Bonjour à tou(te)s,
Je me nomme Pierre NAUDET, j'ai 78 ans dans 1 mois. Je suis retraité de la Police Nationale depuis 1993. Je suis un ancien combattant en Algérie (Novembre 1958 à Janvier 1961, et j'ai été muté au 2ème R.C.A., à SEBDOU, en Oranie, après mes classes et mes "spéc"!
J'en suis revenu complètement HS, comme beaucoup de nos camarades. Cependant j'ai fait ma vie d'homme le mieux possible, après avoir épousé une jolie femme, qui m'a offert deux belles petites filles.
Voilà, en quelques phrases ma présentation. Je vous remercie de m'accueillir dans votre compagnie, et je vais faire tout pour mériter cet honneur.
J'en viens au sujet du Devoir de Mémoire, qui m'a été insufflé par mon valeureux père. Celui-ci est né en juin 1899, en Touraine et dès ses 18 ans, il s'est engagé pour 4 ans.
Il a été envoyé sur le front et il a participé à la bataille du chemin des Dames. Il y a été blessé, aux jambes, par une rafale de mitrailleuse. Ensuite, il une fois remis sur pieds (si j'ose dire), il a continuer dans l'armée et a été envoyé en Libye, et autres lieux sous la tutelle de la France.
Ensuite, il a repris son travail de jardinier, jusqu'à ce qu'il soit mobilisé comme tout bon Français.Il a participé aux diverses batailles des environs de Verdun, avant d'être fait prisonnier.
Il a été envoyé au stalag 2A, pour finir au stalag 2C, en Poméranie. Il en a été libéré du fait qu'il était ancine combattant 14/18 et, en plus, qu'il était père d'un enfant. Il est revenu chez lui en août 1940, comme prisonnier sur parole.
Toutes ces précisions pour expliquer la mentalité dans laquelle mon cher père m'a bercé! Après la guerre, il m'a emmené à toutes les manifestations patriotiques, en me précisant que c'était pour remercier ses camarades, de combats, tués près de lui et, aussi, pour 2 de ses frères plus âgés, qui ne sont jamais revenus.
Donc, j'ai continué à perpétrer ce Devoir de Mémoire, surtout lors de ma présence dans la Police.
Comme je me suis inscrit dans une association d'AC d'Algérie, depuis 1969, j'ai essayé d'assister aux diverses cérémonies patriotiques, en tant que simple participant. Puis l'âge venant, je me suis immiscé dans un bureau départemental, dans lequel j'ai oeuvré afin de faire obtenir la carte officielle, d'AC, ainsi que les aides nécessaires, aux plus démunis de mes camarades.
J'y suis resté quelques années, puis la santé s'étant dégradée suite à une importante dépression nerveuse (psycho-névrose de guerre, avec apparition différée! 30 ans après! J'ai abandonné et je me suis inscrit à celle, (la même) du village où je suis né, en Sarthe.
Je suis resté simple adhérent, jusqu'au jour où il m'a été demandé de remplacer, au pied levé, le porte-drapeau qui était malade. Cela s'est fait car je suis toujours habillé en costume, deux pièces, avec mes décorations et coiffé du calot de sortie, de mon régiment. J'y ai fixé la petite "sardine", de mon grade de MDL, dans lequel j'ai exercé pendant 9 mois, avant d'avoir la quille.
J'ai toujours des gants blancs (de police) dans une de mes poches, alors j'ai accepté l'Honneur que mes compagnons me faisait.
Par la suite, j'ai souscrit pour être volontaire, en cas de besoin, pour être nommé, officiellement, porte-drapeau. J'en ressens une immense fierté et je déplore que mon cher papa, ne soit plus présent pour me regarder défiler en tête du cortège .
J'arrive au pourquoi de ma demande de venir dialoguer, avec vous tous:
En août 1944, le Général Leclerc, avec sa 2ème DB, est passé dans la Sarthe du 9 au 12 août. C'est dans ce département que, selon tout ce que j'ai pu recueillir, à ce sujet, il y a eu la première bataille de chars, sur le sol français: Les Sherman contre les Panzer!
Ensuite, il y en en a eux d'autres consécutives à la fuite des Panzer, à moitié vaincus.
Donc, les chars de la 2ème DB, appartenant au 12ème R.C.A., ont reçu les premières salves et, malheureusement, ils n'étaient pas assez blindés pour y résister.
Trois ont été touchés "à mort" et leurs occupants ont été tués, et un petit nombre, blessés grièvement. L'un de ces chars, qui a été remis en état après la guerre, est situé sur un promontoire, près du village où il a été détruit. Depuis, il y a, tous les 10 août, une belle cérémonie du souvenir, en mémoire à ses occupants, ainsi qu'aux autres soldats des autres chars, et biffins, qui accompagnaient les blindés.
Il y en a, aussi, dans les autres villages, délivrés par la colonne Leclerc. Des stèles ont été érigées près des lieux où d'autres valeureux combattants du 12ème RCA, et d'autres régiments, engagés dans cette vaste opération de délivrance du pays.
Maintenant, celle qui me tient, maintenant, le plus à coeur, se déroule à Sargé Lès Le Mans, tous les 12 août. Elle est assurée par le Président du Souvenir Français de ce village, et comme j'en suis, également, adhérent, j'ai eu l'honneur d'y assister avec le drapeau de cette association.
Cette cérémonie est en hommage au S/Lt d'Arcangues, blessé très grièvement (les deux jambes sectionnées) lors du premier combat, cité plus haut
Ensuite,il avait été transporté à l'ambulance, américaine, se trouvant implantée dans la commune. Il y est mort précisément le 12.
Par la suite, une stèle a été dressé, par la commune, à proximité du lieu où il est décédé. Il a été, sur proposition du Souvenir Français, d'effectuer annuellement, à cette date, un vibrant hommage à cet officier qui appartenant au 2/12ème RCA.
Maintenant, je suis en contact avec l'amicale de ce régiment, et j'y envoi le résumé de la cérémonie, accompagnée de photos montrant une important présence d'anciens combattants, et aussi de villageois, qui n'ont jamais connu la guerre. Il y a la présence remarquée d'enfants, amenés par leurs parents.
Ce qui fait chaud au coeur, et me rappelle ma prime jeunesse, avec mon papa! Je suis désolé de ne pas transmettre de photos à ce sujet, ne sachant pas comment faire. Cependant, les personnes intéressées m'en feront la demande, en mettant leur e.mail. Je les transmettrais aussitôt, avec grand plaisir.
En vous priant de m'excuser, pour la longueur de mon histoire, je vous remercie pour la patience de me lire jusqu'ici. Je vous transmets mes plus cordiales salutations.
Pierre NAUDET