La 2ème Division Blindée de Leclerc
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La 2ème Division Blindée de Leclerc

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 Spahi Roger MARION (3/3/1er RMSM)

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jean-yann
Jean PFLIEGER
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MessageSujet: 24 novembre 1944   Spahi Roger MARION (3/3/1er RMSM) - Page 3 EmptyLun 24 Nov 2014 - 17:53


Vendredi 24 novembre 1944

Le matin, le Chef de peloton apprend à Guy CONUS la mort de son frère Yves, tué au cours de la prise de PARUX dimanche dernier, 19 novembre (voir à cette date). Étant passé par la même épreuve il y a deux mois, près de CHÂTEL-SUR-MOSELLE, avec la mort de son frère Jacques, Bernard est le mieux placé pour annoncer cette pénible nouvelle à notre radio et lui demander de ne pas partir en patrouille ce matin.

Plusieurs véhicules du peloton ne sont plus en état. Une petite partie du peloton rejoint le 1er peloton et quelques T.D. des Fusiliers Marins: en route vers MOLSHEIM et OBERNAI.

Nous traversons LINGOLSHEIM, ENTZHEIM, DUPPIGHEIM, DUTTLENHEIM, ALTDORF.
Partout, des soldats allemands lèvent les bras, comprenant que la guerre est terminée pour eux, mais nous n'avons pas le temps de nous en occuper.

Nous arrivons au carrefour de DORRLISHEIM.
Le début de la patrouille se dirige vers MOLSHEIM.
Nous restons, peu avant le carrefour, dans l'axe de MUTZIG.
Tout à coup, je vois l'éclair de ce qui ne peut être qu'une Panzerfaust, partir de devant la maison qui se trouve à droite de l'autre côté du carrefour.
Marche arrière déjà engagée, je recule brutalement. La Panzerfaust éclate sur la route à peine à un mètre devant l'A.M. Prudemment, je me place derrière un T.D.
Voici que des Allemands sortent des fossés de notre droite, bras en l'air… mais deux d'entre eux brandissent une Panzerfaust: pour se rendre ou nous allumer??? Je ne perds pas de temps à connaître la raison et je vide mon chargeur de mitraillette dans cette direction. Un des porteurs de Panzerfaust se retrouve avec une balle dans la main et une autre dans la région du bas-ventre. Les autres se rendent sans difficulté. Tout celà prend place sur la plage arrière.
Roland, qui a remplacé Guy pour aujourd'hui, comme radio, m'engueule: "Pourquoi tires-tu sur des gars qui se rendent?" C'est peut-être vrai, mais il oublie que ces gars se rendaient, munis de leur Panzerfaust et qu'ils étaient capables de nous descendre. "Ils se sont rendus, parce qu'ils nous avaient ratés!"

La patrouille partie en direction de MOLSHEIM ne revient pas.
Au bout d'une heure, nous partons en direction d'OBERNAI.
À BISCHOFFSHEIM, nous quittons l'axe d'OBERNAI pour rattraper la Nationale qui nous conduit en direction de NIEDERNAI.
1500 mètres avant NIEDERNAI, demi-tour. Et nous revenons par INNENHEIM, DUTTLENHEIM et DUPPIGHEIM déjà traversés le matin dans l'autre sens, ENTZHEIM et LINGOLSHEIM.

Nous ramenons un bon nombre de prisonniers et la photo en haut de la page 275 du livre déjà cité "La 2ème DB en France" représente un T.D. passant dans l'eau sous un pont de chemin de fer. Ce doit être au retour de cette patrouille, à l'entrée de STRASBOURG. Mon A.M. était devant ce T.D. J'avais des prisonniers sur l'A.M., dont à l'avant, et je voyais le niveau d'eau sur la route en-dessous du pont. Il était tentant de foncer dans l'eau, mais je ne pensais pas que l'eau allait gicler sous l'avant du blindage, épargnant les occupants feldgrau pour remonter sur le blindage et nous arroser copieusement les genoux et les jambes, au radio et à moi. Les prisonniers n'ont pas osé se payer notre tête!

Nous envoyons les blessés se faire soigner et les autres rejoindre les nombreux prisonniers que la Division a faits ces jours derniers.

Les amis restés à STRASBOURG ont attribué un logement par équipage dans la caserne de la Polizei (ou autre ancienne affectation). C'est la "vie de château"! Celà ne m'empêche pas d'entretenir l'A.M. et de m'occuper cette fin d'après-midi du réglage des bougies. Il y a intérêt, car les véhicules en état de marche sont susceptibles de partir en patrouille les jours suivants.
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MessageSujet: 25 novembre 1944   Spahi Roger MARION (3/3/1er RMSM) - Page 3 EmptyMar 25 Nov 2014 - 15:11


Samedi 25 novembre 1944

L'A.M. en état de marche, je pars encore aujourd'hui en patrouille.
Nous traversons les villages libérés avant-hier: WOLFISHEIM, OBERSCHAEFFOLSHEIM, BREUSCHWICKERSHEIM, puis HANGENBIETEN et nous rejoignons ENTZHEIM.
Dans cette localité, à l'angle de la maison Vogel, nous prenons la direction sud: GEISPOLSHEIM que nous traversons sans aucun incident pour arriver à LIPSHEIM. Explosion assez proche. Nous apprendrons que les Allemands ont fait sauter le pont du chemin de fer. Mais nous n'avons pas à utiliser nos armes.
Des soldats allemands se rendent sans difficultés, certains aux propositions de Raphaël: "Kommen! Chocolat!" Et il leur tend en effet des plaques de chocolat!
Nous arrivons dans la rue principale de LIPSHEIM. Accueil de la population. Le curé de la paroisse s'approche de l'A.M. et me dit: "Je suis heureux de serrer la main au premier soldat français qui arrive dans ma paroisse". Celà rappelle le Président LEBRUN ou ses prédécésseurs qui serrait la main du conducteur de locomotive! Et le bon recteur continue: "D'où êtes-vous?". Malicieusement, je lui réponds: "Du diocèse de NANCY." Ce qui est vrai, puisqu'ayant déjà reçu la tonsure, je fais partie de ce diocèse. Étonnement du curé: "Vous êtes prêtre? — Non, vous voyez bien que je suis trop jeune, mais je suis séminariste." Monsieur l'abbé SCHMITT n'a pas oublié quand le peloton est revenu dans sa paroisse en février 1945, et tout au long des années après la guerre quand je revenais dans la famille WALTER qui a logé notre équipage en fin de campagne.

Peu avant le passage à niveau, une fillette d'une dizaine d'années, Odile MEYER, nous offre un bouquet de fleurs que je place dans le support de la sirène.

Nous continuons sur FEGERSHEIM.
Les Allemands font sauter maintenant le pont de la nationale vers ERSTEIN et COLMAR. Au passage, nous ramassons quelques prisonniers que nous faison monter sur l'A.M. Les prisonniers ne sont pas rassurés. D'après eux, la route est minée.
Ces villages ont la particularité d'avoir des rues non pas toutes droites, mais présentent un ou plusieurs angles droits. Avant de m'engager à gauche dans cette rue de FEGERSHEIM, je stoppe. Il en reste un souvenir: un des riverains, le boulanger François MUTSCHLER, nous prend en photo depuis le premier étage.

Spahi Roger MARION (3/3/1er RMSM) - Page 3 Roger_10
Collection Laurent FOURNIER

Au premier plan, des habitants du coin. Jiji, cigarette au bec, Banban qui était chef de voiture à la place de René, un paquet de prisonniers sur la plage arrière, dans la tourelle Roland LAMBOLEZ, je suis debout sur mon siège et devant l'ouverture du radio, un prisonnier qui venait de prendre un coup de pied dans le derrière pour avoir écrasé les fleurs de la petite Odile. C'est la seule photo où nous avons été pris en pleine progression. À la CROIX DE BERNY, c'était après avoir reçu les obus du 88. À PARIS, rue Dante, j'étais sur la Jeep de Robert MAISONNIER.
Pour le 40ème anniversaire de la libération, j'ai eu la joie de revoir Monsieur MUTSCHLER, toujours propriétaire de la boulangerie-patisserie avec le Restaurant des Deux-Clefs. Il est décédé le 10 novembre 1987.

Il nous faut rentrer à STRASBOURG. Les prisonniers sont aussi verts que leur uniforme, persuadés que tous les ponts sont minés.
Je fonce, laissant à droite la petite fabrique CA-JO-FE.
À l'entrée d'ILLKIRCH-GRAFFENSTADEN, pour ne pas avoir à traverser le pont, je tourne à gauche et j'emprunte des petites routes. Un pont se présente un peu plus loin. Je le franchis le plus vite possible. Un kilomètre plus loin, ou peut-être plus, ne voyant pas la 2ème A.M. nous rejoindre, nous arrêtons. Comme rien ne vient, nous rentrons à STRASBOURG, dans notre "caserne". Nous apprendrons plus tard que le pont a sauté après notre passage. Le reste de la patrouille est rentré par un autre chemin.

Dans la soirée, nous récupérons, dans les parages des Hospices Civils, une Opel 6 cylindres qui nous rendra grands services… même après la guerre! Il y a aussi une Mercedes.

Les appartements que nous occupons sont plus confortables que le cantonnement du bosquet de REHERREY. Et le ravitaillement ne manque pas, solide et liquide.
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MessageSujet: 26 novembre 1944   Spahi Roger MARION (3/3/1er RMSM) - Page 3 EmptyMer 26 Nov 2014 - 18:25


Dimanche 26 novembre 1944

Lever à 6 heures, mais nous ne partons qu'à midi. Objectif: ERSTEIN.

LINGOLSHEIM, ENTZHEIM, GEISPOLSHEIM, BLAESHEIM.
Route obstruée par les arbres que les Allemands ont coupés. Le temps de dégager ces obstacles, il fait nuit quand nous arrivons à HINDISHEIM. Le Génie est en train de refaire le pont à la sortie du village. Enfin, nous pouvons foncer, dans la nuit, avec simplement les "yeux de chat". Aperçevant un véhicule peu après HINDISHEIM, je pense que ce ne peut être qu'un allemand. Je fonce dessus. Manque de pot. C'est MURAT, de l'Echelon, qui était passé avant nous avec sa Jeep. Je lui propose de continuer la patrouille avec nous, mais il tient à réparer son véhicule, ce qu'il parviendra à réaliser. Chapeau!
Sans encombre, nous traversons la Nationale 83 STRASBOURG-COLMAR et nous arrivons à l'entrée de NORDHOUSE vers 22h00. Accueil délirant. Tout se passe à l'entrée le long du cimetière. Un accordéon accompagne les danses sur le trottoir. Et la boisson ne manque pas. Le village est en fête.
Mais il nous faut prendre position pour la nuit.
Un peloton reste à NORDHOUSE. Un autre rejoint des éléments du 501 et du R.B.F.M. au carrefour de la gare d'ERSTEIN-SCHAEFFERSHEIM.
Quant à nous, nous revenons au carrefour de la Nationale et de la route qui vient de nous conduire à NORDHOUSE.
À minuit, le carrefour de la gare est encercleé: l'automitrailleuse de Bobing (DESSAUGE) un T.D. et deux Half-tracks sont en flamme. Un Sherman du 501 revient sur nous, la tourelle trouée par une Panzerfaust. Nos Rochambelles soignent les blessés que nous avons pu en retirer. Les rescapés du carrefour reviennent à notre poste. Nous recevons quelques obus, probablement du 88.
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MessageSujet: 27 novembre 1944   Spahi Roger MARION (3/3/1er RMSM) - Page 3 EmptyJeu 27 Nov 2014 - 16:32


Lundi 27 novembre 1944

À une heure du matin, les éléments qui se trouvaient à NORDHOUSE se replient aussi sur nous. Nous apprendrons plus tard que les Allemands étaient encore nombreux dans ce village et qu'il y en avait même dans le cimetière, alors que nous dansions sur le trottoir voisin!

À deux heures du matin, nous nous replions sur HINDISHEIM. Il gèle. Nous restons sur la route.

Vers huit heures, quand le jour est enfin levé, nous revenons dans HINDISHEIM. Une de nos Rochambelles nous invite à prendre un café pour nous réchauffer. Engourdis, nous nous extirpons de l'A.M. Au moment ou Guy sort de sa place radio, BANBAN, qui remplace René, met le pied sur la pédale de la mitrailleuse. La sécurité n'est pas mise. Comme Guy prend appui sur le canon de la mitrailleuse pour sortir, il a le bras gauche traversé. Je l'aide à sortir, à retirer ses vêtements. Les Rochambelles lui mettent un garrot. La blessure est sérieuse. Guy doit nous quitter pour un hôpital. Serrement de cœur. Nous étions côte à côte depuis un an, avec tout ce que celà représente, surtout depuis la Normandie. Et, de plus, il nous faut remonter le moral de BANBAN, complètement atterré.

Plus tard, patrouille vers LIMERSHEIM. Des arbres en travers de la route. Et sous les arbres, sert Telermines que P'tit Louis se charge de désamorcer à coups de 37. Reconnaissance à pied dans LIMERSHEIM et retour à HINDISHEIM où nous passons le reste de la journée, puis la nuit.

Le soir, des Américains partent en direction d'ERSTEIN avec un matériel bien supérieur au nôtre. Ils reviennent dans la nuit.
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MessageSujet: 28 novembre 1944   Spahi Roger MARION (3/3/1er RMSM) - Page 3 EmptyVen 28 Nov 2014 - 10:15


Mardi 28 novembre 1944

Dès qu'il fait jour, départ, pour la seconde fois, en direction d'ERSTEIN, via NORDHOUSE. Nous arrivons sur la Nationale. Nous = 2 A.M., 2 T.D. et une vingtaine de gars du R.M.T.
De l'équipage d'origine, je me retrouve seul: René n'a pas encore pu nous rejoindre, Guy est remplacé par Roland LAMBOLEZ, P'tit Louis, malade, par Coco ASLAN. Je fonce. Au carrefour que nous avions dû quitter l'autre nuit, un obus éclate devant l'A.M., c'est un 88. Rapide marche arrière sur plus de 200 mètres où je rejoins les autres blindés. Le Lieutenant des Fusiliers Marins envoie les fantassins à travers champs, en direction de NORDHOUSE. Et je repars. Au carrefour, je prends la route de NORDHOUSE le plus vite possible. Le pointeur du 88 doit s'affoler: ses projectiles n'arrivent pas sur l'A.M. Dans NORDHOUSE, je me sens plus en sécurité. Les habitants se sont camouflés, avec raison. Une fenêtre s'ouvre: "Vous revenez? Attention! Les boches doivent revenir à midi pour chercher du ravitaillement."
Nous patrouillons dans le village. Les Allemands se sont repliés de l'autre côté de l'ILL. Les ponts sont coupés. Nous attendons.

À midi, nous sommes invités par les familles. Quelques obus éclatent encore. La maison voisine de celle où nous nous trouvons voit son toit s'écrouler subitement. Pour la première fois, je descends dans une cave, avec les copains. Et je m'endors sur un tas de pommes de terre. Depuis le départ de BROUVILLE, il y a du retard de sommeil.

À 15 heures, réveil brusque: "A.M. de pointe, en route pour ERSTEIN." Au carrefour près du cimetière, un T.D. vient d'allumer une voiture allemande qui arrivait d'ERSTEIN. Sur le siège arrière de la voiture, il y a les restes d'un "passager". Les deux autres occupants ont pu se sauver et regagner ERSTEIN.

Notre mission et de protéger les gars du R.M.T. qui progressent dans la nature sur notre gauchen, et bien sûr, d'entrer dans ERSTEIN.

Nous ne tardons pas à trouver les arbres coupés en travers de la route, certainement depuis le passage de la voiture allemande. Les amortisseurs de l'A.M. sont mis à rude épreuve. Et le 88 continue à tirer dans notre direction. De la tourelle, Coco gémit: "N'avance plus. Ils vont nous tuer". Celui qui prétend n'avoir jamais eu peur est un inconscient, ou un menteur. Pour moi, le souvenir de LA CROIX DE BERNY n'est pas si loin. Chacun de nous ressent ce qu'exprime Coco. Il a raison, mais il ne faut pas le dire tout haut. Roland se lève de son siège radio. Lui, toujours imperturbable, enserre Coco: "Non de Dieu, tu vas te taire, ou je te casse la gueule!" Il serait téméraire de poursuivre: nous faisons appel à plus gros que nous. Deux Sherman passent devant nous, dont le "BACCARAT" si mes souvenirs sont exacts. Leurs trente tonnes écrasent les arbres couchés en travers de la route. Et je peux suivre.

Les premières maisons d'ERSTEIN sont proches maintenant. La nuit ne va plus tarder. Une baraque en bois brûle à l'entrée de la ville. À droite, le 88 que les Allemands ont enfin abandonné. Au milieu de la rue, un barrage fait de billes de bois. Les deux chars passent. Mais c'est encore trop pour l'A.M. J'avise des prisonniers sur notre droite: main d'œuvre peu enthousiaste qu'il faut stimuler "manu militari". Je peux enfin continuer dans cette rue où la progression se fait lentement. Une maison prend feu.

La nuit tombe. En face de nous, le clocher est tout illuminé. Il faut nous arrêter. Deux chars sont devant nous, ainsi que les gars du R.M.T. Je reviens un peu en arrière pour placer l'A.M. dans une petite rue "Blumengasse", en marche arrière, tourelle tournée sur le moteur, en direction de l'autre bout de la rue encore tenue par les Allemands.
Nous trouvons un accueil chaleureux dans la ferme voisine. Papa et maman RINGEISEN ne parlent que le dialecte. Le fils Paul fait partie des jeunes gens que les Allemands allaient embarquer et que notre arrivée a permis de rester au pays. L'aînée, Marthe, sert d'interprète et, comme une certaine Marthe de l'Évangile, nous prépare un excellent repas dans des conditions assez peu pratiques. Repas à la chandelle, car il n'y a plus d'électricité. Entre les heures d'une garde sérieuse, nous venons prendre un peu de repos dans cette ferme.
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MessageSujet: 29 novembre 1944   Spahi Roger MARION (3/3/1er RMSM) - Page 3 EmptySam 29 Nov 2014 - 11:08


Mercredi 29 novembre 1944

Pendant la nuit, les Allemands ont décampé "en douce".
Cependant, nous continuons le nettoyage de la ville.
Après l'église et le monument aux morts, vers 9 ou 10 heures, nous sommes arrêtés au carrefour. Le Général LECLERC vient nous voir. Il est acclamé par les habitants qui nous offrent café… et pousse-café.
Les Allemands ont fait sauter le pont de l'ILL à la sortie de la ville.
Nous revenons à la Rathaus (Hôtel de Ville) qui était le siège de l'Ortskommandantur. Un buste d'Adolf Hitler se retrouve du premier étage, depuis le balcon, sur les pavés de la place. Je m'attribue un bel aigle, en espèce de fonte d'aluminium, 1 mètre de haut, 1,70 mètre d'envergure, enserrant la croix gammée dans ses pattes.
Je fixe cet oiseau à l'arrière de l'A.M. C'est symbolique d'avoir la croix gammée… quelque part. De plus, le haut des ailes retiendra le bidule invraisemblable qui se trouve sur le moteur.
La veille de Noël, il me faudra retirer cet emblème pour une mission dont je parlerai. C'est ainsi qu'il a terminé la guerre en Alsace et que j'ai pu le récupérer pour l'offrir au Fonds Historique Leclerc à SAINT-GERMAIN-EN-LAYE.
Nous patrouillons aussi à la filature où différents éléments du Q.G. s'installeront en décembre.
Retour à la ferme. Quelle n'est pas notre surprise de voir que la "Blumengasse" est redevenue "Ruelle des Fleurs". Les braves alsaciens, comme en beaucoup d'endroits, n'ont pas perdu de temps pour remettre en place les plaques françaises soigneusement camouflées pendant les sombres années d'occupation.
Dans une école, les Allemands avaient entreposé d'abondantes réserves de ravitaillement. L'après-midi, nous allons nous en occuper. Celà nous permet d'être très généreux avec les civils, surtout avec la famille qui nous a si bien reus: sucre (et on est à ERSTEIN!), tabac (encore une des productions de la région, mais dont les Allemands s'occupaient), des boites de thon, beurre par petits tonneaux, etc…
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MessageSujet: 30 novembre 1944   Spahi Roger MARION (3/3/1er RMSM) - Page 3 EmptyDim 30 Nov 2014 - 14:54


Jeudi 30 novembre 1944

Notre A.M. est envoyée à la sortie d'ERSTEIN, au pont sauté.
De l'autre côté, environ à un kilomètre, des Allemands qui n'ont pas envie de se rendre.
Nous restons là, toute la journée, toute la nuit.
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MessageSujet: 1er décembre 1944   Spahi Roger MARION (3/3/1er RMSM) - Page 3 EmptyLun 1 Déc 2014 - 15:40


Vendredi 1er décembre 1944

L'ordre nous arrive de rejoindre la base arrière de l'escadron à STRASBOURG.
Une fausse panne, d'ailleurs prévue, devant la ferme RINGEISEN nous permet des agapes sérieuses avant de quitter ERSTEIN, où nous serions restés bien volontiers.

À STRASBOURG, dans la caserne que nous avions occupée dès notre arrivée le 23 novembre, nous nous installons dans le logement "affectée" à notre équipage.

Jusqu'au lundi 4 décembre, c'est la dolce vita et même le "cirque" dans ces confortables appartements qui permettent à certains de recevoir de gentilles petites amies.
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MessageSujet: 5 décembre 1944   Spahi Roger MARION (3/3/1er RMSM) - Page 3 EmptyVen 5 Déc 2014 - 11:27


Mardi 5 décembre 1944

Il est question d'un défilé, d'une prise d'armes Place Kléber.
Finalement, l'escadron part, sous la pluie, à NORDHOUSE.
Convoi héréroclite: ce qui reste en état de marche est complété par des véhicules récupérés sur les Allemands. L'Opel fait partie du voyage. Mais le 2ème peloton est plus fort que nous: 4 A.M. sur les 5 ont été mises à mal au cours des derniers combats. C'est en autocar, armé de mitrailleuses, qu'une partie du peloton prend la route.
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MessageSujet: Re: Spahi Roger MARION (3/3/1er RMSM)   Spahi Roger MARION (3/3/1er RMSM) - Page 3 EmptySam 6 Déc 2014 - 10:34


NORDHOUSE

NORDHOUSE est sans aucun doute la bourgade dont le peloton a gardé le meilleur souvenir et qui nous voit revenir chaque fois que l'occasion nous en est donnée aux anniversaires de la libération de STRASBOURG qui rassemblent les anciens de la 2ème D.B.
Bien sûr, ÉCOUCHÉ nous reçoit aussi très bien, mais notre cantonnement "extra muros", en août 1944, ne nous avait pas permis de connaîtr la population, à part Maurice LECOMTE qui avait pris place au peloton jusqu'à sa blessure à BRÉMÉNIL.
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MessageSujet: Re: Spahi Roger MARION (3/3/1er RMSM)   Spahi Roger MARION (3/3/1er RMSM) - Page 3 EmptyDim 7 Déc 2014 - 15:42


À NORDHOUSE, chaque équipage loge dans une famille. Et les familles n'oublient pas l'arrivée de plusieurs d'entre nous le soir du dimanche 26 novembre et la libération définitive du mardi suivant.

La "SIMONE", devenue "CHANTILLY" depuis quelques temps, est reçue chez Armand BLANCHÉ et sa famille.
Une bonne partie du peloton se retrouve souvent chez AUGUSTA, "auberge" des plus sympathiques qui nous réunit encore, 40 ans après.
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MessageSujet: Re: Spahi Roger MARION (3/3/1er RMSM)   Spahi Roger MARION (3/3/1er RMSM) - Page 3 EmptyDim 7 Déc 2014 - 16:13

Jean PFLIEGER a écrit:

La "SIMONE", devenue "CHANTILLY" depuis quelques temps, est reçue chez Armand BLANCHÉ et sa famille.

Il semble que les véhicules du 3/3/1er RMSM aient tous été rebaptisés du nom d'un champ de courses pendant la campagne des Vosges.

salut LGD-501 salut
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MessageSujet: Re: Spahi Roger MARION (3/3/1er RMSM)   Spahi Roger MARION (3/3/1er RMSM) - Page 3 EmptyDim 7 Déc 2014 - 16:20

Oui, LGD-501, c'est ce que Roger Marion dit dans les préliminaires de ses mémoires, que vous trouverez en page 1 à la date du 2 août 2014 sous les 4 *.
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MessageSujet: 8 décembre 1944   Spahi Roger MARION (3/3/1er RMSM) - Page 3 EmptyLun 8 Déc 2014 - 10:17


Le vendredi 8 décembre, nous avons la joie de revoir avec nous notre bon René TROËL, qui regrette d'avoir raté STRASBOURG, mais heureux d'avoir revu sa famille à BREST, dont il était sans nouvelles depuis son départ en juin 1940.
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MessageSujet: Re: Spahi Roger MARION (3/3/1er RMSM)   Spahi Roger MARION (3/3/1er RMSM) - Page 3 EmptyLun 8 Déc 2014 - 19:33

Jean PFLIEGER a écrit:
Oui, LGD-501, c'est ce que Roger Marion dit dans les préliminaires de ses mémoires, que vous trouverez en page 1 à la date du 2 août 2014 sous les 4 *.

Ooops !  

salut LGD-501 salut
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MessageSujet: 11 décembre 1944   Spahi Roger MARION (3/3/1er RMSM) - Page 3 EmptyJeu 11 Déc 2014 - 14:00


[Lundi 11 décembre]

Un autre René nous arrive le lundi 11 décembre: René WEBER, évadé de l'armée allemande, camouflé dans son MOLSHEIM natal, s'engage au 1er R.M.S.M. grâce au premier spahi rencontré le jour de la libération, le vaguemestre Roland SALOMON.
Et d'autres engagés arrivent du B.R. pour combler les vides.

Le séjour à NORDHOUSE est agréable.
Les Allemands ne sont pas loin et nous laissent tranquilles, à part un certain jeudi 7, où un MESSERSCHMITT nous balance ses "crottes": le car du 2ème peloton aura besoin de se faire réparer et l'ami DESSAUCE (BOBING) reçoit quelques éclaboussures.
Comme par hasard, ce sera mon cousin René PERRIN, de l'atelier du 501, qui viendra quelques jours plus tard pour conduire le car à un atelier compétent. René m'avait préparé un jerrican de vin d'Alsace… hélas, le précieux liquide était gelé. Je crois me souvenir de lui avoir donné la dernière bouteille de la Mère COSSERAT.

Nous nous échappons quelquefois à STRASBOURG, ce que n'apprécie pas le Capitaine DA quand il nous arrive de nous faire coincer!
Mais c'est à ERSTEIN que nous allons le plus souvent.
En service pour monter la garde au "Bruli", petite fabrique à la sortie est, d'où nous devinons les Allemands en face de nous.
Plus encore pour passer les soirées chez RINGEISEN et surtout chez l'oncle Achille ESSER, le secrétaire de mairie, demeurant dans la maison que nous avions atteinte le premier soir de la libération, avant de prendre position "Blumengasse".
Il m'arrive même d'aller au Q.G. (en A.M.!), dans un des bureaux de l'E.M., saluer le Lt-Colonel CLERC (de la Laiterie St-Hubert de NANCY) grâce à qui Roland et moi avions pu nous engager à la 2ème D.B. après notre incorporation de force au 31ème Génie de PORT-LYAUTEY. Favorable à l'engagement de "déserteurs" en novembre 1943 à CASABLANCA, le Lt-Colonel ne l'était pas du tout pour la récupération de véhicules: je m'en suis rendu compte en voulant rendre service à l'ami Georges PICOT!


Dernière édition par Jean PFLIEGER le Mar 23 Déc 2014 - 19:13, édité 2 fois
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MessageSujet: 23 décembre 1944   Spahi Roger MARION (3/3/1er RMSM) - Page 3 EmptyMar 23 Déc 2014 - 19:14


Samedi 23 décembre 1944

Noël approche. Encore un Noël de guerre, mais qui se présente assez bien. Le peloton sera sans doute de repos, car l'après-midi du samedi 23 décembre, nous rentrons d'ERSTEIN où nous étions de garde au Bruli. Les Alsaciens sont heureux de nous faire partager cette fête familiale. Avec Roland, nous hésitons entre la famille BLANCHÉ et la famille ESSER-RINGEISEN qui, toutes deux, nous ont invités.
Le choix ne dépendra pas de nous. Notre A.M. est désignée pour aller en mission demain. Premier travail: nettoyage de l'A.M. Il me faut retirer l'aigle nazi que je promenais depuis près d'un mois à l'arrière du moteur.
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MessageSujet: 24 décembre 1944   Spahi Roger MARION (3/3/1er RMSM) - Page 3 EmptyMer 24 Déc 2014 - 23:23


Dimanche 24 décembre 1944

Lever à 6 heures. Départ pour une destination inconnue. Nous sommes 5 A.M. Nous passons à OBERNAI, puis MOLSHEIM. Nous roulons très vite. Le courant d'air qui passe de ma "cage" par la tourelle est mordant. Dans le col de SAVERNE, en voulant rétrograder, je m'aperçois que le levier de vitesse est coincé dans la glace! J'arrête et je casse la glace avec un tournevis.
À la gare de SARREBOURG, nous nous mettons en position de départ, et nous apprenons que nous allons escorter jusque STRASBOURG un personnage important. Qui? Un grand "chef"?, de GAULLE?, CHURCHILL?
Un autorail arrive. De notre place, nous ne voyons rien.
En route pour STRASBOURG. Je ne sais plus à quel endroit (peut-être Place Kléber?) nous avons conduit notre grand personnage dont nous ignorons toujours l'identité.
Retour à NORDHOUSE où nous espérons être enfin de repos. Espoir vite déçu. À 15 heures, moteur en route… pour nous retrouver au BRULI, en renfort de garde.
Il se trouve qu'à midi, un avion américain en péril avait lâché ses bombes sur l'établissement où l'escadron prend la garde depuis 15 jours. Pas de casse heureusement. Mais ce n'est pas pour celà que nous sommes venus en renfort. Mystère pour la véritable raison.
Vers 18 heures, on entend les cloches sonner.
"Stille Nacht, heilige Nacht". Tu parles!
Pour fêter la Nuit de Noël, rien d'autre qu'une garde à monter!
Vers 20 heures, une patrouille allemande est signalée, devant nous, à un kilomètre.
Réflexion d'un copain, sans doute partagée par nos vis-à-vis: "On ne va tout de même pas tirer une nuit de Noël!" Il ne se passe rien.
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MessageSujet: 25 décembre 1944   Spahi Roger MARION (3/3/1er RMSM) - Page 3 EmptyJeu 25 Déc 2014 - 10:48


Lundi 25 décembre 1944

Il parait que c'est Noël.
Lever à 6 heures. Il gèle.
Nous partons avec nos A.M. Comme hier, direction inconnue au départ.
SAND, BENFELD, KERTZFELD. Nous arrêtons avant STOTZHEIM dans un grand pré enneigé. Un détachement de différentes unités de la Division prend place. Préparatifs de défilé: un jour de Noël?
Notre attente ne dure pas. Notre illustre inconnu se révèle enfin: le Général de GAULLE nous passe en revue.
Arrivé devant nous, il fait remarquer au Général LECLERC la diversité de nos gants et autres équipements. Réponse du Patron, en souriant malicieusement: "Ils se débrouillent. C'est piqué aux boches.", ce qui est vrai pour la plupart d'entre nous. Personnellement, depuis MARMOUTIER, j'apprécie les bottes allemandes, plus pratiques que les chaussures-guêtres américaines, et des gants fourrés en peau de lapin permettent d'affronter les rigueurs de cet hiver.
Nous voyons, à côté de nous, le Lieutenant de Vaisseau Philippe de GAULLE saluer son père.
Après la revue, le défilé. Un à un, nous passons devant le Général de GAULLE.
Et nous rentrons à NORDHOUSE. Il est 10h30.

En 1969, pour le 25ème anniversaire de la Libération, une plaque a été apposée au mur de l'église d'ERSTEIN pour rappeler que le Général de GAULLE avait assisté à la Messe de Noël 1944, avec le Général LECLERC dont le Q.G. était installé en cette ville.
Peu après la guerre, Mr le Recteur Victor LUX, curé d'ERSTEIN au moment de la libération m'a rapporté qu'avant la communion de cette Messe de Noël, quelqu'un, chargé de la sécurité, avait demandé au Général de GAULLE si tout le monde pouvait venir communier. Réponse: "Je communie. Je ne vois pas pourquoi on empêcherait les autres de communier."

L'après-midi de ce Noël 1944, avec Roland nous assistons à une petite fête alsacienne à ERSTEIN et nous passons la soirée chez la famille ESSER. La Mercédès de STRASBOURG est bien pratique pour de tels déplacements. Il se fait tard quand nous rentrons à NORDHOUSE.
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MessageSujet: 26 décembre 1944   Spahi Roger MARION (3/3/1er RMSM) - Page 3 EmptyVen 26 Déc 2014 - 16:53


[Mardi 26 décembre 1944 - Lundi 1er janvier 1945]

Vacances de neige en face de la Ferme RIEDHOF

Le lendemain de Noël, nous quittons NORDHOUSE, y laissant nos A.M. et Pierre JAMIN, comme chef de détachement de la "base-arrière". En me confiant son Half-track, Pierre me dit: "Tu vas être em… Le démarreur ne fonctionne plus."

Du 3ème peloton, nous sommes une vingtaine: dont le chef de peloton Bernard de LA MOTTE, Roland LAMBOLEZ, René WEBER, Raphaël PAVIA, Robert BOISDRON, Antoine MORANDEIRA, Gilbert DUFOSSÉ… liste à complèter.

Nous traversons ERSTEIN, OSTHOUSE, MATZENHEIM, SAND.
À BENFELD, nous tournons à gauche, puis à droite. Par un chemin tout enneigé (l'actuel D212), nous arrivons à la hauteur de KOGENHEIM pour prendre position en face de la Ferme RIEDHOF, qui, paraît-il, est occupée par un certain nombre d'Allemands plutôt coriaces. Nous installons nos guitounes dans la blanche nature. Roland et moi préférons trouver refuge entre de gros troncs d'arbres entassés au bord du chemin: abri plus sûr.
Nous voici transformés en "biffins". "Nous sommes en l'air!" nous répète le Capitaine DA. Beaucoup de neige. Le thermomètre est à moins 15, et même plus bas.
Mitraillettes et mitrailleuses seraient probablement inutilisables, l'âme des canons étant bien givrée. Ce qui donne l'idée à je ne sais plus qui d'assurer notre protection en plaçant à plusieurs mètres devant notre poste avancé des grenades dégoupillées, soigneusement coincées sur leur cuillère. C'est ainsi que Raphaël ajoute une aventure de plus en allant satisfaire aux besoins de la nature (il y avait eu BADONVILLER et le REHTHAL). Un certain soir, l'opération presque terminée, Raphaël entend un déclic au-dessous de lui. Tout de suite, il réalise ce qui se passe et s'étale à plat ventre. La cuillère d'une de nos grenades se trouvant libérée, le mécanisme suit son cours. Une détonation ne tarde pas à se faire entendre. Raphaël s'en tire très bien…
Chaque matin, Zezette, musette en bandoulière, m'accoste en plaisantant: "Tu viens avec moi? Je vais installer le téléphone à la Ferme de RIEDHOF."
Il n'est même pas possible de faire du feu pour ne pas faire repérer nos positions.
Le soir, nous entendons des grincements de roues du côté du RIEDHOF. C'est peut-être nos vis-à-vis qui reçoivent leur ravitaillement.
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MessageSujet: 30 décembre 1944   Spahi Roger MARION (3/3/1er RMSM) - Page 3 EmptyMar 30 Déc 2014 - 17:03


[Samedi 30 décembre 1944]

Dans la journée, j'essaye de faire tourner le moteur du Half-track en me faisant remorquer par l'obusier. Le samedi 30, rien à faire. Comme par hasard, c'est la fête de St Roger, mon patron: la mécanique n'est pas dans ses cordes. Le moteur ne veut pas démarrer. Si nous devons faire mouvement, Pierre JAMIN risque de ne jamais récupérer son "Fatrak". Le Chef de peloton m'envoie le reconduire à NORDHOUSE, en remorque derrière l'obusier. Inutile de décrire la tête que j'ai en arrivant, après avoir reçu tout ce que les chenilles du lance-patates m'ont envoyé pendant près de 20 km.
Je reviens sur l'obusier, sans autre véhicule, mais je suis bien accueilli, car les familles amies de NORDHOUSE et d'ERSTEIN m'ont remis plusieurs litres "d'antigel à usage interne" qui nous réchauffe mieux que les beans et meat and stew.
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MessageSujet: 1er janvier 1945   Spahi Roger MARION (3/3/1er RMSM) - Page 3 EmptyJeu 1 Jan 2015 - 13:36


[Lundi 1er janvier 1945]

C'est dans cette forêt enneigée, en face de la ferme RIEDHOF que nous commençons l'année 1945. Ce lundi 1er janvier, je suis de garde de 02h00 à 03h00. Il neige. Vers 10h00, le Père MINERY vient dire la Messe. Nous l'avions vu la veille pour la 1ère fois. Je ne l'ai jamais revu pendant le reste de la campagne.
Enfin, dans l'après-midi de ce Nouvel An, nous sommes relevés par des éléments de la 1ère D.F.L. et nous quittons sans regret cette lisière de forêt. Adieu la Ferme RIEDHOF!
Je ne me doutais pas que, dans ces éléments qui nous relevaient, il y avait, pas très loin, un excellent ami, le sous-lieutenant Michel DEMANGE, qui serait tué à KOGENHEIM le 12 janvier. Michel était mon chef-sacristain au Grand Séminaire de NANCY et nous avions rejoint ensemble le MAROC en passant par les PYRÉNÉES et l'ESPAGNE.
Arrivés à NORDHOUSE, nous apprenons le départ de l'escadron pour demain.
Avec Roland, le soir, nous allons faire nos adieux à ERSTEIN à la famille ESSER-RINGEISEN.
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MessageSujet: 2 janvier 1945   Spahi Roger MARION (3/3/1er RMSM) - Page 3 EmptyVen 2 Jan 2015 - 17:35


Mardi 2 janvier 1945

En quittant NORDHOUSE, nous avons l'impression d'abandonner ces braves gens que nous avions libérés les 26 et 28 novembre et qui nous ont accueilli si chaleureusement pendant le mois de décembre.
Après OBERNAI, MOLSHEIM, WASSELONNE, le REHTHAL nous rappelle la nuit du 20 au 21 novembre. À SARREBOURG, nous bifurquons vers le nord: LIXHEIM, RAUWILLER, HIRSCHLAND, EYWILLER, pour arrêter à GUNGWILLER où nous cantonnerons jusqu'au vendredi 19 janvier.

Mission purement défensive. À notre échelon, nous ne sommes pas dans le secret des dieux. Nous avons entendu qu'en décembre, la contre-offensive de von RUNDSTEDT n'avait pas réussi dans les ARDENNES. Les Allemands voudraient-ils attaquer le nord de l'ALSACE?

Les journées se passent à monter la garde, à entretenir le matériel, à faire quelques exercices de tir du côté de BERG ou de BETTWILLER.

À noter un petit incident qui m'est arrivé un jour de garde:
Un Capitaine américain arrive, en Jeep, par la route de SARRE-UNION. Comme il ne veut pas répondre au mot de passe et que je lui trouve une sale gueule, je le conduis dans ce qui sert de bureau à notre Capitaine (DA). Sans le faire exprès, je venais de faire prisonnier un Allemand qui avait piqué la Jeep et l'uniforme d'un Américain.

Nous apprenons ensuite que d'autres éléments de la Division se sont fait pièger ainsi avec des Shermans américains équipés d'Allemands déguisés en Américains.
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MessageSujet: 13 janvier 1945   Spahi Roger MARION (3/3/1er RMSM) - Page 3 EmptyJeu 15 Jan 2015 - 8:49


[Samedi 13 janvier 1945]

L'ordre nous est donné de tirer sur tout ce qui ne paraît pas normal. Nous n'avons pas eu à le faire. Par contre, le samedi 13 janvier, un exercice de tir a failli être tragique et changer le cours de l'histoire de la Division. Exercice de tir en reconnaissance sur la route de BERG, 2 à 3 km au nord de GUNGWILLER. Le Général LECLERC, le Lt-colonel de GUILLEBON, chef du G.T.V. et le Capitaine DA se trouvent sur la route, peu avant l'entrée du village de BERG. Notre chef de peloton Bernard de LA MOTTE est avec eux. Tous quatre attendent notre arrivée en A.M. Je descends la petite route assez rapidement. Au commandement "Stop", je bloque, sans imaginer que le pied gauche du tireur se trouve sur la pédale du canon. Un 37 part dans l'axe de la route, en direction de nos quatre Chefs!

C'est un perforant qui est allé arrêter sa course on ne sait où. Personne n'a rien remarqué. Sans perdre son calme, le tireur tourne rapidement la tourelle à droite et ouvre le tir sur des arbres fruities désignés comme cibles. Ouf! Ce n'est qu'en décembre 1948, au cours d'une rencontre de quelques gars du peloton que Bernard avait organisé à PARIS que nous lui avons appris l'envoi involontaire de ce 37!

De retour à GUNGWILLER, nous nous gardons bien de parler de cet incident…

Dans le courrier de ce 13 janvier, un paquet de mon oncle Léon va me rendre de grands services pour mieux supporter les rigueurs de cet hiver: des mouffles qu'il m'a fabriquées dans des peaux de lapin. Des courroies de masque à gaz de la "drôle de guerre" les attachent entre elles. Pratique pour conduire, facile à retirer sans craindre d'en perdre un élément.
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MessageSujet: 14 janvier 1945   Spahi Roger MARION (3/3/1er RMSM) - Page 3 EmptyJeu 15 Jan 2015 - 8:50


[Dimanche 14 janvier 1945]

Pour le deuxième dimanche passé à GUNGWILLER, un aumônier ou peut-être un curé du coin dit la messe à EYWILLER, village tout proche.
La neige tombe. L'inaction est pénible. Enfin, nous allons reprendre la direction de la plaine d'Alsace.
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