Bonjour,
Henry-Jacques COHEN faisait partie de la 1e C.A.C.C. puis de la 1ère Compagnie du 501e R.C.C.
On peut trouver beaucoup d’ informations sur Henry Jacques COHEN à travers la lecture de l’ouvrage de
Pierre QUILLET, Le chemin le plus long, sur la 1e Compagnie du 501e R.C.C. Tout au long de son étude historique, on peut reconstituer assez précisément son parcours :
︎ le 20 JUIN 1940, il embarque sur un bateau depuis le Pays Basque pour rejoindre l’ Angleterre. ( peut-être sur le HMS Ettrick depuis Saint-Jean-de-Luz ), il n’ a que 20 ans et un mois
Pierre QUILLET, Le chemin le plus long, p.77
" Les avant-gardes allemandes atteindront Saint-Jean-de-Luz le 27 juin 1940. Le 17, elles approchent de Rennes, de Nantes, de Vierzon,...
Dans ce bref intervalle de 10 jours quelques milliers d'hommes vont embarquer pour l'Angleterre dans ce petit port de pêche que rien ne préparait à ce destin, sinon sa position de dernier port français avant la frontière espagnole. [ ... ] parmi ces réfugiés un médecin de Limoges ( KREMENTCHOUSKY Alexandre ), 2 gendarmes ( MALIN Henri et MESTIVIER Guy ), un professeur de l’ université de Toulouse ( Raymond ARON ), des fantassins repliés ( DURAND-VIEL Michel, LÉONARD Louis, DAUFRESNE DE LA CHEVALERIE, ISAMBERT Jacques ), des lycéens ou étudiants ( BERGER Jean, CALDIER Paul, CASTERÈS Pierre,
COHEN Henry Jacques, GALLEY Robert, HÉBERT Bernard, HÉBERT Jacques), KOENIG, LABORDE, LAFONTAINE, SARCELET Jean, TOUNY Roger..., un employé de commerce ( BIGNALET Gaston )..."
︎juillet 1940 à Londres, il est engagé dans la 1e C.A.C.C. ( 1ere Compagnie Autonome de Chars de Combats ) qui est équipée de 12 chars Hotchkiss de la 342 CACC revenue de Norvège.
︎31 août 1940 à Liverpool, il embarque à bord du Pennland qui navigue en direction de Dakar
Pierre QUILLET, Le chemin le plus long, p.139
Dans l'Atlantique,15 septembre 1940.
À bord du Pennland l'atmosphère est un peu tendue. L'isolement de la traversée, prolongée par d'interminables détours ( ils se sont trouvés un moment dans les eaux canadiennes ), en est partiellement la cause. La menace des sous-marins est toujours présente, bien qu'on évite d'en parler. Des exercices d'alerte sont fréquents. Fréquente aussi les revues de détails - mais là on sait bien que c'est pour occuper l'esprit de la troupe, et qu'il n'y a pas eu un ceinturon perdu depuis Liverpool.
Il n'y a jamais une goutte de vin à l'ordinaire. Ils finiraient par en oublier le goût. Sauf brusquement, Dieu sait pourquoi, le 15 septembre, un quart de rouge pour chacun. À cette seule pensée, les humeurs s'excitent. Il y en a qui, pour du vin, pour 25 centilitres de vin...
Henry-Jacques COHEN dit imprudemment que ça ne l'intéresse pas, qu’il ne boit jamais de vin, qu'il s'en fout.
- Tu me refiles ton quart de vin, lui demande JÉGOU, puis TROMEUR, puis BÉRROCHE.
- oui d'accord, répondit Henry-Jacques à JÉGOU, à TROMEUR, à BERROCHE, comme si ça ne tirait pas à conséquence.
Bref, il a promis à tous les trois un seul et unique quart de rouge, machinalement. Quand il s'agit de s'exécuter, le ton monte. Les trois Bretons se foutraient sur la gueule pour moins que ça, et pour commencer c'est Henry-Jacques qui va tout prendre...
- Foutez-moi la paix, bon Dieu !
Et, d'énervement, il jette le contenu du quart par le hublot. Hurlement terrible : les trois se précipitent sur lui, le soulèvent du sol et entreprennent de le jeter à la mer par le hublot.
Il faut l'arrivée du sergent pour empêcher le crime...
Qui va être sanctionné ? le coupable, évidemment. Celui qui a provoqué l'incident : Henry-Jacques. "
︎21 septembre 1940, Freetown
︎23 septembre 1940, échec du débarquement à Dakar
︎6 octobre 1940, Douala
Pierre QUILLET, Le chemin le plus long, p.181-183
19 décembre 1940, Douala - prise d’armes sur les quais
" Dès 7h devant les bâtiments de la douane, sur le bord du Wouri, mise en place des troupes pour la prise d'armes de la victoire.
Les 12 chars H39 sont rangés en ligne le long du quai, ainsi que (engin de guerre inattendu) la moto du lieutenant KREMENTCHOUSKY en bout de file. Deux compagnies de Légionnaires ont formé les faisceaux ainsi qu'une compagnie de tirailleurs en chéchias. [ ... ]
Dans les chars, dans la petite compagnie de 125 hommes en tout ( y compris officier sous-officier), les perspectives de carrière ne sont guère plus ouvertes - mais il n'y a pour ainsi dire pas de militaire de carrière. VOLVEY a bien annoncé l'ouverture d'un cours d'élèves officier à Brazzaville.
- Mais attention ! a-t-il prévenu, ce cours ne prépare pas à la spécialité blindées. Attendez-vous à être nommé ensuite aspirants dans n'importe quelle unité.
Du coup, ceux qui étaient désignés ( ceux qui ont leur bachot seraient probablement admis au peloton d'E.O.R dans la limite des places disponibles) ont presque tous retiré leurs billes. La récompense princièrement annoncée par MONCLAR les confirme dans l'idée de l'enlisement qui les guette dans la carrière militaire. La guerre ne durera pas toute la vie il y aura des survivants. Et à tout prendre, même si les blindés de la Compagnie laissent fort à désirer, ce sont quand même des blindés. Un jour ou l'autre, ce matériel exténué sera remplacé. Tandis qu'une fois dans la Légion... et les Légionnaires non plus, naturellement, ne voudraient jamais quitter leur unité. Mais eux, c'est pas esprit de famille.
Quelques hommes de la compagnie seulement ont accepté leur désignation : AGENET, DAUFRÈNE DE LA CHEVALLERIE, DEBLOIS, FRANJOUX, HÉBERT Bernard, LE GOASGUEN, LÉVESQUE, NOREAU, PAILLERET, SAVARY, ZVINGHDAU. La désignation de HERRY n'a pas été envisagée, car il est puni : il a attrapé 15 jours de prison sur le Pennland pour avoir dit merde au caporal chef de table CHAMARANDE. De toute façon, il se considère comme un amateur et se fait un point d'honneur de ne jamais se porter volontaire, pas plus que de se soustraire à un ordre ou à l'exigence d'une situation. S'étant porté volontaire une fois pour toutes le 1er juillet à Londres, il n'a jamais éprouvé le besoin d'en rajouter.
Il faut évidemment compter avec ceux qui, tout en s’étant engagés pour la durée de la guerre à la même date, n’ont que dédain pour l'institution militaire, comme BERGER, CALDIER, COHEN, DURAND-VIEL, ou LABORDE."
︎26 Octobre 1940, Mitzig
︎16 Janvier 1941, Pointe Noire
︎6 Février 1941, Freetown
︎24 Février 1941, Le Cap
︎27 Mars 1941, Durban
︎22 Avril 1941, Suez
︎Mai - Juillet 1941, Liban et Syrie
︎ Avril 1942
La 1e C.A.C.C. commandée par le capitaine DIVRY devient la 1e colonne volante FFL, elle est équipée de chars Anglais Crusader II
Henry-Jacques COHEN est radio à bord d’un char dans la 2e section du sous-lieutenant GALLEY.
︎11 au 15 août 1942, Quelque part au désert
Pierre QUILLET, Le chemin le plus long, p.362-364
" Le 11 août, DURAND-VIEL, BERGER, COHEN et ALMA sont portés manquants. Le 15, déserteurs ( sous réserve qu’ils pourraient avoir été tués). L'aspirant HERRY fait une enquête discrète auprès des gars. Personne n'est dans la confidence semble-t-il. Isambert avoue que ALMA qui avait bu (de l'eau de Cologne, boisson à laquelle il s'adonne parfois - faute de mieux ?) à tenter de le persuader de filer en Irak. Il l’en a dissuadé, du moins c'est ce qu'il pensait.
Le capitaine DIVRY se pose de sérieuses questions. Mais il garde pour lui ses hypothèses.
BERGER et ALMA sont tous les deux tireurs à la section de commandement, l'un sur le char de l'aspirant HÉBERT, l'autre sur celui du sergent-chef DEVALEZ. On peut les remplacer naturellement mais ce sont de bons tireurs. DURAND-VIEL et COHEN (que tout le monde appelle Henry-Jacques) sont radios, l'un sur le char de l'aspirant TOUNY à la première section, l'autre sur le char de l'aspirant GALLEY qui commande la deuxième section. La radio est aussi une spécialité mais qui demande moins de réflexes, moins d'entraînement. Ce n'est pas un grand problème.
DIVRY s'arrange pour convoquer CALDIER sous un prétexte, puis CASTÉRÈS, séparément. Ils ne révèlent rien, ni l'un ni l'autre, mais ils ne semblent pas porter le deuil de leurs copains, ce qui, en gros, est plutôt rassurant. Cette disparition aurait dû alarmer toute la bande des inséparables.
À quelques 30 km au nord, plus près de la côte, les quatre fugitifs tâtent le terrain autour d'une unité d'A.M sud-africaines. Pour les transporter ici ou là, tout va très bien, mais s’ils se présentent à un corps de garde pour demander un emploi, aussitôt les choses se gâtent : leur identité, leur appartenance, leur affectation, leur motivation..., sont-ils en règle avec leur unité d'origine... ? Aucun officier ne se déplace, ils n'ont à faire tout au plus qu'à des adjudants. Et la réponse est partout la même : Dégagez, nous avons ordre de tirer à vue sur les irréguliers !
En une semaine ils ont parcouru le front et les arrières du front...
Maintenant peut-être faudrait-il mieux rentrer ?
Lassitude et un peu de nostalgie. Il serait sûrement possible de continuer à errer, mais tout aussi vainement sans doute.
DIVRY est furieux contre ces 4 crétins qui viennent de rentrer la queue entre les jambes, furieux de la peur qu’ils lui ont causée et furieux aussi d’être à ce point soulager de leur retour.
Il faut prendre une sanction extrêmement sévère, à la mesure de la faute, et pour l'exemple, car toute la compagnie a évidemment les yeux fixés sur lui. La discipline est une denrée particulièrement périssable par cette chaleur, dans l'inertie et l'isolement. La raison qu'il donne : " on en a marre de ne pas se battre " est déarmante, si l'on peut dire - mais qui ne pourrait s'en prévaloir pour aller explorer le Western Desert ? La Compagnie est au bord de la liquéfaction...
D'abord la sanction la plus grave et la plus effective : ils perdent leur poste de combat dans les équipages. Prison : un mois, avec renvoi au colonel pour aggravation. Motif : "désertion".
Il faut peut-être nuancer, car la désertion devant l'ennemi coûte plus cher: le peloton d'exécution.
Le capitaine finit par écrire : " désertion vers l'avant ", formule inédite qui va plutôt mettre l'Etat-Major dans l'embarras. Il faut quand même éviter d'aller jusqu'à la dose prescrite : les 12 balles dans la peau. Mais en restant ferme sur les autres dispositions.
Pour ce soir, les 4 déserteurs couchent en prison, gardés par deux de leurs camarades en arme. La prison est un recoin entouré de barbelés.
DIVRY se doute bien que les condamnés et leurs gardiens sont en train de discuter ensemble.
Pour les postes de combat, il reçoit à la nuit tombée, la visite de HÉBERT et de DEVALEZ qui sont tout à fait partisans de la fermeté, mais souhaiteraient ne pas perdre définitivement leurs tireurs. Il faudrait sans doute mieux ne pas transmettre à l'état-major de RÉMY un dossier trop explosif... laisser entendre que les gars se sont égarés..."
︎Octobre - Novembre 1942, bataille d’El-Alamein
Il participe à la bataille d’El-Alamein en octobre et novembre 1942, en renfort de la 8th Army.
La 1e CACC combat ensuite en Cyrenaïque puis en Tripolitaine.
︎ 22 Février 1943, Tripoli
︎25 Février 1943, entre en Tunisie
︎Mars 1943, bataille de Médenine
︎11 mars 1943, rattachement à la Force L.
︎20 mai 1943, défilé de la Victoire à Tunis
︎Juillet 1943, Sabratha, création de la 1e Compagnie du 501e R.C.C.
︎Janvier 1944, Maroc,
Henry- Jacques COHEN mentionné radio sur le char Narvik à la 1e section de la 1ere Compagnie, commandée par le sous-lieutenant GALLEY.
︎Juin-Juillet 1944, Angleterre, Huggate
︎1 Août 1944, Utah Beach, Saint-Pierre de Varreville
︎26 août 1944, Paris
Selon les témoignages, et les distinctions, Henry- Jacques COHEN est sans doute radio membre du char Norvège du Capitaine BUIS à la section de commandement de la 1e Compagnie.
Pierre QUILLET, Le chemin le plus long, p.575
" C'est dans les premières fumées de l'aube que le jardin des Tuileries où la Compagnie a passé la nuit, se révèle sans doute dans toute la beauté classique d'un espace mythologique. L'immense bassin circulaire contient une centaine d'hommes batifolant, s’inondant les uns les autres comme des demi-dieux en liberté. Une partie des chasseurs de la Compagnie de char prend son bain matinal dans une gaieté de prime enfance.
Pour le petit-déjeuner, ce matin, ce sera du thé comme jadis au désert. Après tout, depuis le temps, on s'y fait, et le café du continental breakfast des bistrots parisiens est vraiment trop infâme.
Il faut être fin prêt pour le début de l'après-midi afin de servir de garde d'honneur, ou de garde tout court, on verra, au Chef de la France Libre qui va descendre à pied les Champs-Élysées. Chacun sait que dans l'armée, même si on ne fait pas grand-chose, on s'y prépare longtemps à l'avance.
Donc, astiquez-vous et surtout astiquez les chars. Il faut que tout brille comme la Victoire.
Vers 10h, un motard du PC divisionnaire débarque au jardin portant un message prétendument urgent pour le capitaine commandant la première compagnie du 501.
- ... en main propre insiste le messager.
- Le capitaine est sur son char mais il n'est pas question de le déranger en ce moment.
Quelques hypothèses se bousculent vainement sous le crâne du motard qui s'obstine pourtant comme un malappris.
Le capitaine est effectivement sur le Norvège, au soleil, assis sur la plage arrière, adossé à la tourelle, les jambes allongées, crayon et carnet à la main.
- Le capitaine écrit des vers, finit par expliquer, irrité, le radio à l'écoute aux heures paires. Il a besoin d'être tranquille.
Le motard s'éloigne impressionné par ce mystère.
- Voilà ce que vous m'avez demandé dit Buis à Henri-Jacques COHEN tireur du char * ( radio plutôt ? ) et cinéaste dans le civil.
Ce sont des vers de mirliton mais, après tout, ce qu'il vous faut pour votre film c'est une rengaine qui vient marquer le tempo de l'histoire. Il faut une musique originale, pas un air connu. Un thème simple mais obsédant comme "Le chant des partisans" ou "Sur un marché persan".
Enfin débrouillez-vous ! Le cinéma c'est votre métier. "
︎21 Octobre 1944, Roville-aux-Chênes
Pierre QUILLET, Le chemin le plus long, p.601
" Dans un coin pas plus abrité qu'un autre, un élargissement de la route, trois arbres et un fossé, le Capitaine BUIS et l'équipage du Norvège reçoivent à déjeuner, - ou à dîner, c'est comme on veut, l'heure est un peu incertaine, vers quatre heures de l'après-midi. Au menu, en plus de rations diverses, une oie. La volaille est abondante dans les environs et surtout affamée. Sylvain ( CROSNIER ) se chargera de l'animation musicale avec sa guitare, son copain Henry-Jacques COHEN prendra des photos.
L' invité est le commandant Paul RÉPITON-PRÉNEUF, chef du 2 ème bureau de l'Etat-Major Divisionnaire. Comme tous les invités de marque, il est en retard et heureusement, car l’oie n'est pas encore plumée. "
︎2 Décembre 1944, Herbsheim
Mentionné comme chef du half-track radio à la section de commandement de la 1ere Compagnie du 501e R.C.C.
Pierre QUILLET, Le chemin le plus long, p.645
" l'équipage du Libye, ramassé par le half-track radio du Capitaine commandé par Henry- Jacques COHEN, est arrivé à point sur la petite place derrière l'église pour rassembler les prisonniers. Une cinquantaine.
Pour tous ceux qui portent les emblèmes SS, ou qui viennent de les arracher, tous ceux qui dissimulent leur grade ou, d'une manière ou d'une autre, cherchent à tromper les vainqueurs, pas de quartier.
Il ne reste pas grand monde.
Les pertes ont été très lourdes. Le plus effarant est l'obus de mortier qui est tombé en plein dans un half track du Génie qui venait de déminer le ponceau. Sanglante boucherie instantanée.
Pour Robert GALLEY, le Capitaine BUIS rédige une demande de citation à l'ordre de l'armée : 《 Magnifique officier, doté des plus belles qualités d'homme et du plus extraordinaire et intelligent courage de combattant, chef de section maintes fois cité, a conduit de façon magistrale l'attaque de Herbsheim le 2 décembre 1944. Au cours de quatre heures de âpres et sanglants combats, a détruit lui-même un canon antichar 88 PAK et successivement les emplacements d'armes automatiques d'un ennemi qui avait su remplir une mission de sacrifice. Pénètre dans le village malgré l'obstacle d'un puissant barrage de mines battu par le feu ajusté de l'artillerie ennemie, n'a cessé de faire montre, dans les moments les plus critiques, d'un calme et d'une maîtrise impressionnants. 》 "
︎1 Février 1945, Atzenheim
Citation ordre de la Division, Ordre Général n° 53 du 15 avril 1945 (4178)
︎4 Mai 1945, entre Rosenheim et Salzbourg
Pierre QUILLET, Le chemin le plus long, p.677
" L’itinéraire assigné au sous-groupement DELPIERRE n’ est certes pas le plus court : faire demi-tour vers le Nord, remonter vers l'autostrade à la hauteur de Rosenheim, la prendre si elle est effectivement praticable, sinon la traverser, en sortir vers le Nord et prendre des routes par Traunstein et Teisendorf en direction de Salzbourg, et trouver un passage vers Berchtesgaden.
Avant de se lancer faire les pleins, le ravitaillement est là ! Il est miraculeux que la Division n'est jamais manquée de carburant ( surtout quand on pense à ce qu'elle consomme ).
En fin de matinée, l'autostrade est moins chargée, le convoi s'y engage et fil à grande vitesse. Vers l' Est le temps est éblouissant, bientôt chaud. Des colonnes de prisonniers à pied avancent en sens inverse vers l' Ouest. Sur 7 ou 8 km, la chaussée longe la rive Sud de l'immense Chiem See, flaque bleue semée d’ilots de verdure ; à droite vers le Sud la chaîne des Alpes aux sommets enneigés nettement dessiné dans le ciel.
Entre Felden et Bergen, les gars se laissent glisser dans le sentiment qu'ils font un voyage touristique et s'installent dans des positions détendues lorsqu'ils ne sont pas au poste de conduite.
À ceux - la plupart - qui n'ont jamais mis les pieds en Allemagne, les clochers à bulbe surmontés d'une flèche aiguë perchés sur des collines donnent une impression de dépaysement telle qu'ils se croient bien plus loin à l'Est qu’ ils ne le sont, malgré la cadence forcenée des mouvements accomplis depuis une semaine.
Il faut se reprendre en mains pour ne pas perdre conscience de l'immense nappe d'horreur qui s'est répandue sur l'Europe à partir des hauts lieux de ce paysage divin. N'y a-t-il pas incompatibilité entre la blancheur des sommets, la pureté des lacs, la grâce des villages aux balcons fleuris et la vulgarité haineuse des discours de Hitler soulevant un enthousiasme délirant, comme chacun a pu un jour ou l'autre l'entendre à la radio ou le voir sur un écran.
《 - Non ! soutient BERGER avec Henry-Jacques COHEN et appuyé par GALLEY, au cours d'une halte, c'est parfaitement compatible. La doctrine de la race pure, et surtout de la race supérieure, va très bien avec la blancheur des sommets. Vouloir détruire tout ce qui grouille, tout ce qui est incontrôlable, c'est ça le nazisme. Tiens ! Regarde ce sapin isolé sur la colline ( Henri-Jacques COHEN le prend en photo ), c'est un sapin nazi...》
On se marre des grandes phrases des intellectuels, mais le paysage paraît ensuite plus arrogant que élégants. "
Voici donc tout ce qu’on peut retrouver sur ce Leclerc, un très beau parcours pointé de nombreux détails.
Cordialement