L'epilogue de l'ER1 "les légèretés d'un Atelier Lourd"
Cette campagne est terminée.
Il est malheureusement douteux que la Drôle de Guerre le soit aussi. Comme le disait le Patron lors de la revue de Klosterlechfeld, nous ne pouvons guère nous faire d’illusions sur la tranquillité de l’après-guerre. L’E.R.1 est maintenant au repos dans ce climat de paix relative qui selon Knock (ou à peu près) ne présage rien de bon. Par bonheur la région où nous sommes est agréable et de ressources abondantes. Quant aux distractions elles ne manquent que pour ceux que les délices de la baignade avec ou sans caleçon laissent complètement indifférents. Ajoutons quelques déplacements trop rares, hélas de l’Opéra de Paris.
Faisons le point.
A dessein l’auteur de ces lignes a laissé de côté les mauvais moments de cette odyssée pour n’en conter que les meilleurs. Ce sont d’ailleurs ces seuls derniers qui comptent entre « Anciens », une fois la tourmente passée. L’E.R.1 a été « Verni » durant cette guerre, ses pertes se traduisant par quelques blessés et un tué. Nous devons cette fortune, il faut le dire, à la compétence de notre Chef, dur envers lui-même comme envers ses hommes, mais également ménager de ceux-ci et de son matériel. Car la question aviation mise à part nous étions destinés nous atelier non blindé et insuffisamment armé à dérouiller bien davantage, puisque dans une Division Blindée moderne tout le monde déguste à la même échelle (Exemple chez nous : Génie, Train et Corps Sanitaire)
La démobilisation commence dans un malaise politique que nous aurions aimé ne plus revoir. Les Anciens partent. Les Jeunes se préparent pour la Campagne du Japon et d’Extrême-Orient. Pour nous qui demain redeviendront civils, que restera-t-il de notre épopée ? Sans doute une place de choix dans les manuels scolaires et les images d’Epinal.
Et puis viendra l’oubli.
En vérité nous autres de la D.B. avons tellement été traités de phénomènes que nous semblons toujours tomber de la lune. Après tout, mieux vaut jouer les Don Quichotte, ou les Cyrano que les Tartuffe ou les Polichinelles.
Il est très sûr que nous sommes une armée d’extrémistes ou le royaliste coudoie l’anarchiste et l’athée le croyant.
Mais tous les éléments de cette mosaïque, vivent en parfaite fraternité sous le signe des trois couleurs. Il serait souhaitable que tous les Français pensent et agissent comme les gens de la D.B.
Plus tard, mes camarades d’armes, lorsque nous nous retrouverons, avec une cloche ou une casquette sur la tête, dégoûtés des pratiques politiciennes de bas étage, et des combines de fabricants de camembert en plâtre, nous respirerons une bolée d’air pur en nous rappelant les souvenirs de cette guerre que nous avons faite au seul service de la Patrie.
Et la D.B. passée dans la légende, nous dirons :
« NOUS Y ETIONS »
Sergent Chef CHERRIER