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Le Colonel, resté à Uigh-el-Kébir avec son P.C., n'avait au soir du premier mars que peu de nouvelles des différents pelotons qui, en principe, étaient tous entrés en action le vingt-huit février au soir.
Il nous savait accrochés à Tedjéré mais il n'avait pas le moindre renseignement sur la situation des colonnes Hous et Massu avec lesquelles aucun contact radio n'avait été établi.
Il décida donc en pleine nuit du premier et deux mars d'aller se rendre compte lui-même de ce qui se passait à Tedjéré d'abord, à Gatroun ensuite.
La pleine lune lui facilitait un déplacement de nuit en suivant les traces laissées encore çà et là par le Groupement Dio.
Mais Leclerc buta aussi sur la " Ramla ". Lui-même aida à mettre les tôles et à pousser sa voiture.
Il ne s'en sortit qu'après le lever du jour.
A l'orée de la petite palmeraie où nous étions cachés, Leclerc descendit de sa voiture.
Son inséparable canne à la main il s'approcha.
Il devait bien se demander ce que nous faisions à le regarder arriver à travers les branches de palmiers.
A grandes enjambées****, le commandant Dio alla à sa rencontre.
Son képi troué, sa barbe de huit jours et ses vêtements sales et fripés contrastaient étrangement avec notre chef toujours rasé de frais et impeccable dans son uniforme de fortune.
D'un pas rapide ils s'avancèrent vers notre P.C. où se trouvait le capitaine Poletti.
La conversation semblait animée. Dio devait exposer la situation créée par l'accrochage de la veille.
Les Italiens s'étaient vaillamment défendus.
Où se trouvaient-ils maintenant ?
Etaient-ils rentrés au fort ?
A ses gestes on voyait bien que Leclerc n'était guère satisfait des explications de Dio.
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