1940-1942 : poursuite de la lutte en Afrique
Le 17 juin 1940, il parvient à s'évader et prend le parti de poursuivre la lutte.
Il traverse la France à bicyclette, malgré l'occupation allemande, rejoint sa femme et leurs six enfants sur les routes de l'exode près de Libourne en Gironde.
Après les avoir mis au courant de sa volonté de se battre, il se rend à Bayonne, où il obtient le 8 juillet un visa pour le Portugal, mais pas pour l'Espagne.
Repassant la ligne de démarcation le 10, il est le lendemain à Perpignan, où il obtient son visa pour l'Espagne.
Arrivé le 12 à Cerbère par le train, il est brièvement arrêté le 13 à Port-Bou par les douaniers espagnols, qui le font conduire à Figueras pour interrogatoire et jugement.
Mais il s'échappe, prend le train de Madrid, et de là celui de Lisbonne où il arrive le 17 juillet.
Embarqué le 20 juillet sur le SS Hilary, il arrive à Londres10.
Il se présente au général de Gaulle le 25 juillet.
Afin d'éviter que des représailles ne soient dirigées contre sa famille, il a pris le pseudonyme de « François Leclerc », le patronyme étant très fréquent en Picardie et à Belloy même11,12,13,14. Cette discussion a probablement changé sa vie.
Le général de Gaulle, reconnaissant en lui un chef exceptionnel, le promeut de capitaine à chef d'escadrons dès leur première rencontre et lui donne pour mission de rallier l'AEF à la France libre.
Le 6 août 1940, il quitte l'Angleterre pour le Cameroun avec René Pleven, André Parant et Claude Hettier de Boislambert.
Vingt jours plus tard, il débarque de nuit en pirogue à Douala avec 22 hommes. Il fait la connaissance du commandant Louis Dio, qui arrive de Fort-Lamy à la tête d'un détachement du régiment de tirailleurs sénégalais du Tchad.
Il parvient à convaincre les autorités fidèles à Vichy de s'effacer et rallie le Cameroun, le Tchad et le Congo à la cause de la France libre sous l'égide de Félix Éboué et de Larminat.
Jugeant son grade de commandant insuffisant, face au gouverneur général et au lieutenant-colonel Bureau, commandant les troupes à Douala, il arrache les quatre galons de sa manche gauche pour en recoudre un sur celle de droite : le voici colonel, lui qui n'était qu'un simple capitaine un mois plus tôt.
Leclerc est nommé Commissaire général du Cameroun et le 28 août, c'est toute l'AEF, à l'exception du Gabon qui s'est ralliée au Général de Gaulle. Celui-ci, au cours d'une visite à Douala le 8 octobre, donne son accord à Leclerc pour tenter de rallier le pays à sa cause.
Avec l'aide des Forces françaises libres, repliées après l'échec de l'expédition de Dakar (23-25 septembre), Leclerc débarque près de Libreville le 8 et le 10 novembre, le Gabon se joint à la France libre.
Leclerc est alors officiellement confirmé au grade de colonel par le général de Gaulle, grade qu'il s'était auto-attribué « comme par enchantement », selon l'expression de De Gaulle, en arrivant au Cameroun pour ne pas être en infériorité hiérarchique par rapport au lieutenant-colonel Bureau15,16 en poste à Douala, et il est désigné comme commandant militaire du Tchad.
La France libre a pour la première fois une assise territoriale et stratégique significative.
À partir de ces bases, sa colonne, qui compte notamment le capitaine Massu, effectue des raids de plusieurs milliers de kilomètres au milieu du désert, avec un équipement peu adapté aux conditions climatiques et au sol sableux et se dirige vers des postes italiens.
Ayant pris l'oasis de Koufra (28 février 1941) avec un canon et 300 hommes seulement, il fait le serment avec ses soldats de ne pas déposer les armes avant d'avoir vu le drapeau français flotter sur la cathédrale de Strasbourg.
Le 16 juin 1941, il est déchu de la nationalité française par un décret du gouvernement de Vichy17.
Le 11 octobre suivant, la cour martiale de Gannat le condamne à mort par contumace et à la confiscation de ses biens pour « crimes et manœuvres contre l'unité et la sauvegarde de la patrie »18.
En février-mars 1942, il mène une campagne dans le Fezzan.
Nommé le 25 mars commandant supérieur des troupes de l'Afrique française libre, il part pour Brazzaville, laissant le colonel François Ingold à la tête des troupes du Tchad.
Le 22 septembre, de Gaulle lui donne l'ordre de conquérir le Fezzan et d'avancer jusqu'à Tripoli, de même qu'il prescrit l'envoi de troupes au Niger, afin de rallier à la France libre l'Afrique occidentale française (objectif qu'il abandonne finalement à la mi-novembre).
Lancée le 22 décembre, l'offensive sur le Fezzan conduit la colonne Leclerc, forte de 4 000 Africains et 600 Européens appuyés par le groupe Bretagne, à Sebha le 12 janvier, Mourzouk le 13 et Tripoli le 25.
Le 2 février 1943, il rencontre à Ghadamès le général Delay, commandant le front est du Sud algérien.
Puis, rejoint par la colonne volante détachée des Forces françaises libres du Western Desert, il participe avec la 8e armée britannique à la campagne de Tunisie.
Après la bataille de Ksar Ghilane, où la Force L (L pour Leclerc) résiste à une attaque allemande, il s'empare de Gabès, puis entre à Kairouan le 12 avril.
Huit jours plus tard, il participe au défilé de la victoire à la tête d'un détachement de tirailleurs.
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