Journal
du Brigadier René ANTONI
du Peloton Mortiers du 12ème R.C.A.source
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Lundi 5 février 1945 : Contre-ordre, nous ne partons pas aujourd’hui non plus. Nous jouons aux cartes.
Mardi 6 février 1945 : Nous démarrons à 8 heures du matin. Çà bagarre dur. Nous tirons à deux reprises dans la journée. Tout le jour, nous recevons de l’artillerie en pagaille. Nous faisons beaucoup de prisonniers. Il y a peu de casse chez nous. Le soir, nous nous plaçons en 1ère ligne, les mortiers en batterie, puis nous préparons à dormir sous 1 auto, car il va pleuvoir. Tout le monde prend 2 heures de garde. Il pleut toute la nuit et je passe une nuit délicieuse sans pouvoir bouger, avec une gouttière sur le nez.
A 10 heures, nous avons alerte. Une auto canon nous tire dessus et pardon, ça rase. Nous nous préparons à tirer, mais jusqu’à quand nous allons commencer. Il s’arrête et change de place. Je prends ma faction. On entend très bien 2 ou trois chars boches vadrouiller dans le village en face. L’artillerie arrose de temps en temps, de part et d’autres.
Mercredi 7 février 1945 :
Le jour arrive, quand même, la pluie s’est arrêtée. Nous faisons le jus tranquillement. A 10 heures, nous tirons chacun 40 obus, puis les chars attaquent. Bientôt, la colonne démarre.
Nous arrivons, après une dure journée à Balgau. L’artillerie nous a encore sonné et un anti-chars nous a donné chaud en loupant 2 ou 3 fois des voitures de la colonne. J’ai eu beau écarquiller les yeux, je n’ai pas eu l’occasion de me servir de la mitrailleuse. A Balgau, nous dormons tous dans une maison. Nous sommes bien, mais l’artillerie donne toujours et frôle la maison par 2 fois. Les vitres et les tuiles volent. Je prends la garde de 5 à 7 heures du matin. Les Américains nous ont rejoints. Il y en a par centaines de tous les côtés. Nous avons eu 4 chars mouchés, 2 ou 3 morts et quelques blessés.
Jeudi 8 février 1945 :
Il fait un temps splendide. A 8 heures, les chars attaquent après un court tir d’artillerie. Bientôt, la jonction est faite avec la 1ère Armée. Nous nous plaçons à un carrefour et attendons. Je crois que la bagarre est terminée pour nous. L’aviation vadrouille dans le ciel. Le soir, il y a une garde tranquille où les types se relèvent eux-mêmes. Les gradés, nous dormons tout d’une traite.
Vendredi 9 février 1945 :
Je me réveille à 9 heures, me lève à 9 heures ½, puis m’engueule avec le Chef parce qu’il trouve que l’on se lève trop tard. L’après-midi, nous allons dans un champ voisin pour aider à sortir les corps de 2 Chasseurs qui sont restés dans un char après qu’il ait été mouché. Ce n’était pas une belle besogne, car les pauvres diables étaient bien abimés. Après 2 heures d’efforts, nous avons réussi à sortir les 2 corps à peu près entiers. C’étaient 2 chics types que je connaissais bien.
Le soir, nous avons une surprise, BOURRETTE rejoint le Peloton. Il est toujours le même et n’a pas de traces de ses blessures. A table, nous entendons quelques arrivées, ce que l’on n'avait pas eu depuis 2 jours.
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