La 2ème Division Blindée de Leclerc
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 Une histoire de marins (Saverne 22/11/1944)

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Jean-Charles
Jean PFLIEGER
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Jean PFLIEGER
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Jean PFLIEGER


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MessageSujet: Une histoire de marins (Saverne 22/11/1944)   saverne - Une histoire de marins (Saverne 22/11/1944) EmptyLun 10 Fév 2014 - 7:50


UNE HISTOIRE DE MARINS
Saverne 22 novembre 1944

Le Général Leclerc a lancé la 2ème Division Blindée sur Strasbourg. Le groupement de Langlade est dans la plaine d'Alsace. Le sous-groupement Minjonnet est dans Saverne.

À l'arrière du sous-groupement, un groupe de combat du Régiment Blindé de Fusiliers Marins (RBFM) est en réserve et suit, sans passion, une affaire dans laquelle il n'a aucun rôle à jouer pour l'instant. Ce groupe, composé d'une jeep radio, d'une jeep mitrailleuse et de deux tanks destroyers, est commandé par l'Aspirant de Cavalerie Jean BASTOLET. L'Aspi, comme disent les marins.

Ils sont une douzaine de cavaliers, sortis de Cherchell depuis quelques mois, tous volontaires, au RBFM. À chaque Officier de Marine, Chef de Peloton, est adjoint un Aspirant de Cavalerie. Cela depuis l'Angleterre et «ça marche»… Très bien, même.

L'Aspi rêve, dans sa jeep, râlant d'être inutilisé. Soudain, il voit passer dans un carrefour, à quelques dizaines de mètres de lui, deux VL aux couleurs de la Wehrmacht. Elles sont «bourrées» d'allemands en casquettes plates, officiers sans aucun doute. Ils semblent vouloir sortir de Saverne par une voie secondaire.

Immobilisés depuis plus d'une heure, certains marins ont fait quelques pas pour se dégourdir les jambes. Dans la jeep mitrailleuse, seul le Quartier-Maître BAILLY est à poste.

L'Aspi n'hésite pas: il faut faire vite. Il saute dans la jeep mitrailleuse avec son propre équipage: les Matelots PINA et CASTAIN. BAILLY est au volant, PINA à la mitrailleuse et CASTAIN serre sa mitraillette.

La jeep démarre sur les chapeaux de roues et se lance à la poursuite des deux voitures. Poursuivis et poursuivants commencent à sortir de la ville, les VL étant à deux ou trois cents mètres devant la jeep.

Tout à coup, la situation devient sérieuse, au moment où la jeep longe un vaste terrain occupé par un élément ennemi de DCA armé de canons antiaériens et de mitrailleuses lourdes. L'arrivée des marins ayant été annoncée par quelques rafales tirées sur les deux VL, l'équipage est reçu avec les honneurs de la guerre. À la mitraille.

Ce satané matériel de DCA a vite fait de se positionner à l'horizontale pour faire de la défense anti-biffins. En l'occurence, il s'agit de tir aux pigeons, mais au ras du sol. Feu pour feu, PINA vire le sien sur tribord et arrose généreusement le terrain.

«Ça passe», mais à la sortie de cette zone piégée un cri retentit à l'arrière. C'est CASTAIN qui agite une main ensanglantée à laquelle il manque le pouce, arraché par une balle qui ne devait pas être de petit calibre. Pas question de s'arrêter, la jeep ne perd pas de terrain mais n'en gagne guère. CASTAIN se débrouille avec son pansement individuel et sa main valide.

La poursuite continue et BAILLY énonce, tout haut, ce que chacun pense en lui-même:
- «C'est pas tout ça mais il va falloir rentrer!»

Justement, l'Aspi a son idée à ce sujet. Pour rentrer dans des conditions au minimum honorables, il faut nécessairement rattraper les zèbres galonnés qui se trouvent dans les deux VL. Ils pourront ensuite, au retour, expliquer à leurs troupes que l'ère des héros est passée et que la guerre vient de se terminer pour eux ce jour, à Saverne.

Enfin, c'est l'occasion ou jamais. Un virage serré, à droite, oblige les allemands à rlentir et les deux véhicules se présentent par le travers. PINA laisse le doigt appuyé à fond sur la détente, visant en fin stratège la voiture de tête. Il réussit. Une roue avant éclate. La voiture s'immobilise sur la route et le second VL fait de même. Le temps d'arrêter la jeep, prudemment, à une dizaine de mètres et, sous la protection de la mitrailleuse, l'Aspi s'avance colt au poing… en priant Saint Georges pour qu'il y ait encore des cartouches dans le caisson de la 30.

Ils sont une dizaine à descendre des VL. Beaux uniformes, belles casquettes, officiers uniquement. Toutefois, ils semblent hésiter sur la conduite à tenir. Dix hommes d'un côté et trois de l'autre à présent car CASTAIN est mal en point, au fond de la jeep.

L'Aspi leur commande de jeter leurs armes et, comme l'exécution tarde, il ordonne à PINA:
- «Rafale au-dessus des têtes!»

PINA n'hésite jamais pour ce genre de choses et il «rafale» à deux mètres du sol tout au plus. La démonstration est efficace. Un grand officier, d'un certain âge, s'approche et, sortant délicatement un revolver de son étui, le présent à l'Aspi en déclarant qu'il se rend.

Il faut à présent assurer le retour. L'Aspi commande à nouveau:
- «Tous devant la jeep, le grand, sur le capot!»

Le mouvement traîne en longueur. Nouvelle grogne et râlantes car «le grand» ne veut pas s'asseoir sur le capot et aller dans la jeep. Cela commence à bien faire et le colt de l'Aspi crache une balle à côté de la tête du grand officier. Celui-ci perd ses couleurs, demande qu'on ne le tue pas car il est père de six enfants et… s'assoie sur le capot. La question lui est posée:
- «Quel est votre grade?»

«Le grand» marque une nette hésitation et répond qu'il est Colonel. Cela suffit pour l'instant. Il faut rentrer au bercail, ne serait-ce que pour s'occuper de CASTAIN qui perd pas mal de sang à travers son pansement.

Le retour s'exécute en bon ordre et le groupe arrive à hauteur du terrain de DCA. Les hommes, et il en sort de partout, sont alignés, pratiquement le long de la route. Il règne une ambiance étrange. Pas un bruit. Faut-il s'attendre à une nouvelle explosion? Rien ne se passe mais, lorsque la jeep arrive à leur hauteur, tous les allemands se figent au garde-à-vous. «Le grand», qui sent dans son dos le canon d'un certain colt, commande de jeter les armes et de se rendre.
- «Et tous devant la jeep, direction Saverne
commande l'Aspi dont la main tient fermement la poignée du colt. Les engins de DCA, mitrailleuse et canons sont abandonnés sur place et une longue colonne, officiers prisonniers en tête, rejoint Saverne.

C'est gagné! Les hommes de Minjonnet sont encore là. Dans un premier temps, ils regardent ébahis tout ce monde qui avance vers eux. Puis, c'est une véritable ovation qui salue l'apparition de la jeep et des marins, surtout en voyant l'homme-capot.

Les quatre, CASTAIN ayant refait surface pour cette minute de gloire, acceptent sans la moindre modestie leur triomphe.

Il y a seulement deux «constipés» sur le trottoir: les coéquipiers de BAILLY laissés pour compte. Pensez donc, on leur a escamoté «leur» jeep et «leur» combat! Tant pis pour vous les gars, il fallait être là au bon moment.

BAILLY emmène tout de suite CASTAIN se faire soigner. Les prisonniers, sauf un, sont récupérés par les Fantassins du Tchad, c'est-à-dire du RMT. L'Aspi, reprenant sa jeep, décide de conduire «le grand» au PC du sous-groupement.

Comme il paraît toujours apprécier aussi peu la position-capot, il le fait asseoir à côté de lui à l'avant.

En voyant les camions PC et visiblement rassuré par la présence de nombreux officiers, l'allemand se détend et, descendant de la jeep, se tient très droit et salue. À noter qu'il n'a jamais perdu sa dignité.

Cependant, l'Aspi a toujours une arrière-pensée concernant cet homme et il lui demande à nouveau:
- «Qui êtes-vous vraiment, quel est votre grade?»
Cette fois la réponse est nette:
- «Je suis le Général BRUHNES et je «commandais» les ecteur de Saverne. Je me repliais avec mon état-major lorsque vous êtes arrivés.»

La fin de l'histoire appartient au Quartier-Maître BAILLY. En apprenant qui était son passager-capot, BAILLY semble suffoqué et même un tantinet inquiet.
- «Dites, Lieutenant, vous l'avez drôlement secoué, le Général!» s'exclame-t'il.
- «Vous ne croyez pas qu'on va avoir des ennuis?»

Cela se passait à Saverne, le 22 novembre 1944.

Je laisse à Pierre RETZIGNAC le soin de nous présenter l'auteur de ce texte qu'il m'a envoyé…




Dernière édition par Jean PFLIEGER le Lun 10 Fév 2014 - 8:17, édité 2 fois
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Jean-Charles
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MessageSujet: Re: Une histoire de marins (Saverne 22/11/1944)   saverne - Une histoire de marins (Saverne 22/11/1944) EmptyLun 10 Fév 2014 - 8:07

Magnifique !!!
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Laurent fournier
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MessageSujet: Une histoire de marins (Saverne 22/11/1944)    saverne - Une histoire de marins (Saverne 22/11/1944) EmptyLun 10 Fév 2014 - 8:38

Bonjour,

nous sommes en présence de marin du 4/RBFM, Je suis sûr qu'il ne s'agit ni du 1er, ni du 3e peloton ; donc, par déduction, nous sommes en présence du 2e peloton du 4/RBFM, mais je confirme ce soir.

Crdlt
Laurent
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MessageSujet: une histoire de marin   saverne - Une histoire de marins (Saverne 22/11/1944) EmptyLun 10 Fév 2014 - 11:26

J'ai connu l'ASPI BASTOLET lorsqu'il a été nommé S/Lt comme ses camarades issus de CHERCHEL et avaient été affectés au RBFM comme adjoint .au chef de peloton de TD il devait être au 4ème escadron du Lieutenant de Vaisseau RICHARD,comme adjoint de l'Enseigne de Vaisseau COULONDRE. A la fin Janvier ils ont tous été ventilés dans les régiments de Chars et c'est ainsi que le S/Lt BASTOLET est arrivé au 1er Escadron du 12ème RCA où il a pris le commandement du 3ème Peloton.
Je n'était pas encore avec lui,bien que je l'ai cotoyé souvent!!!!!!!!mais de loin!!!!!!car il n'était pas facile (service service) ses coups de Gueule étaient lé gendaires mais nous l'aimions bien Nous sommes partis en Extrême-Orient avec le GROUPEMENT MASSU il était mon chef de peloton et chef de char sur le SAVERNE (un M 5) Là nos rapports étaient différents c'était la céllule où tout le monde mettait la main à la pâte et je l'ai connu sous son vrai jour ,je n'irai jusqu'à dire que c'était un copain mais il nos relations et nos rapports étaient différents.
Nous avons été ensemble de nombreuses années ,c'était un homme d'action, un baroudeur, ill prenait soin de ses hommes et payait de sa personne quand il le fallait.Une grave blessure (amputation d'une jambe) la obligé de mettre un terme à sa carrière militaire ,mais il avait tiré sur la corde jusqu'au bout en commandant un escadron de PATTON au FFA puis en ALGERIE au 1er REC avant de rejoindre l'état major du secteur de CONSTANTINE.
A la retraiteIl s'était fixé tout d'abord dans le VAUCLUSE ,puis s'est déplacé en BRETAGNE où il est décédé.
Il reste pour moi un exemple, il m' dressé je n'ai pas peur de le dire et lui en suis reconnaissant.
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daddyfred34
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daddyfred34


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MessageSujet: Re: Une histoire de marins (Saverne 22/11/1944)   saverne - Une histoire de marins (Saverne 22/11/1944) EmptyLun 10 Fév 2014 - 11:27

Même dans un film on aurait pas fait mieux... C'est tout simplement bluffant !!!
Avec ce récit vous m'avez redonné la pèche pour la journée au minimum.

Merci.
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Paulisel
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MessageSujet: Re: Une histoire de marins (Saverne 22/11/1944)   saverne - Une histoire de marins (Saverne 22/11/1944) EmptyLun 10 Fév 2014 - 14:20

Magnifique récit...
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Jean PFLIEGER
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Jean PFLIEGER


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MessageSujet: Re: Une histoire de marins (Saverne 22/11/1944)   saverne - Une histoire de marins (Saverne 22/11/1944) EmptyLun 10 Fév 2014 - 15:00

RETZIGNAC a écrit:
J'ai connu l'ASPI BASTOLET …/…

Merci, Pierre, pour cet hommage posthume!

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Laurent fournier
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MessageSujet: Une histoire de marins (Saverne 22/11/1944)   saverne - Une histoire de marins (Saverne 22/11/1944) EmptyLun 10 Fév 2014 - 15:09

Re-bonjour,

je confirme qu'il s'agit du 2e peloton du 4/RBFM commandé par l'EV Coulondres, ce dernier était sur la jeep "La Bougonne" et l'Aspi. Bastolet sur la jeep "La Mignonne". D'après Alain l'Aspi. Bastolet est muté au 1/12RCA le 5 février 45. Il prend le grade de S/Lt et prend le commandement du 3/1/12RCA à bord du M5A1 Blésois II n° 12.

Crdlt
Laurent
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MessageSujet: Re: Une histoire de marins (Saverne 22/11/1944)   saverne - Une histoire de marins (Saverne 22/11/1944) EmptyLun 23 Nov 2015 - 10:23

RETZIGNAC a écrit:
J'ai connu l'ASPI BASTOLET …/… Nous sommes partis en Extrême-Orient avec le GROUPEMENT  MASSU il était mon chef de peloton et chef de char sur le  SAVERNE (un M 5) …/…

Voici sa photo le 10 septembre 1945 peu avant son embarquement pour l'Extrême Orient:

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