Mercredi 27 décembre 19444 heures: relève à KOGENHEIM des éléments en ligne.
5 heures: les éléments d'attaque quittent KOGENHEIM dans l'ordre:
3ème peloton (Sous-Lieutenant ROSSINES)
PC et groupe réserve (Brigadier-Chef BARKER)
Reste du 2ème peloton (Chef SCHOPIN)
1er peloton (Chef de LA SELLE)
5h20: les éléments de garde au barrage sont dépassés.
6h10: le 2ème peloton déploie 3 mitrailleuses le long du canal de drainage de OTTSTEGMATTEN, prêt à prendre de flanc toute contre-attaque venant de l'est.
6h40: les mitrailleuses des 1er et 3ème pelotons, pour flanquer à droite et à gauche le débouché de nos éléments, prennent position. Les groupes d'assaut prennent leur formation de combat, le groupe de protection atteint le caniveau le long du SCHWARTZLACHBACH et se déploie sans rencontrer d'opposition.
6h45: ouverture de la préparation d'artillerie: les premiers coups de 75 tombent près du pont… Les groupes de pose des échelles dépassent les groupes de protection. Aucune opposition devant le 1er peloton.
Devant le 3ème peloton, une mitrailleuse ennemie ouvre le feu: le Spahi MILLER est tué, les Spahis DELPOPOLO, MODENA, DUMAZEDIER sont blessés.
Le Sous-Lieutenant communique "Armes automatiques au mur m'empêchent de franchir la rivière". Il reçoit l'ordre: "Employez vos fumigène, passez".
Le Capitaine Commandant se porte, avec son groupe de commandement, au coude où se trouve le 1er peloton. Il trouve l'échelle posée.
Pendant que le Sous-Lieutenant DUPLEY exécutait, avec un obusier, un tir de 10 obus sur le pont, le groupe du Maréchal-des-Logis de VANSSAY a passé la coupure; au dernier obus, à 6h50, il s'est précipité sur le pont qu'il tient contre toute contre-attaque éventuelle, avec une mitrailleuse de 30 et une LMG que l'ennemi a laissé là non gardée, appuyé à sa gauche par l'Escouade du Brigadier M'CHICHI et sa mitrailleuse et coupe immédiatement les fils téléphoniques.
Derrière lui, le Chef de LA SELLE est passé avec son groupe de commandement; le 2ème groupe d'assaut (Maréchal-des-Logis BOUJMAA) est en cours de franchissement.
Le Capitaine Commandant fait appeler le groupe réservé. À droite, le reste du groupe FORTIOLI fait une deuxième tentative. Le Spahi DELPOPOLO, malgré sa blessure, reprend sa place à l'échelle, mais, bien protégé derrière leur mur haut de 3 mètres, les tireurs ennemis n'ont pas été atteints par nos grenades. Deux LMG ouvrent le feu, blessant de nouveau DELPOPOLO et les Spahis LERAT et POIROT.
Quand la deuxième LMG a ouvert le feu, sur le créneau d'angle que nous connaissions, elle est prise à parti par les deux hommes désignés à cet effet: l'un avec une mitraillette, l'autre avec un fusil lance grenades. L'Escouade du Brigadier EL HADI, du groupe de protection immédiatement à leur droite, prend l'initiative de les appuyer. Les Spahis LAHOUSSINE BEN TALEB excellent grenadier, MOHAMD BEN ABDALLAH et MOHAMED TOUNSI, se lèvent tous trois et, debouts sur le parapet balayé de balles, lancent leurs grenades. La mitrailleuse cesse le feu, le tireur ennemi est tué sur sa pièce.
Pendant que se déroule ce combat, le Chef de LA SELLE a atteint les premières maisons du village et, contournant le village par le sud, approche de l'auberge sans rencontrer de résistance.
En conséquence, le Capitaine Commandant envoie au Sous-Lieutenant ROSSINES le message: "Glissez par les caniveaux sur votre gauche, prenez le passage du 1er peloton" — Réponse: "Un groupe a déjà passé la rivière, une mitrailleuse ne tire plus" — Ordre: "Bon, continuez, je vais arriver devant vous avec le groupe réservé".
Sur ces entrefaites, un groupe d'hommes traverse en courant la prairie, venant du cloître et se dirige vers le pont.
Il se heurte au groupe du Maréchal-des-Logis de VANSSAY qui tue deux d'entre eux et capture un blessé; deux autres se sauvent et seront pris plus tard.
Le groupe réservé du Brigadier-Chef BARKER, venant de l'est, passe le mur du cloître derrière eux, se déploie face au nord. Le Capitaine Commandant passe au groupe du Maréchal-des-Logis de VANSSAY, prend liaison avec un élément du groupe du Chef de LA SELLE, qui surveille le mur du cloître et rejoint le Brigadier-Chef BARKER.
Tout le monde attaque vers le nord après avoir prévenu par radio.
À l'angle du monastère, l'ennemi tire avec une LMG; on le déloge à coups de grenades et il se retire en direction du silo.
Le 3ème peloton, en effet, a tenté une troisième fois le passage; le Sous-Lieutenant ROSSINES donne l'ordre au Maréchal-des-Logis LE BELLER de prendre, avec son groupe, la mission que le groupe FORTIOLI ne peut mener à bonne fin, malgré tout le courage déployé. L'échelle est posée et le Sous-Lieutenant, en tête de ce groupe, s'avance vers le mur, y pose une autre échelle, escalade la crête malgré un tir de LMG qui vient du fond des communs, franchit le cimetière et entame le combat pour couvrir le passage du groupe du Maréchal-des-Logis GOSSELIN qui doit le dépasser.
L'arrivée du groupe réservé, en forçant l'ennemi à décrocher, permet le débouché facile de tout le peloton. L'ennemi a abandonné 2 mitrailleuses et un cadavre le long du mur qu'il a défendu avec tant d'acharnement. Après liaison prise devant les communs avec le Capitaine Commandant, le groupe du Maréchal-des-Logis GOSSELIN pousse immédiatement vers son objectif: atteindre les tours de l'église en contournant le cloître par le sud, laissant une escouade à la Mairie.
Le groupe LE BELLER vient appuyer le groupe réservé qui combat contre les Allemands repliés dans les communs, tandis que les trois survivants du groupe FORTIOLI, continuant leur mission primitive, se glissent vers le silo par la droite.
Le combat à la grenade commence avec les Allemands dans les communs. ceux-ci sont surpris par un tir qui vient de l'auberge où le Chef de LA SELLE fait ouvrir le feu sur eux. Depuis quelques minutes, il hésite par crainte d'une méprise, les Allemands portent un cache-nez croisé comme le chèche que nos éléments ont mis en signe de reconnaissance.
Le jour commence à poindre et lui permet de tirer à coup sûr. Les Allemands se réfugient dans le silo dont ils garnissent les fenêtres.
Après avoir ouvert la porte du cloître à coups de grenades les éléments qui attaquent les communs pénètrent dans ce bâtiment. Le groupe LE BELLER, au premier étage, garnit les fenêtres face au silo et continue le combat; le Brigadier-Chef BARKER se rend vers les fenêtres opposées. Le groupe de commandement traverse le bâtiment, entre dans l'église. Sur le parvis, le Capitaine Commandant prend liaison avec le Chef de LA SELLE, en place depuis 7h10. Ce chef de peloton reçoit la mission de couvrir le village face à l'est.
Le dernier groupe du 3ème peloton (Maréchal-des-Logis GOSSELIN) atteint l'église par le sud, après avoir occupé la Mairie et garni les tours.
À 7h35, la situation est la suivante:
Le 1er peloton, déployé face à l'est, tient le pont et le ruisseau SCHWARZLACHBACH.
Le 3ème peloton occupe l'église et le cloître.
Le groupe réservé dans l'aile est prêt à intervenir au profit de l'un ou de l'autre peloton.
Le Capitaine Commandant transmet le message au Colonel: "Tous objectifs atteints sauf silo" et retourne au nord du cloître où il apprend, par le seul survivant du groupe FORTIOLI, que ses deux camarades ont été tués dans la cour du silo où ils avaient réussi à pénétrer.
Le Capitaine Commandant décide de surveiller ce dernier centre de la résistance ennemie, à partir des bâtiments qui l'entourent, mais d'attendre que la liaison soit prise avec le 7ème Escadron pour en donner l'assaut.
En attendant, il autorise le Sous-Lieutenant ROSSINES à détacher un groupe pour ramasser les blessés tombés de l'autre côté de la clôture, avec lesquels un seul homme est resté sur ordre. Ils sont remis aux soins des Sœurs du Couvent avec le blessé allemand ramené du pont.
À 7h45, le Chef SCHOPIN rejoint avec ses mitrailleuses; son décrochage, derrière les rideaux fumigènes prévus, s'est effectué sans incident.
En arrivant au ruisseau, un homme déclenche une mine S — [?]. Pendant qu'elle fuse, sans exploser encore, le Brigadier SALAH 2012 la ramasse et la jette dans la rivière.
Le groupe, resté à l'écluse, qui a été bombardée vers 7 heures (un blessé léger) s'est replié à 7h30 sur KOGENHEIM comme prévu.
Les mitrailleuses du 2ème peloton mises à la disposition du Sous-Lieutenant ROSSINES s'installent en base de feu dans les fenêtres du premier étage du cloître et se partagent l'interdiction des ouvertures de l'usine et de la maison attenante.
Liaison prise avec le Lieutenant ODDO devant l'église vers 9h10. Il est entendu que l'assaut du silo ne sera pas donné avant que le 7ème Escadron ait complètement nettoyé l'île entre ILL et MULHBACH
[MUELHBACH]. Le Colonel, commandant le 1er RMSM, arrive peu après et reçoit le compte rendu de la situation.
En attendant l'arrivée des éléments du 7ème, nos tireurs réduisent à l'impuissance leurs adversaires; l'un de ceux-ci est tué devant la porte, trois autres seront pris, blessés par balles, à l'intérieur.
À 10h15, le Capitaine Commandant, prenant le groupe de l'auberge, occupe sans coup férir la maison K…; cinq prisonniers sont capturés dans la cave.
Lorsque les Spahis du 7ème Escadron sont aperçus sur l'autre rive, le Sous-Lieutenant ROSSINES, avec ses hommes, se jette dans le silo où il capture l'Oberfeldwebel, qui commandait la place, et un homme valide.
Le 7ème Escadron a trouvé 5 hommes dans l'usine. L'Aspirant CESURE en capture deux autres dans une dépendance du silo puis 5 dans une ferme voisine.
L'opération est terminée.
Elle coûte à l'Escadron: 3 tués et 7 blessés.
Nous avons tué à l'ennemi 7 hommes, pris 14 hommes valides et 4 blessés, capturé 5 LMG.
Malheureusement, à 14 heures environ, deux hommes qui passent le ponceau D, malgré les ordres, sautent sur les mines; trois autres, qui se portent à leur secours, sont blessés à leur tour.
À 13h20, l'ennemi a fait sauter le pont de BORNEN après qu'une patrouille, d'une dizaine d'hommes venus de l'est, ait été repoussée par le tir du groupe du Maréchal-des-Logis de VANSSAY.
Tir de harcèlement à partir de 16 heures.
Le 7ème Escadron a été relevé au début de l'après-midi par le 2ème peloton et la défense a été organisée sur les bases suivantes:
Deux pelotons à l'est du MULHBACH
[MUEHLBACH] sont en surveillance face à l'est, le 1er à droite, le 3ème à gauche.
Le 2ème peloton, qui détache un groupe d'assaut comme élément réservé aux ordres directs du Capitaine Commandant dans le monastère, s'établit, acec les éléments qui lui restent, face au sud, en liaison à gauche avec le 1er peloton, aux lisières de la localité.
La ligne de surveillance, de jour et de nuit, est fixée au SCHWARTZLACHBACH et à la lisière sud.
Une première ligne de résistance, organisée sur le mur de l'enceinte du monastère défendu par le 3ème peloton, puis devant les maisons qui entourent l'église, est constituée par des nids de mitrailleuses enterrés et couverts, dont la construction est commencée sans délai et sera poursuivie durant toute la nuit conjointement à l'établissement d'autres armes automatiques dans les dépendances du monastère, le bâtiment lui-même, l'église, l'auberge et le silo qui forment le dernier réduit.
Des réseaux dépliables et du barbelé sont demandés à l'arrière. Le clair de lune facilite la surveillance nocturne et le travail, dans les zones où aucune activité ne peut se déployer de jour.
Le Brigadier DEBRA 246
Les Spahis MILLER 4167
et RICOUET 1976
ont été tués.
Le Brigadier BENAZETTI 4186
Les Spahis MERIENNE 1982
DELPOPOLO 1270
HADELENAT
LERAT 1968
DUMAZEDIEU 1983
MOLDI BEN MANSOUR 2251
MOHAMED BEN HANAR 2659
HASSANE BEN AKMI 2396
LAROUSSI ABD EL KADER 2625
KHELOUFI ALI 2661
FATIM BEN REGRACIN 2674
TORIOT 1984
ont été blessés.
Les éléments amis les plus proches se trouvent à KOGENHEIM (7ème Escadron) et à EBERSHEIM (4ème Escadron renforcé).
La liaison par le feu est possible avec ce dernier PA, impossible avec le 1er.
Cependant, le 7ème Escadron, par de fréquentes patrouilles, surveille le passage de l'écluse.
Un système de tirs préparés vient appuyer les mitrailleuses et mortiers de l'Escadron.
Un observatoire d'artillerie amie est installé dans le silo, un autre dans la tour est de l'église.