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Malgré l'avis du lieutenant-colonel Noiret, le Général veut aller sur place à
Chérancé avec son char s'il le faut : finalement, le char Tailly n'étant pas encore arrivé, nous partons en jeep, accompagnés de deux chars légers de la section La Fouchardière.
Afin de bien montrer à tout le monde que, pour reconnaître un village, il est inutile d'utiliser systématiquement l'axe de progression, le Général m'ordonne de prendre un chemin de champ qui n'a sûrement été utilisé par personne, car il ne comporte aucune trace de pneus ou de chenilles.
Je lui fais remarquer qu'il se peut que nous passions sur des mines...
Le Général sourit en me disant : Nous le verrons bien !
Nous arrivons à
Chérancé où le Général se fait expliquer, par des éléments de l'avant-garde et par des habitants, ce qui s'est passé la veille et comment les Allemands ont manœuvré.
Les habitants ont l'imprudence de dire que ceux-ci s'étaient repliés, au cours de cette nuit, tant de ce village que du village d'à côté. J'ai alors toutes les peines du monde à empêcher le général Leclerc d'aller voir lui-même si le village (appelé
René) était encore occupé.
Heureusement arrive alors le commandant Dio avec qui il désire s'entretenir.
Pendant ce temps, avec la section de chars légers et suivi du char Tailly, je file vers
René qui est dans la zone d'action du GTL.
Dès que les artilleurs de ce groupement voient arriver des chars sur leur gauche, ils tirent : j'arrête la progression, car je vois à la jumelle les éléments du GTL qui vont entrer dans le village — inutile de les déranger dans leur progression en les inquiétant par notre présence sur leur flanc.
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