tombé par hasard sur quelques infos à propos d'Alfred AUTHIÉ qui est bien présent dans l'annuaire au 1er RMT
"- "Où est donc passé votre fils, Mme Authié ?" hasardai-je doucement.
La réponse ne venant pas, je continuai :
- Il ne peut être parti en Allemagne, puisque ceux de sa classe ne sont encore pas requis. Il ne peut donc pas, s'être caché sans raison. Je pense qu'il a trouvé une filière et qu'il a rejoint la France Libre, car il m'avait parlé de cela. J'ajoutai que marié et père d'une petite fille, je ne partirai pas en Allemagne, car engagé volontaire pour la durée de la guerre en 1939, je considérais que je devais rejoindre la France combattante.
Alors, après m'avoir écouté sans m'interrompre, Mme Authié me répondit :
- "Eh bien ! oui, Alfred a rejoint la France Libre et le moment venu, je vous ferai passer la frontière par la Le 11 août 1943, j'ai reçu une lettre d'office de placement allemand, qui m'ordonne de me présenter en gare de Foix, le 17 août à 9 h, porteur de tous mes bagages. Selon les instructions données par Mme Authié, le 16 août à 21 h 30, je frappe à sa maison de Foix, au n° 4 de la rue Saint-Vincent. Un jeune de mon âge m'ouvre la porte. Après m'avoir demandé mon nom, il m'accompagne à l'étage. Là, dans une pièce sont réunis une douzaine de candidats à l'évasion. On me dit que Mme Authié s'est absentée, mais qu'elle ne saurait tarder. Vers les 22 heures elle arrive, accompagnée d'un grand jeune homme blond, qu'elle a récupéré auprès de l'église. Ce garçon âgé de 17 ans a l'air effrayé, mais il se rassure vite en voyant à qui il a affaire. Mme Authié nous raconte qu'elle l'a repéré, rôdant à côté de l'église. De sa voix rassurante, elle lui a demandé s'il recherchait quelque chose. Mis en confiance par la dame, le jeune lui a dit qu'il voulait passer en Espagne pour échapper aux Allemands. Sans connaissance de filières, sans instructions, affamé et fatigué, il envisageait de rentrer en l'église pour demander au curé s'il pouvait lui donner à manger et le renseigner sur les filières pour passer en Espagne,
(...)
Cette nuit du 16 au 17 août 1943, reposait chez Mme Authié un groupe de réfractaires au STO qui allaient s'évader de France pour rejoindre la France combattante.
(...)
La nuit se passe sans incident et le mardi 17 août dès cinq heures du matin, nous quittons la maison hospitalière. Dans les rues de Foix, nous avançons par petits groupes, en rasant les murs, pour rejoindre un petit bois sur la route du Prat d'Albis.
En ce rendez-vous, peu à peu le groupe grossit et attend les guides.
Enfin ils arrivent. Ce sont deux Espagnols, l'un est d'un âge mûr, l'autre est jeune. Des instructions sont données et la grande aventure de ma vie commence... (je suis évadé... Souvenirs de Louis Barthe).
Bien des années après la guerre, j'ai appris que j'étais passé avec la filière Dubeau. Le réseau a été créé sous les ordres d'Irénée Gros, alias Calmette. Les lignes de passage depuis Foix ont été organisées par Lautier, alias Alary (professeur au lycée de Foix) Peyrevidal et Gouazé alias Grimaud. Le nombre de passages effectué est impressionnant. Il y avait en moyenne 4 passages par semaine et une liste des centres d'hébergement est publiée sur l'ouvrage d'Emilienne Eychenne "Montagnards de la liberté". Des noms d'authentiques et courageux résistants s'y trouvent, mais je suis triste et honteux de ne pas voir dans cette liste le nom de Mme Authié. Triste parce que nul n'a rendu à cette grande dame l'hommage mérité. Il est vrai que sa grande modestie ne l'a par fait sortir de l'ombre où elle a bien œuvré au péril de sa vie. Honteux de n'avoir rien fait pour la faire connaître, elle qui, toujours bénévolement, a servi les autres et la France.
Elle n'est plus de ce monde et son fils, Alfred Authié, qui fut lieutenant à la 2e DB l'a récemment rejointe."
auteur : Louis Barthe - Extrait de l’Union des Combattants, 1/1997, n°106
source : https://jcbm-evade-de-france.pagesperso-orange.fr/BARTHE.HTM