Bonjour à tous,
Suite à ma trouvaille chez un brocanteur, je vous retranscrit le courrier écrit par le soldat LUCAS (chauffeur du Capitaine) sur les circonstances de la mort du Capitaine Du Buisson de Courson du 4e Bureau du G.T.L
le récit est très détaillé et fait 4 pages.
Voici sa photo.
http://www.memorialgenweb.org/memorial3/html/fr/complementter.php?table=bp&id=5154915
Cordialement
Sébastien
Le soldat J.C Lucas à Monsieur le Colonel Commandant le G.T.L
Objet : Mort du Capitaine de Courson
Le 12 Sept 1944, en fin d’après-midi, le Capitaine de Courson, que je conduisais dans la Jeep « Les Bauges » me donne d’ordre de quitter la colonne dans laquelle nous roulions en convoi avec les autres véhicules de l’Etat-major du G.T.L.
Nous nous dirigeons pendant quelques kilomètre en direction nord jusqu’au moment ou nous croissons une autre colonne que nous descendons pendant environ une demi-heure. Après trois arrêts au cours desquels le Cap. De Courson prend contact avec les officiers des unités de cette colonne, je reçois ordre de faire demi-tour et de dépasser les voitures que nous venons de croiser.
A un embranchement, le Cap indique de la main au soldat de O.C.R qui réglait la circulation qu’il a l’intention d’obliquer sur la droite, alors que la colonne continuait tout droit. Le soldat s’efface pour nous laisser passer.
Nous nous engageons donc sur une route que je reconnais sur la carte Michelin Chaumont-Strasbourg pour être la D.4. Le jour commençait à baisser et l’entrée du village de Gelvécourt, le Capitaine me donne brusquement l’ordre d’accélérer ; le village étant tenu par les allemands. Nous débouchons sur une place marquant un virage de la route sur la droite ; un peu en retrait, nous voyons une mitrailleuse allemande entourée de ses servants et pointée dans notre direction. Elle ne tire pas. Nous prenons le virage à grande allure et parvenons aux dernières maisons de Gelvécourt.
A ce moment la voiture saute sur une mine, je sens que nous sommes projetés en hauteur et qu’en même temps la voiture se retourne. Je me retrouve sous la Jeep, le bras gauche coincé entre la route et probablement le pare-brise. A deux reprises j’appelle le Cap. sans recevoir aucune réponse. J’essaie de me dégager quand j’entends les allemands arriver en courant. Ils demeurent à quelques mètres de moi entourant ce que je pensais être le corps du Cap. et après avoir discuté quelques instant, tirent un coup de révolver.
Ils d’approchent ensuite de la voiture, la retournent. Je reste immobile sur la route couché sur le dos. L’un deux tire à bout portant une balle de révolver qui après avoir traversé mon casque, que le choc avait à demi sortie de ma tête, vient se planter dans mon épaule gauche. Des détonations se faisant entendre à l’intérieur de Gelvécourt les allemands repartent en courant. Je me dirige alors en rampant vers le Cap. qui se trouvait à 4 ou 5 m. de moi sur le bas-côté de la route. Je constatais qu’il portait sous l’œil un trou que j’attribuais au premier coup de révolver que j’avais entendu tirer. Bien que je n’ai pas eu le temps de m’en assurer d’une façon absolue je suis certain que le Cap. était mort dès ce moment. J’essayais de le trainer avec moi mais je n’arrivais qu’à le déplacer de quelques mètres ayant le bras gauche paralysé et la déflagration de la mine m’ayant fait perdre tout l’équilibre.
J’allais alors vers un paysan qui était dans son champ à une 50ene de m. de la route, il m’indiqua que le village était rempli d’allemands, me promis de prendre soin du corps du Cap. et, sur ma demande sans aucune hésitation, malgré les risques qu’il encourait se met à ma disposition pour m’aider à rejoindre une unité alliée. Il me quitte pour aller prévenir sa femme de son départ.
J’entends alors des ordres en allemand sur la route, craignant le retour de l’ennemi et n’ayant aucune arme, je m’enfuis à travers champs. Je n’avais pas parcouru 100m qu’une rafale de mitrailleuse m’oblige à me jeter à plat ventre, J’essaie de continuer en rampant une nouvelle rafale m’arrête. J’attends la venue de la nuit et me dirige alors vers la lisière des bois projetant de rejoindre la route ou nous avions quitté la colonne en décrivant un arc de cercle autour de Gelvécourt.
Après avoir marché une demi-heure, j’arrivais à bout de force au village d’Adompt, je pénétrais dans une ferme où l’on prit soin de moi.
Je demandais le chef F.F.I et je rédigeai pour celui-ci un message indiquant que le Cap. était probablement tué, que j’étais moi-même blessé à Adompt. Après l’avoir interrogé, je lui demandais de transmettre oralement un certain nombre de renseignements tactique, nombre d’allemands, quantité nature et position des bouches à feu. Je préférais ne pas lui donner par écrit cette partie du message pour le cas où il serait capturé par l’ennemie.
Dès le lendemain au matin, une ambulance vient me chercher. Je suis actuellement en traitement à l’hôpital du Val de Grace pour la blessure de mon épaule et de mon bras ainsi que l’éclatement de mes deux tympans.
Paris le 2 Octobre 1944.