Bonjour à tous,
voici une anecdote :
Ce devait être vers 1970, mon père (Raymond MOTHÉ, ancien du 3ème RAC) avait une invitation dans un musée du débarquement. Il s'agissait d'y voir notamment une belle innovation pour l'époque : un film panoramique des plages du débarquement avec tous les docks et bateaux déversant leurs chargement d'hommes et de matériels. Il s'y rend en famille, avec ma mère et moi. Quel musée était-ce ? Pour ma part, je ne m'en souviens pas, je n'avais que trois ou quatre ans. C'est mon père qui me l'a racontée plus tard. Voici l'histoire :
À l'accueil, mon père présente sa carte d'ancien combattant et l'invitation. Ceci lui permet d'entrer gratuitement dans le musée.
C'est alors qu'un monsieur qui attend juste derrière nous, grand, blond aux yeux bleus lui adresse la parole :
- "Excuss'ez-moi, mais ch'é fois qué f'ous s'êtes un anzien g'ombattant de la séconde qu'erre mondiale. Permettez-moi dé f'ous témander dans quelle unité f'ous s'étiez ?"
- Mon père : "Oui bien sûr, la deuxième division blindée du général Leclerc."
- L'allemand, se frottant le menton, l'air de réfléchir : "Ahr, la dif'ision du général Léglerc ?", levant une main et secouant son indexe, "j'étais bilote dans la Luftwaffe et ch'é fous s'ai bombardé une fois. Fous defez vous en soufenir."
- Mon père : "oh bien, pour toutes les fois que la luftwaffe nous a bombardés, je ne vois pas comment je pourrais me souvenir particulièrement de vous."
- l'allemand : "Si, si, Fous defez fous s'en soufenir. Nous s'étions drente afions à réaction."
Ah! là, pour ce coup, mon père s'en souvenait parfaitement ! La première fois de sa vie qu'il voyait des avions à réaction, ce ne sont pas moins de trente biréacteurs qui sont passés pour larguer chacun, sur la position, deux bombes de cinq-cents kilos. Il se souvenait du bruit infernal des turbines, de l'éclatement de ces bombes de gros calibre et la stupeur provoquée chez les français au sol. D'ailleurs, personne n'a pensé à riposter et tous se sont précipités dans le premier trou ou fossé venu.
"Ah oui, cette fois-ci, j'ai mangé de la terre" m'a dit mon père.
Bien heureusement, toutes les bombes ont été lancées "un peu trop long". Aucune victime n'a été à déplorer. Au sol, ils en avaient été quittes pour une belle frayeur.
Le monsieur a dit être, à l'époque, pilote et, à dix-neuf ans, lieutenant-colonel.
Je pense ne pas me tromper en avançant que ces avions étaient des Messerschmitt 262.
D'ailleurs, mon père était nul en identification aérienne. À la question qu'un jour je lui posai : "Mais comment différenciais-tu les avions pour savoir s'il fallait leur tirer dessus ou non ?" Il me répondit, en souriant mi-figue mi-raisin, comme cherchant à se faire excuser : "Et bien, c'était facile, les avions allemands avaient le bout des ailes carré, et les alliés, le bout des ailes rond."
À mon avis, avec des "spécialistes" comme ça, certains pilotes alliés ont dû recevoir, plus qu'à leur tour, du plomb de leur amis d'en bas.
Ma question, compte tenu des personnes de ce site très au fait de l'histoire de la 2ème DB : Y-a-t'il eu un autre récit relatant ce bombardement très particulier ?
Yffic 29,