
....
Au début de l'après-midi du 11 août 1944, une colonne de la 2DB est arrivée aux périphéries méridionales d'Ancinnes, comprenant trois pelotons de char
(chars légers Cadillac M-5A1 "Stuart" et chars médium "Sherman") de la 12ème R.C.A. (Régiment de Chasseurs d'Afrique)
et des éléments des 5ème et 6ème compagnies du 2ème bataillon du R.M.T. (Regiment de Marche du TChad) commandés par le capitaine Langlois de Bazillac.
Ils ont approché Ancinnes par la route d'Ancinette, ayant vécu une bataille féroce près de Rouessé-Fontaine,
pendant lequel le char léger “Berry” avait été détruit avec la perte de deux servants.
Une autre colonne blindée approche simultanément Louvigny à l'est d'Ancinnes.

La première escarmouche a eu lieu à 15.30h quand l’avant-garde de l'infanterie portée française se fait tirer dessus par des mitrailleuses allemandes installées dans des haies au carrefour avec la voie le “
Passe Vite”, juste après la ferme “St Michel du Tertre”.
Les officiers français ont décidé d’effectuer une traversée de la crête par le “Passe Vite” au sud-est du village; leur intention est de joindre la D19 et d'entrer Ancinnes par cette route, évitant les défenses allemandes au sud du village.
Le “Passe Vite” à cette époque était un chemin de terre étroit (maintenant goudronné) qui traverse la crête de la colline, avec une très forte dénivellation sur le côté Ancinnes et un fossé et un talus de terre un mètre de hauteur sur l'autre.
Ils ont choisi cet itinéraire plutôt que d'essayer de croiser la campagne ouverte du plateau à l'est d'Ancinnes, parce que l'autre colonne de la 2DB, qui est arrivée à Louvigny, avait rapporté la présence des chars lourds allemands embusqués sur ce plateau.
Un peloton de trois chars légers (type Cadillac M-5A1 "Stuart") ont commencé à traverser le long du “Passe Vite”
en tête le “Poitou”, ses servants Dante Cerruti, Gaston Fievet, Gilbert Gobillot et Pierre Mamotte;
le “Perche”, ses servants Duzabeau, Boucher, Landon et Such;
et le “Normandie”, ses servants lieutenant de Truchis, Drilliera, A. Peudennier et Vallée. Ceux-ci sont suivis par les transporteurs semi-chenillés de l'infanterie du R.M.T.
Le “Poitou” : Cdr Cerruti à gauche
Sherman Char Poitou
Ils ont dépassé les maisons “la Butte” et “le Coudray” sans incident, bien qu'ils aient été sans aucun doute aperçus par les postes d’observation allemands situés dans la vallée. Soudainement le char “Poitou” était perforé par un obus perforant de 75mm reçu de face,
tiré par un char lourd allemand caché dans le “Bois de Navrotte”, où le “Passe Vite” rejoint le D19.

Ensuite, le “Poitou” a été percé sur son flanc gauche par un obus de 37mm à la hauteur du moteur, qui a immobilisé le char.
Le pilote, Gaston Fievet, a été tué immédiatement;
les servants survivants du “Poitou” ont abandonné le char tandis que les fantassins sont sautés des Halftracks pour porter secours, longeant les haies.
Le co-pilote, Gilbert Gobillot, est mort de ses blessures près du char;
le tireur/radio, Pierre Namotte, a été sérieusement blessé et évacué à l'hôpital américain à Yvre l’Eveque;
seul le chef du char, Dante Cerruti, est sorti rescapé à gauche dans le photo ci-dessus).
Les Fantassins français ont engagé les postes de mitrailleuses allemandes dans la vallée au-dessous du “Passe Vite”, au sud de la ferme “la Christophière”;
pendant ce combat, une douzaine des soldats d'infanterie Français seront blessés, deux sérieusement (Sgt Pastourel et Medina privé).
Malgré le fusillade des mitrailles, une jeune fille, Rachel Saillant, est venue de la ferme “le Coudray” avec des pansements et une bouteille d’eau de vie pour soulager les blessés français.
Une fois le “Passe Vite” tenu, des mitrailleuses françaises et des canons antichar ont été établis dans la vallée de la Semelle et sur la route.
Les deux chars légers “Perche” et “Normandie” et les Halftracks de la colonne, leur passage bloqué par le “Poitou”, ont dû reculer délicatement en marche arrière au carrefour de la route d'Ancinette et descendre le chemin pour une attaque sur Ancinnes par le sud.
Un peloton des chars moyens Sherman, celui du Lieutenant Truchis en tête, a tenté cette approche alternative à Ancinnes.
La colonne blindée française est tombée dans un autre guet-apens, cette fois dans une courbe routière près de la ferme “le Fresne”;
il se fait tirer dessus par l'artillerie antichar allemande un kilomètre plus loin, au centre du village près de la maison “le Chesnay”.
Un duel d'artillerie se déclenche qui continue pendant une heure, sans aucun terrain gagné par la colonne française.
Une reconnaissance de 3 soldats d'infanterie a été expédiée par Cne Rogier afin de déterminer la position des blindés allemands cachés aux abords du village.
Ils ont approché le village à pied, rampant le long de la bordure de haies, mais l’avant-garde de trois hommes est mitraillée à bout portant par des allemands cachés dans un fosse abrité d’une haie.
Deux d'entre eux sont tués (l'adjutant-chef Léon Pagnoux et l'adjutant Dominique Missoffe), mais le troisième (le soldat Taburet, blessé) est parvenu à s'échapper.
Les soldats morts seraient enterrés le soir même dans le jardin de la ferme “Geneslay”, où une stèle à leur mémoire a été érigé en 1982.
...
source