de la borne de la 2ème DB. Car l’histoire a placé
Flin sur le chemin du serment de Kouffra. Si
Flin fut occupée, malmenée, incendiée elle fut libérée par des hommes courageux, menés par le Général LECLERC. Ils ont risqué leur vie pour notre liberté. C’est un fait, cette liberté a eu un prix. Rien que sur cette période, une vingtaine d’hommes de la deuxième division blindée ont été tués sur notre secteur dont au moins 5 sur la commune. C’est pourquoi la commune a tenu à avoir cette borne en reconnaissance à nos libérateurs. Cette borne est là aussi pour rappeler l’histoire à nos jeunes habitants.
La commune a reçu la médaille de la 2ème DB.
Ce fut une cérémonie belle et émouvante. Bien des personnes ont tenu à me l’exprimer. La fin de la journée organisée par le Foyer Rural fut une réussite. Un feu d’artifice magnifique clôtura la soirée. Il restera gravé dans de nombreuses mémoires.
Merci à tous ceux qui ont œuvré pour la réussite de cette commémoration et pour celle de la fête qui a suivi.
Tous mes remerciements à Mme Dominique MESSIN
qui a veillé attentivement à l'organisation de cette journée
et a transmis la documentation permettant la publication de ce reportage.