Un Français libre tombé pour la libération de l’Orne :
le Lieutenant Guy Lévy
Il fut l’un des soldats de la Deuxième Division Blindée du Général Leclerc qui donna sa vie pour la libération du département de l’Orne.
Ce brillant officier trouva la mort dans des circonstances qui valent la peine d’être relatées avec détail, ce qui n’a a présent jamais été fait.
Ce récit se base sur les témoignages civils et sur des documents militaires. Voici son histoire.
Le samedi 12 août 1944, en fin d’après-midi, la 2eme batterie du 22eme F.T.A ( Forces terrestres anti-aériennes ) qui se trouve en protection du groupement tactique Dio, reçoit l’ordre d’aller défendre le secteur au Nord-Ouest d’Alençon ( secteur de Lonrai-Colombiers ) ainsi que le Pont du Fresne.
Vers 17h, le Lieutenant Guy Armand Lévy ( de confession israélite ),
qui commandait la 1ère section, lance une reconnaissance vers un carrefour au sud de Lonrai.
Il part de Monperthuis, un petit village qui appartient à la commune de Lonrai qu’ils viennent de libérer.
Un peu avant le début de la reconnaissance, les hommes de Lévy discutent avec les civils, dont certains leurs offrent à boire.
Ils décrivent leur officier comme quelqu’un qui veut toujours être » là où ça chauffe « .
Puis, avec trois de ses hommes, le Lieutenant Lévy part en Dodge 350 pour reconnaître le carrefour.
Partant du centre du village, il remonte un petit chemin appelé » Chemin des Soupirs « , et arrivé au bout, débouchant sur la route de Damigni à Colombiers, le véhicule tombe dans une embuscade.
Aussitôt, le groupe de français engage le combat et le lieutenant fait même un prisonnier dans les rangs des assaillants ! Cependant, un tireur le vise et il meurt d’une balle dans le coeur.
A ce moment, le canonnier Michard, qui faisait partie de l’équipe du Lieutenant, ramasse le corps de son officier et tente de faire demi-tour avec le camion.
Puis il lance un appel radio pour que l’on envoie des secours.
Jusqu’à l’arrivée de ces derniers, les trois hommes défendent avec acharnement le corps de leur officier, leur véhicule criblé d’impacts de balles et le prisonnier.
L’un des trois hommes fut blessé lors de l’affrontement.
Aussitôt après la fin des combats, une civile habitant Monperthuis, chez qui les soldats de Lévy s’étaient rafraîchis vient sur les lieux de l’embuscade : dans un linceul blanc qu’elle possédait, elle enveloppe le corps du Lieutenant.
Ce dernier reposa longtemps devant le carrefour pour lequel il est tombé, au pied d’une stèle érigé en son honneur.
Aujourd’hui, la stèle est toujours là, mais le corps a été relevé et repose désormais à la nécropole nationale des Gateys.
Lors des premières cérémonies en hommage au Lieutenant Lévy, ses parents vinrent : on leur proposa alors que leur fils soit relevé pour être enterré près d’eux.
Ses parents refusèrent, car étant mort ici, il était normal qu’il demeure ici.
Il fut titulaire la croix de la Légion d’honneur et de la croix de Guerre.
Voici la citation qui le concerne à l’ordre de l’armée à titre posthume ( décision n° 237 du 18 décembre 1944 – Journal Officiel du 14 janvier 1945 ) :
» Jeune officier de grande valeur, d’une ardeur, d’un entrain et d’une audace remarquables. Tombé dans une embuscade le 12 août 1944 au cours d’une reconnaissance à deux kilomètres nord de DAMIGNI (ORNE) a immédiatement engagé le combat. S’est emparé d’un prisonnier. A été tué d’une balle au coeur en faisant le coup de feu à la tête de ses hommes « .
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